Elégie pour un Américain, Siri HUSTVEDT
Des pères, encore des pères, toujours des pères. Par une des plus belle voix de la littérature américaine.
Un manquement grave. Depuis que notre blog existe, nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler de Siri HUSTVEDT. Et pourtant Tout ce que j’aimais est certainement l’un des livres qui nous a le plus marqués. Comme dans ses essais, sur la peinture (Les mystères du rectangle) ou sur des sujets variés (Plaidoyer pour Eros), l’écriture de celle que beaucoup réduisent trop facilement à son statut de « femme de » possède une force magnétique et vous immerge, le temps de la lecture, dans un monde sensible, familier et étrange. Une manière juste et profonde de voir le monde contemporain et les rapports humains, l'art, le langage, ...
Des pères, encore des pères, toujours des pères. Par une des plus belle voix de la littérature américaine.
Un manquement grave. Depuis que notre blog existe, nous n’avons pas encore eu l’occasion de parler de Siri HUSTVEDT. Et pourtant Tout ce que j’aimais est certainement l’un des livres qui nous a le plus marqués. Comme dans ses essais, sur la peinture (Les mystères du rectangle) ou sur des sujets variés (Plaidoyer pour Eros), l’écriture de celle que beaucoup réduisent trop facilement à son statut de « femme de » possède une force magnétique et vous immerge, le temps de la lecture, dans un monde sensible, familier et étrange. Une manière juste et profonde de voir le monde contemporain et les rapports humains, l'art, le langage, ...
Dans son dernier roman en date, on retrouve comme dans Tout ce que j'aimais le poids de la mort et du deuil. Erik Davidsen, psychiatre divorcé, vient de perdre son père et, en vidant les affaires de celui-ci, découvre une lettre suggérant la possibilité d’un inquiétant secret bien gardé. Erik tente de trouver des indices dans les Mémoires laissées par son père et revisite ainsi la vie de sa famille, marquée notamment par la guerre du Pacifique, dont les guerres en Afghanistan et en Irak se font ici l’écho.
Le père est la figure centrale du récit. Père décédé, père absent, père manquant. Tous les personnages du roman tentent de se construire ou de se reconstruire en repensant et en se confrontant à leurs fondations. Inga, la sœur d’Erik, veuve d’un écrivain célèbre, découvre les parts d’ombre de l’existence de son mari et tente d’en préserver sa fille, adolescente qui garde en elle une souffrance muette depuis les attentats du 11 septembre. Miranda, la nouvelle voisine dont Erik est tombé immédiatement amoureux, élève seule sa fillette dans l’ombre d’un père absent et néanmoins très inquiétant. Ses différentes histoires viennent croiser celles des patients d’Erik pour former une communauté de personnages en souffrance mais, et c’est évidemment ce qui vient sauver le livre, qui luttent. Il est donc aussi beaucoup question de transmission, thème qui semble habiter profondément les auteurs américains d’aujourd’hui.
Le père est la figure centrale du récit. Père décédé, père absent, père manquant. Tous les personnages du roman tentent de se construire ou de se reconstruire en repensant et en se confrontant à leurs fondations. Inga, la sœur d’Erik, veuve d’un écrivain célèbre, découvre les parts d’ombre de l’existence de son mari et tente d’en préserver sa fille, adolescente qui garde en elle une souffrance muette depuis les attentats du 11 septembre. Miranda, la nouvelle voisine dont Erik est tombé immédiatement amoureux, élève seule sa fillette dans l’ombre d’un père absent et néanmoins très inquiétant. Ses différentes histoires viennent croiser celles des patients d’Erik pour former une communauté de personnages en souffrance mais, et c’est évidemment ce qui vient sauver le livre, qui luttent. Il est donc aussi beaucoup question de transmission, thème qui semble habiter profondément les auteurs américains d’aujourd’hui.
Inutile de le préciser, vous l’aurez certainement compris, ce roman est porteur d’une grande mélancolie qui m’a particulièrement touché. Sans jouer sur l’identification facile, HUSTVEDT parvient à donner à ses personnages, pourtant tous très bobos brooklyniens, une dimension profonde, humaine et presque universelle. Alors bien sûr, tout cela est très empreint de psychanalyse (à travers le récit des rêves, notamment) mais sans dogmatisme. Le rythme est assez fragmenté, parfois décousu mais très maîtrisé. Et comme dans ces autres romans, l’auteure nous plonge dans une ambiance et une couleur particulières qui m’ont séduit.
Un beau portrait de notre époque.