Premier tome des versions originales du grand nouvelliste américain : 17 réussites.
La nouvelle qui donne son titre à ce recueil met en scène deux couples attablés devant une bouteille de gin. S’interrogeant sur l’amour, ses raisons, son inconstance, ils se racontent des histoires, leurs précédentes relations, leurs divorces, leurs attentes, des images d’autres couples qui figurent une possibilité de bonheur. Car tous les personnages de CARVER tentent d’être heureux, de croire en quelque chose qui pourrait s’apparenter au bonheur. Un gâteau qui annonce l’anniversaire d’un enfant, trois jours de pêche entre amis, une partie de bingo, quelques pas de danse esquissés dans une cuisine après une nuit sans sommeil. Des moments de bonheur, mais surtout des répits dans une existence toujours au bord du gouffre, où la violence est prête à jaillir, où le destin, celui qui renverse en voiture les petits garçons ou celui qui fait plonger dans l’alcool, transforme les humains en personnages de petits drames du quotidien.
Alcoolisme, folie, divorces, accidents, adultères, … Si ce n’est pas la part la plus flatteuse de l’être humain que CARVER dépeint dans ces nouvelles d’une puissance incroyable, il n’en reste pas moins que ses personnages tentent souvent de se projeter vers un ailleurs qui leur ferait envisager l’avenir sous un jour plus heureux. En vain.
Ce premier tome des œuvres complètes du nouvelliste américain est, à côté de toutes ses qualités littéraires, une histoire d’édition particulière. Les textes avaient été, au moment de leur première parution en 1981, fortement modifiés par l’éditeur, Gordon Lish. A lire la lettre bouleversante que l’auteur lui adresse (reprise en annexe du recueil), on comprend bien qu’il ne s’agissait pas là de simples corrections mais bien d’un travail de réécriture, dénaturant une œuvre qui semble alors pourtant capitale, voire vitale, aux yeux de l’écrivain. C’est donc ici pour la première fois une édition basée sur le manuscrit original. Il semblerait que les corrections de Lish ont consisté essentiellement à couper dans le texte et, à la lecture des nouvelles, on se demande bien les raisons de cette « castration ». Rien n’est jamais de trop. Chaque nouvelle est un monde à part entière, une histoire dans laquelle, en quelques lignes, le lecteur est plongé. En passant par un détail, une phrase, un lieu, l’auteur parvient à créer des atmosphères extrêmement réalistes où, à travers la fumée des cigarettes, vont se jouer ces petites tragédies. Le style est brillant, extrêmement construit mais d’apparence simple, juste et, pour moi qui ne suis généralement pas un amateur de nouvelles, qui parvient à ne jamais laisser le lecteur sur sa faim. Le talent de CARVER est de réussir à se tenir sur cette étroite frontière qui sépare le drame du mélo-drame, la tragédie du soap. Une connaissance des recoins de l’âme qui lui permet de saisir ses personnages en un trait, une scène, et de rester toujours au bord de l’émotion, en retenue.
Un premier tome qui, en ce qui me concerne, est un premier pas dans l’œuvre d’un auteur que je vais rapidement continuer à découvrir et que je vous recommande avec insistance.
Un grand merci à Sébastien du Globe-Lecteur qui, par son alléchant billet, a fait remonter ce livre sur le dessus de ma PAL.
Alcoolisme, folie, divorces, accidents, adultères, … Si ce n’est pas la part la plus flatteuse de l’être humain que CARVER dépeint dans ces nouvelles d’une puissance incroyable, il n’en reste pas moins que ses personnages tentent souvent de se projeter vers un ailleurs qui leur ferait envisager l’avenir sous un jour plus heureux. En vain.
Ce premier tome des œuvres complètes du nouvelliste américain est, à côté de toutes ses qualités littéraires, une histoire d’édition particulière. Les textes avaient été, au moment de leur première parution en 1981, fortement modifiés par l’éditeur, Gordon Lish. A lire la lettre bouleversante que l’auteur lui adresse (reprise en annexe du recueil), on comprend bien qu’il ne s’agissait pas là de simples corrections mais bien d’un travail de réécriture, dénaturant une œuvre qui semble alors pourtant capitale, voire vitale, aux yeux de l’écrivain. C’est donc ici pour la première fois une édition basée sur le manuscrit original. Il semblerait que les corrections de Lish ont consisté essentiellement à couper dans le texte et, à la lecture des nouvelles, on se demande bien les raisons de cette « castration ». Rien n’est jamais de trop. Chaque nouvelle est un monde à part entière, une histoire dans laquelle, en quelques lignes, le lecteur est plongé. En passant par un détail, une phrase, un lieu, l’auteur parvient à créer des atmosphères extrêmement réalistes où, à travers la fumée des cigarettes, vont se jouer ces petites tragédies. Le style est brillant, extrêmement construit mais d’apparence simple, juste et, pour moi qui ne suis généralement pas un amateur de nouvelles, qui parvient à ne jamais laisser le lecteur sur sa faim. Le talent de CARVER est de réussir à se tenir sur cette étroite frontière qui sépare le drame du mélo-drame, la tragédie du soap. Une connaissance des recoins de l’âme qui lui permet de saisir ses personnages en un trait, une scène, et de rester toujours au bord de l’émotion, en retenue.
Un premier tome qui, en ce qui me concerne, est un premier pas dans l’œuvre d’un auteur que je vais rapidement continuer à découvrir et que je vous recommande avec insistance.
Un grand merci à Sébastien du Globe-Lecteur qui, par son alléchant billet, a fait remonter ce livre sur le dessus de ma PAL.
Référence :
Raymond CARVER, Œuvres complètes 1, Débutants, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jaqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, Editions de L’Olivier, 2010.
Raymond CARVER, Œuvres complètes 1, Débutants, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jaqueline Huet et Jean-Pierre Carasso, Editions de L’Olivier, 2010.