Le miroir fêlé, Svetislav BASARA
Absurde, moderne et déconstruit : un roman serbe qui voyage.
« Qu’est-ce que c’est que ce début ? » se demanda le typo à l’imprimerie en lisant : « Qu’est-ce que c’est que ce début ? »
Une première phrase d’anthologie et qui donne le ton de ce court roman déconstruit et décapant. Mais avant toute chose, une révélation : l’homme ne descend pas du singe mais bien du néant. Il faut donc cesser d’exister, devenir rien. C’est pour cela qu’Anan annonce qu’il vit désormais en 1949, là où il n’était (encore) rien. Ceci n’est pas du goût de son père qui, craignant les vagues, décide rapidement de faire interner son fils. Cependant Anan parvient à quitter l’asile, arrivé à la fin du chapitre 10 du roman qu’il est occupé à écrire. Car les infirmiers « n’ont rien pu faire contre la logique littéraire »…
Les deux guerres mondiales du siècle précédent ont chacune engendré, sous diverses formes, une prise de conscience de l’absurdité de nos conditions et de nos modes de pensée. Plus près de nous, il y a eu aussi les guerres de Yougoslavie et pour BASARA, auteur serbe né en 1953, l’absurde semble être également la réponse à bien des questions. L’auteur s’emploie en une centaine de pages à dégommer avec jubilation et cynisme toute forme de raison. De même pour la psychanalyse, la religion, le socialisme, le langage et la famille : tout passe à la moulinette. Ces réflexions surgissent dans le savant désordre du roman qu’Anan est en train d’écrire et que nous découvrons à mesure que celui-ci le conçoit. On perd évidemment très vite le fil du réel pour passer dans une autre dimension, littéraire, de l’autre côté de ce miroir fêlé que nous tend l’auteur. Comme dans un conte philosophique, nous découvrons une vision de l’existence à la fois spirituelle (dans tous les sens du terme) et désespérée. C’est aussi du pur roman moderne, avec mises en abyme, jeux sur la narration, sur les attentes du lecteur et sur les conventions romanesques.
Si toute l’histoire (impossible à résumer) s’inscrit dans un univers en perpétuelle mutation, ce qui ressort de l’ensemble est la relation d’Anan à son père, jaloux des ambitions littéraires de son fils. Impossible de ne pas penser à KAFKA et à La métamorphose (notamment lorsque le père, dans une parodie de tragicomédie, finit par se cacher sous un lit).
Un livre aimé et envoyé par Sébastien du Globe-Lecteur (il en parle ici) et qui va s’en aller faire un tour chez LuKe’s.
Merci à Sébastien pour ce bon décapage cérébral de début d’automne.
Absurde, moderne et déconstruit : un roman serbe qui voyage.
« Qu’est-ce que c’est que ce début ? » se demanda le typo à l’imprimerie en lisant : « Qu’est-ce que c’est que ce début ? »
Une première phrase d’anthologie et qui donne le ton de ce court roman déconstruit et décapant. Mais avant toute chose, une révélation : l’homme ne descend pas du singe mais bien du néant. Il faut donc cesser d’exister, devenir rien. C’est pour cela qu’Anan annonce qu’il vit désormais en 1949, là où il n’était (encore) rien. Ceci n’est pas du goût de son père qui, craignant les vagues, décide rapidement de faire interner son fils. Cependant Anan parvient à quitter l’asile, arrivé à la fin du chapitre 10 du roman qu’il est occupé à écrire. Car les infirmiers « n’ont rien pu faire contre la logique littéraire »…
Les deux guerres mondiales du siècle précédent ont chacune engendré, sous diverses formes, une prise de conscience de l’absurdité de nos conditions et de nos modes de pensée. Plus près de nous, il y a eu aussi les guerres de Yougoslavie et pour BASARA, auteur serbe né en 1953, l’absurde semble être également la réponse à bien des questions. L’auteur s’emploie en une centaine de pages à dégommer avec jubilation et cynisme toute forme de raison. De même pour la psychanalyse, la religion, le socialisme, le langage et la famille : tout passe à la moulinette. Ces réflexions surgissent dans le savant désordre du roman qu’Anan est en train d’écrire et que nous découvrons à mesure que celui-ci le conçoit. On perd évidemment très vite le fil du réel pour passer dans une autre dimension, littéraire, de l’autre côté de ce miroir fêlé que nous tend l’auteur. Comme dans un conte philosophique, nous découvrons une vision de l’existence à la fois spirituelle (dans tous les sens du terme) et désespérée. C’est aussi du pur roman moderne, avec mises en abyme, jeux sur la narration, sur les attentes du lecteur et sur les conventions romanesques.
Si toute l’histoire (impossible à résumer) s’inscrit dans un univers en perpétuelle mutation, ce qui ressort de l’ensemble est la relation d’Anan à son père, jaloux des ambitions littéraires de son fils. Impossible de ne pas penser à KAFKA et à La métamorphose (notamment lorsque le père, dans une parodie de tragicomédie, finit par se cacher sous un lit).
Un livre aimé et envoyé par Sébastien du Globe-Lecteur (il en parle ici) et qui va s’en aller faire un tour chez LuKe’s.
Merci à Sébastien pour ce bon décapage cérébral de début d’automne.