17 décembre 2010

Mort d'un parfait basketteur

Sans un adieu, Harlan COBEN

Le dernier roman de la star américaine du roman policier est en réalité son premier. Au roman des origines, on préfère les plus aboutis...

Inutile, évidemment, de présenter Harlan COBEN. Il est présent, parfois grandeur nature, dans les rayons polar de toutes librairies. En quelques années, il est devenu le maître du genre, le virtuose du suspense et surtout, le roi de la rapidité. Car COBEN, qui doit rendre notre Amélie Nothomb verte de jalousie, publie un roman par an, sans faute, et les maisons d'édition, ne laissant bien entendu jamais passer l'œuf en or d'une poule talentueuse, ont ressorti des inédits (en langue française) nous inondant de polars cobeniens, parfois sans se soucier de la chronologie. Pas de bol pour le lecteur francophone qui lit les aventures du sympathique Myron Bolitar, ancienne star de basket reconverti en agent sportif et en enquêteur par la force des choses, dans l'ordre dans lequel sortent les traductions et qui se perd, du coup, parfois, dans les amours compliqués dudit Myron. Mais l'auteur écrit aussi des romans "one shot", mettant en scène des personnages qu'on ne reverra jamais... ou presque. Car, et tous ses lecteurs en conviendront, d'un livre à l'autre, ses personnages se ressemblent étrangement. Beaucoup de médecins et de (ex)champions sportifs charmants, drôles et ayant le sens de la répartie ; beaucoup de femmes dotées d'une "silhouette sublime" et d'un "visage au charme irrésistiblement exotique" ce qui ne les empêche jamais d'avoir un sacré caractère et une vraie intelligence. Bref, des individus à qui la vie sourit mais sur qui tombe en général une terrible tuile. Quant au style, il manque parfois un peu de finesse.
Et pourtant... ! Et pourtant, Harlan COBEN nous a prouvé, et plusieurs fois, son indéniable talent. Quelques-uns de ses livres sont des chefs d'œuvre du genre. COBEN maîtrise l'art de l'intrigue et du suspense comme personne (ou presque). Son style, certes un peu plat, est cependant dynamique et certains de ses dialogues particulièrement jouissifs. Et si ses personnages sont un peu fabriqués, ils sont tellement sympathiques qu'on a suffisamment envie de croire en eux pour s'y attacher et pour souhaiter qu'ils se sortent la tête haute des ennuis dans lesquels ils se sont fourrés.
Ainsi, des romans comme Ne le dis à personne (très bien adapté au cinéma par Guillaume CANET), Disparu à jamais ou Une chance de trop ont fait passer de nombreuses nuits blanches même aux plus sceptiques (dont je faisais partie... ). La lecture d'Harlan COBEN peut devenir une terrible addiction, d'autant plus dangereuse que la prolixité de l'auteur lui fait publier des romans parfois bien en dessous de ses capacités.
Mais revenons à cette dernière parution. Au début de Sans un adieu (les traductions des titres sont malheureusement pour le moins répétitives : Sans un adieu, Sans un mot, Sans laisser d'adresse,...) l'auteur nous met en garde : "OK, si vous n'avez rien lu de moi, arrêtez tout de suite. Rendez ce livre. Prenez-en un autre. Ce n'est pas grave. J'attendrai. Si vous êtes toujours là, sachez que je n'ai pas lu Sans un adieu depuis une bonne vingtaine d'années. Je n'ai pas voulu le réécrire. C'est un procédé qui me répugne." Tout est dit : il s'agit du premier roman de l'auteur encore "jeune ingénu travaillant dans le tourisme" et depuis devenu la star que l'on sait. De là à se dire que les éditeurs ont dit à leur poulain : "Harlan, donne nous n'importe quoi, on prend" et que COBEN est allé ressortir ce vieux manuscrit daté, il n'y a qu'un pas.
Laura, ex top model, et David, superstar de l'équipe des Celtics, passent leur lune de miel en Australie. Mais David part nager et... ne revient pas. On conclut à une mort par noyade. Lorsque Laura revient aux Etats-Unis, incapable d'admettre le drame, elle enquête sur la disparition de son homme et fait ressurgir de vieux secrets de famille.
On retrouve dans ce "roman des origines" bien des caractéristiques  cobenniennes : des personnages riches et beaux, une intrigue emberlificotée, plein de rebondissements. Les aficionados s'amuseront même à reconnaître certains personnages qui reviendront dans ses oeuvres postérieures. Hélas, le style est ici vraiment très pauvre, les personnages vraiment très artificiels et surtout, comble de l'horeur, l'intrigue à la fois prévisible et invraisemblable. Il m'est arrivé quelque chose qui ne m'était jamais arrivé auparavant (et je pense avoir lu toute son oeuvre) : j'ai presque tout compris dès le début.
Harlan COBEN a donc raison : si vous n'avez jamais rien lu de lui, prenez autre chose... Pour les autres, ma foi, faites-vous plaisir (mais tâchez qu'on vous prête le roman...).

Merci quand même aux éditions Belfond pour nous avoir fait parvenir ce roman.

5 commentaires:

  1. Oui, ce n'est pas son meilleur....

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  2. J'en ai lu deux : "Ne le dis à personne" et une enquête de Bolitar, dont le titre m'échappe...
    Ce que je trouve dommage avec Coben, c'est qu'il reprend souvent ce scénario du personnage que tous croient mort et qui réapparait...
    C'est comme Higgins Clarke: il n'y a pas pléthore de variantes dans leurs romans.
    Une de mes collègues disait que, de toute façon, nous, nous n'en sommes plus à nous préoccuper de l'intrigue dans un roman, c'est bon pour les amateurs. Personnellement, je suis très amateur (trice?) de bonnes histoires!
    A part cela, l'ordre bouleversé est aussi un grand classique des chaînes télé (c'est drôle pas d'accent sur "apparait" ne me gêne pas mais "chaîne" c'est autre chose; ne dis pas à Dan que je trahis l'ortho rectifiée): le héros est mourant dans un épisode et la semaine suivante il est bon pied bon œil! ça m'énerve!

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  3. @ Françoise: c'est Amandine qui a rédigé cet article. Pour ma part, je n'ai lu qu'un seul Coben dont j'ai tout oublié. Je préfère les polars scandinaves. Je transmets quand même à Dan tes états d'âmes orthographiques ;-)

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  4. @Clara : loin s'en faut, malheureusement
    @Françoise : moi aussi (Amandine) je suis très amateur(trice) de bonnes histoires. Et j'ai du mal à comprendre ce genre d'argument. Le même qu'utilisent les critiques cinéma qui parlent de la fin du film !

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  5. depuis "tell no one", harlan coben réécrit sans cesse le même roman, le titre et les noms des personnages changent
    et dire qu'il est dans ma PAL celui-ci aussi

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