29 septembre 2012

Où l’on se livre #1

Tagués par In Cold Blog, les réponses de Xavier au questionnaire de lecture.

Le livre que j’ai particulièrement aimé
La question impossible. Il y en a beaucoup mais, avec le temps, ils sont de plus en plus rares : beaucoup de bons livres mais peu de titres qui me laissent cette impression particulière de continuer à porter le livre, à vivre avec, après la dernière page. Ou de modifier ma vision du monde ou de l’art.
Cette année, le livre que j’ai particulièrement aimé est, jusqu’à présent, le très beau récit de Patti Smith, Just kids. Une écriture poétique et simple à la fois, une vision de l’amour et de l’art qui m’a ému et, surtout, une manière d’envisager la vie avec une insoutenable légèreté qui, bien souvent, me fait défaut.
Je profite de l’occasion pour citer également un livre qui a beaucoup compté, toujours en mémoire, et dont l’auteur est décédé la semaine dernière : Œdipe sur la route d’Henri Bauchau.

Le livre qui ne m’a pas plu
Dernièrement : Karen et moi de Nathalie Skowronek. Je fulminais en lisant tant j’avais l’impression d’une supercherie. Je n’avais plus ressenti cela depuis Le rapport de Bordeck de Philippe Claudel. Et, comme à chaque fois que je n’aime pas du tout quelque chose, l’incompréhension face aux critiques élogieuses. Mais bon, lire c’est aussi la découverte de la relativité des points de vue…

Le livre qui est dans ma PAL
Il n’y a en a pas qu’un seul, c’est le moins qu’on puisse dire. Sans être un acheteur compulsif, souvent une envie en chasse une autre; et la pile de gonfler. Du coup, sur le haut de la PAL, la dernière envie. En ce moment: Congo. Une histoire de David Van Reybrouck.

Le livre qui est dans ma wish-list
Le dernier Paul Auster sorti en septembre aux États-Unis. (Et comme mon cher et tendre est parti en voyage de l’autre côté de l’Atlantique, I hope my wish-list will come true !)

Le livre auquel je tiens
Dernièrement, j’ai commencé à me débarrasser de pas mal de bouquins. Sans rire, je pense que c’est une étape particulière de ma petite vie. J’avais vraiment tendance à l’accumulation, je tenais physiquement à tous mes livres. Les choses sont en train de changer et c’est tant mieux. Il y a bien sûr les cadeaux qui sont liés à une personne et qui font de l’objet autre chose qu’un simple livre. Mais celui qui a le plus de valeur à mes yeux est un petit cahier ayant appartenu à mon grand-père. Il était pâtissier et, dans ce cahier, il a écrit à la main, avec une application d’une autre époque, toutes ses recettes. La première partie du cahier date de 1939, avant qu’il ne parte à la guerre. Il apprenait alors le métier qu’il allait exercer jusqu’à ma naissance. Lorsqu’il a arrêté de travailler, il s’est beaucoup occupé de moi et, parmi les plus doux souvenirs de mon enfance, il y a les après-midis passés dans sa cuisine à préparer des tartes, des génoises, des crèmes au beurre, …

Le livre que je voudrais vendre ou troquer
Je déménage dans quelques semaines et, comme je le disais dans la question précédente, j’ai fait le tri. Quatre grosses caisses attendent d’être emportées par un bouquiniste.

Le livre que je n’ai pas réussi à terminer
Il est très rare que je ne termine pas un livre. C’est mon côté scolaire. Au pire, je passe des pages. Et puis parfois je m’obstine. J’avais essayé à plusieurs reprises de lire un roman de Virginia Woolf, en vain. Et cet été, finalement, j’ai lu avec un immense plaisir Mrs Dalloway.

Le livre dont je n’ai pas encore parlé sur mon blog
Il y en a beaucoup. D’abord ceux chroniqués par Amandine, car nous lisons souvent les mêmes livres. Puis ceux dont je n’ai pas grand chose à dire. Et finalement, les livres qui sont en attente. En ce mois de septembre, le temps vient à manquer. Mais j’aimerais parler prochainement de La Théorie de l’information d’Aurélien Bellanger.

Le livre que je vais lire en lecture commune
Pour moi, la lecture n’est pas une question de règle à suivre. J’ai assez de contraintes au quotidien pour ne pas, en plus, en ajouter dans mes lectures. D’autant que, pour le boulot, j’ai pas mal de lectures imposées. Donc, je ne participe jamais aux challenges. Seule exception : tout récemment, j’ai parlé d’un auteur québécois que je venais de découvrir dans le cadre du septembre québécois organisé par Karine.

27 septembre 2012

Déambulation avec fantômes

Valérie MRÉJEN, Forêt noire

La romancière et vidéaste mélange l’intime et le banal au fil d’un roman qui, à travers le deuil vécu par sa narratrice, rappelle à tous qu’il n’y a qu’une fin possible à nos histoires. De l’apparente froideur du texte se dégage peu à peu le sentiment d’une étrange familiarité.

Dans Six Feet Under, chaque épisode débutait par la mort d’un personnage, futur client de l’entreprise familiale de pompes funèbres dont la série nous racontait le quotidien.
 Accidents, maladies, morts subites... : toutes les possibilités du grand saut y étaient envisagées, entre surprise, humour noir et tristesse. C’est en partie ce procédé qu’a voulu reproduire Valérie Mréjen avec ce roman qui accumule les descriptions des derniers instants d’anonymes : le terme d’une longue maladie, un accident de la route, un suicide, une catastrophe naturelle...

Il est jeune, italien, intéressé par la photographie et a rencontré pendant des vacances un Français partageant la même passion : ils se sont liés d’amitié et correspondent depuis régulièrement, ont des conversations au téléphone, s’interrogent sur leurs choix et leur désir commun de s’engager dans la voie artistique. Ils essayent de se voir au moins une fois par an quand l’un ou l’autre trouve le temps de voyager, mais c’est surtout l’ami français qui part volontiers passer quelques jours à Rome, de préférence l’été. Un jour il apprend que son camarade a été foudroyé par une attaque en sortant de chez lui et s’est effondré sur le pas de la porte alors qu’il allait acheter du pain ou quelque autre aliment.

L’écriture neutre, presque clinique, laisse pourtant la place à l’empathie. Le style est précis, soucieux du détail. L’aspect documentaire et l’importance du point de vue sont d’ailleurs revendiqués, à travers la citation d’une scène de Faits divers de Raymond Depardon. Dans son travail de vidéaste (que l’on peut découvrir sur le site de l’artiste), Mréjen avait déjà exploré ce principe qui consiste à raconter de manière froide des épisodes difficiles (une humiliation, une déception...).
Au-delà de la disparition d’un être humain, l’auteure s’intéresse aux récits, aux paroles qui véhiculent ces histoires dont on connaît la fin et qui remplissent le quotidien des vivants. De l’accumulation de ces vignettes naît un sentiment de familiarité, moins ironique que dans ses précédents romans (l’Agrume, Eau sauvage), qui finit par unir toutes ces histoires. Le caractère inéluctable des choses, la tragique banalité de la mort apparaît au fil du roman comme un momento mori au quotidien. Comment ignorer la mort alors qu’elle est partout autour de nous ? La vie prend des allures de forêt noire, peuplée de fantômes. Mais le titre renvoie également au dessert bien connu, un gâteau riche composé de plusieurs couches, une douceur au nom ambigu.
De tous les fantômes qui peuplent le livre, une figure se détache : la mère de deux enfants qui, un soir de réveillon, a « pris des cachets ». La narratrice, sa fille, la retrouve vingt-cinq ans plus tard pour une promenade dans le présent, faisant de l’absente qui hante ses souvenirs une présence à qui il faut expliquer en quoi le monde et la ville ont changé.

Les tickets de métro et de bus sont passés du jaune au vert-bleu, puis au violet, puis au blanc avec monogramme, la monnaie a changé, les tables de certains cafés servent accessoirement de supports publicitaires [...]. Il y a un opéra Bastille, une pyramide du Louvre, un quartier neuf près de la Seine, une grande bibliothèque, des vélos à louer sur des bornes automatisées.

Dans cette tentative de renouer passé et présent, la narratrice semble peu à peu se réconcilier avec la disparue, sans en passer par un grand déballage psychologique. En mettant en parallèle le deuil d’un proche et celui de tous les anonymes, la mort de la mère semble se noyer dans le flot des autres disparus du roman. Au lieu d’explorer la dimension singulière et intime de l’événement, l’auteure la confronte à la trivialité du quotidien et semble en épuiser la signification. La déambulation avec le fantôme de la mère n’est qu’un rêve impossible, une flânerie imaginaire dans une ville en mouvement.

Je lui tiendrais le bras telle une fiancée timide pour avancer parmi la multitude, je guetterais dans les yeux des passants la surprise de nous voir comme si le monde entier devait la connaître, je me demanderais secrètement s’ils pensent que nous sommes sœurs.

C’est là tout le talent de Valérie Mréjen : passer par les descriptions détaillées d’un moment, d’un instant de la vie banale, avec obstination, pour en dégager un sentiment d’étrange familiarité.

Article paru dans le numéro 394 de la revue Indications.

Référence :
Valérie MRÉJEN, Forêt noire, P.O.L, 2012

22 septembre 2012

Bon appétit!

My Life in France et Mastering the Art of French Cooking, Julia CHILD

L’aventure culinaire et éditoriale d’une star des fourneaux américaine et de sa passion pour « la belle France ».

Comme beaucoup, je ne connaissais pas Julia Child avant de voir le film Julie & Julia. Loin d’être un chef d’œuvre (le film est bourré de clichés servis à la grosse louche), il avait toutefois le mérite de faire découvrir une star américaine des cuisines et du petit écran.
Pour la petite histoire, j’ai vu ce film en avion. L’un des rares avantages, selon moi, à ne pas se sentir très à l’aise en avion (je n’irai pas jusqu’à dire que j’ai peur mais j’avoue que je dois quand même souvent mettre de côté l’angoisse qui monte durant les longs vols) c’est que tout ce qui peut me distraire est le bienvenu et se revêt de qualités qu’il n’aurait jamais sur la terre ferme. Du coup, n’importe quel film, pourvu qu’il m’empêche de penser, pendant deux heures, au fait que je suis coincé dans une carcasse de métal à des milliers (euh…) de mètres au-dessus d’un océan, est digne d’intérêt. Bref, une fois sorti de l’avion, j’avais très envie d’en savoir davantage sur Julia Child. Le message est si bien passé que ma belle-sœur m’a rapidement offert Mastering the Art of French Cooking, LE livre de cuisine de Child, best-seller sans précédent dans l’histoire de l’édition culinaire outre-Atlantique (et qui a depuis trouvé une place de choix dans ma bibliothèque de livres de recettes). J’ai un peu cherché du côté du net pour voir Julia en action dans ses émissions de cuisine (comme ici). Et, plus récemment, un très gentil collègue m’a passé My Life in France, un livre de souvenirs où Julia Child raconte son parcours et, surtout, sa découverte de la cuisine française.
Quittant la Californie pour la France en 1948, elle y accompagne Paul, son mari, qui rejoint Paris pour s’occuper d’un bureau d’information créé par les États-Unis au lendemain de la guerre pour, en gros, vanter les mérites du plan Marshall. Julia n’a alors aucune culture culinaire mais son premier repas en France, une sole meunière, va lui ouvrir les yeux et les papilles. Dès leur arrivée à Paris, elle commence à s’intéresser au contenu de son assiette, interroge les vendeurs sur le marché et essuie ses premiers échecs aux fourneaux. Bien décidée à venir à bout de la cuisine française, elle s’inscrit à un cours pour apprentis cuisiniers. Au fil des années et des rencontres, elle va tenter de partager sa passion avec le public américain, à travers des cours, des livres et puis, finalement, à la télévision.
Ce livre de souvenirs nous raconte ce parcours auquel il faut associer Paul, son mari. Il la soutient et se met souvent en retrait pour lui permettre de mener à bien tous ses projets. Un couple assez moderne pour l’époque (qui s’amusait notamment à envoyer des cartes de vœux originales ; voir ci-contre), un peu bohème, en rupture par rapport à son milieu (le père de Julia est un farouche républicain qui ne comprend pas le mode de vie de sa fille). Paul sera d’ailleurs inquiété pour ses opinions politiques au moment du maccarthysme.
À côté de l’histoire d’amour entre une femme, un pays et sa cuisine My Life in France est aussi l’histoire d’une aventure éditoriale hors du commun. Mastering the Art of French Cooking est un projet qui aura mis plus de dix ans à voir le jour. Avec ses co-auteures, Child entendait rendre la cuisine française accessible à la ménagère américaine qui, à l’époque, n’en avait que faire du fameux « beurre blanc ». Que ce soit dans la mise en page, dans les explications ou dans la manière de proposer des déclinaisons autour d’une même base, le livre est une petite révolution dans le milieu de l’édition culinaire et imposera une forme et des conventions qui feront date. Du point de vue didactique, l’écriture de Child est un sommet du genre. Tout est limpide, précis et accessible. Et pour le lecteur d’aujourd’hui, même de ce côté de l’Atlantique, c’est un livre que tout amateur se devrait d’avoir dans sa bibliothèque. C’est d’abord la photographie de la cuisine traditionnelle française avant l’arrivée de la nouvelle cuisine mais c’est aussi une mine d’informations et de recettes, entre vraie/fausse simplicité (l’omelette), morceaux de bravoure (le pâté de canard en croute) et plats traditionnels (sa recette du bœuf bourguignon est un must que chacun se devrait d’essayer au moins une fois).
Le caractère enjoué et passionné de Julia Child se retrouve à chaque page de ces deux livres qui n’ont malheureusement jamais été traduits en français.

Références :
My Life in France, Julia CHILD, Alex PRUD’HOMME, Alfred A. Knopf., 2006.
Mastering the Art of French Cooking, Julia CHILD (avec Louisette BERTHOLLE et Simone BECK), Alfred A. Knopf., 1961.

16 septembre 2012

Rêver les yeux ouverts

La nuit sans fin et Choses vues, Thierry HORGUELIN

Des nouvelles à la frontière du fantastique et un recueil de courtes proses qui font l’inventaire de l’étrangeté du quotidien. Un auteur québécois installé en Belgique : à découvrir.

Dans ses rêves, Carter passe inlassablement d’un univers littéraire à l’autre, d’un roman noir à de la SF, d’un drame historique à un roman d’espionnage ; à chaque étape, il est assommé brutalement et se réveille dans un autre monde de papier.
Ailleurs, à travers le dédale des souterrains qui courent entre les théâtres parisiens, un souffleur tente en vain de trouver la sortie.
Plus loin, un spectateur insomniaque traque un étrange figurant en anorak jaune qui apparaît dans tous les épisodes d’une série policière.
Dans les nouvelles de recueil La nuit sans fin (réédité ici en format de poche), on trouve à chaque coup un concept, une idée, qui, l’air de rien, fait basculer peu à peu le récit de l’ordinaire à l’insoupçonné, du réel à l’imaginaire. Quelques mots suffisent pour camper un personnage ou créer une atmosphère dans laquelle, soudain, nous ne sommes plus certains de savoir départager le vrai du faux. On pourrait bien sûr parler de littérature fantastique, mais ici l’enjeu n’est pas l’étonnement de l’irruption d’un élément étrange dans le quotidien. C’est davantage une promenade sur le fil qui sépare le réel de la fiction. La première nouvelle donne d’ailleurs le ton : une femme rate son train et cette péripétie anodine entraine un chamboulement dans l’ordre des choses. Un jeu de domino se met en place : la femme n’est pas dans le train qu’elle prend habituellement et ne croise dès lors pas l’homme qu’elle aurait du y rencontrer. L’homme fait donc la connaissance d’une autre femme qui, émue de cette rencontre, provoque par distraction un accident. L’accident cause un embouteillage qui retarde un autre personnage, etc. La nouvelle ouvre ainsi la fiction à tous les possibles et s’amuse avec l’idée du contretemps et de ses conséquences. Borges n’est pas loin…
Dans Choses vues, il est davantage question du réel mais envisagé dans ce qu’il peut comporter d’étrange. L’auteur a compilé des situations et des rencontres inscrites dans le quotidien mais qui sont autant d’incursions dans l’inattendu. Une femme qui tente de détruire la voiture de son mari. Une passante qui prend le narrateur pour Jerry Lewis. Une parcelle de conversation captée au vol. Tous ces petits textes étonnent, amusent et interrogent finalement le lecteur sur cette frontière spongieuse qui sépare le vrai du faux et qui fait parfois des instants de tous les jours de petites incursions dans ce qui pourrait s’apparenter à de la fiction.
J’ai eu le grand plaisir d’animer une petite rencontre littéraire consacrée à l’auteur à la librairie Joli Mai (Bruxelles) fin août. Et je profite du septembre québécois organisé par Karine pour vous faire partager l’œuvre singulière d’un écrivain qui a un pied ici et un autre là-bas (et qui tient également un blog à suivre ici).

Références :
La nuit sans fin, Thierry HORGUELIN, L’Oie de Cravan, coll. « Petites pattes à ponts », 2012.
Choses vues, Thierry HORGUELIN, L’Oie de Cravan, 2012.

2 septembre 2012

Sur écoute

La malédiction d’Edgar, Marc DUGAIN

La vie et la carrière du mystérieux patron du FBI. Pas convaincant.

De 1924 à 1972, John Edgar Hoover a dirigé le FBI, indétrônable, alors que les présidents se succédaient dans le bureau ovale. Cette longévité à la tête de l’État, Hoover la doit bien sûr à son intelligence et son professionnalisme mais surtout à son incroyable sens de la politique et de la manipulation. Les écoutes organisées par le FBI, qu’elles soient avalisées ou non par le ministre de la justice en charge, lui ont donné de quoi faire pression sur tous les présidents, démocrates ou républicains. Et, en bon stratège, il ne s’en prive pas.
Pour raconter ce parcours, Dugain imagine les mémoires de Clyde Tolson, directeur adjoint du FBI et compagnon de tous les instants. Les deux hommes partageaient tout : le travail, les repas, les vacances, … Ce qui a bien évidemment laissé la place à une série de rumeurs sur l’ambiguïté de cette relation : Tolson et Hoover étaient-ils amants (la question était également soulevée dans le récent film de Clint Eastwood que je n’ai pas vu) ? Ici, Dugain laisse plus ou moins planer l’ambiguïté. Il montre les deux hommes dans leur quotidien de « couple » mais insiste lourdement sur le déni d’homosexualité chez Hoover (dans une scène de séance de psychanalyse assez amusante). Au final, la seule chose qui habite véritablement le personnage est la raison d’État et sa toute grande peur du communisme qu’il a toujours considéré comme la plus importante des menaces sur la sécurité du pays.
Pour le reste, on passe en revue la cohabitation avec les différents présidents, l’obsession de JEH pour les indiscrétions et, bien sûr, les assassinats des deux frères Kennedy. Et vu l’importance que prend cet épisode dans le livre, on se dit que l’auteur s’est laissé fasciné par ce sujet et qu’il en a oublié son personnage principal. On a souvent l’impression que Hoover passe au second plan tant Dugain semble écrasé par le mythe de JFK qu’il essaie pourtant de mettre à plat, en vain. Et même là, rien de très original sinon la xième histoire du « complot » concocté de pair par la CIA et la Mafia, le tout avec l’assentiment silencieux du FBI qui a fermé les yeux. Et voilà. Sur le même sujet, je ne peux pas m’empêcher de comparer avec James Ellroy qui lui offrait une vraie alternative littéraire au livre d’histoire (nous en avions parlé ici et ici).
On n’apprend donc pas grand chose et on s’ennuie même un peu (le long discours d’un universitaire sur la philosophie de Camus ressemble à s’y méprendre à une fiche de prépa au bac). Le sujet du livre qui semblait être le pourquoi de l’obsession de Hoover pour le pouvoir et une certaine vision de l’Amérique échappe à l’auteur.

D'autres avis chez In Cold Blog, Kathel et Emeraude.

Référence :

La malédiction d’Edgar, Marc DUGAIN, Gallimard, Folio, 2006.