3 juillet 2012

Qu’est-ce que tu lis pour les vacances 2012 ?

Avant de prendre nos quartiers d’été et de mettre le blog en pause pour quelques semaines, retour sur des lectures qui trouveront facilement une petite place dans vos valises. Pour se remettre à jour, pour toutes les destinations, pour la plage, la terrasse, la piscine, le jardin ou le bureau (mais alors discrètement) : voici notre sélection été 2012. Bel été à toutes et à tous.
Commencez vos vacances avec Le premier été d’Anne PERCIN, et rappelez-vous des mois d’été de votre adolescence, des rencontres, des boums, des premiers émois…

Pour des vacances dans le grand Nord : Zona Frigida d’Anne B. RAGDE ou la trilogie des Neshov (La terre des mensonges, La ferme des Neshov et L’héritage impossible) de la même auteure : une histoire de secrets de famille qui surgissent au moment de la mort de la vieille (et quelque peu machiavélique) mère, dans une ferme, au fin fond de la Norvège. Palpitant, étonnant et dépaysant (on y reviendra).

Pour des vacances au soleil : les étonnantes nouvelles d’Amos OZ, Scènes de vie villageoises, qui nous réchauffent du soleil israélien, la triste mais très jolie histoire de Mitsuba d’Aki SHIMAZAKI, pleine de poésie et de bon sens, ou l’épouvantable récit du Tigre blanc d’Aravind ADIGA qui prouve que la misère n’est pas forcément moins pénible au soleil.

Si vous partez dans un pays de l’Est : La maison de l’âme de Chantal DELTENRE (Françoise en parle ici), parce que vous regarderez les villes autrement, parce que vous ne repartirez pas sans avoir offert quelque chose à quelqu’un et parce que c’est un roman belge. (Pendant les vacances, n’oublions pas de devenir un peu chauvins!)

Si vous êtes plus ville que plage, redécouvrez le New York des années 70 avec Just kids, le très beau récit de Patti SMITH ou perdez-vous à Tokyo dans la troublante trilogie 1Q84 d’Haruki MURAKAMI.

Si vos enfants sont en colonie de vacances : Rêves de garçons, de Laura KASISCHKE. Le souci, c’est que vous risquez d’aller les rechercher en courant… Cela dit, profitez de vos vacances, quelles qu’elles soient pour découvrir Kasischke si ce n’est déjà fait ! Un de nos grands coups de cœur de cette année…

S’il pleut tout l’été : les deux premiers romans policiers de Craig JONHSON, Little Bird et Le camp des morts, dont l’ambiance « grands espaces » ne vous fera pas regretter d’être coincés à l’intérieur toute la journée. Ou encore Mr. Peanut d’Adam T. ROSS, un étonnant faux polar pas moins palpitant.

Si vous partez en avion et que vous n’avez droit qu’à un livre (pauvre de vous) : sans hésitation, prenez Freedom de Jonathan FRANZEN, LE livre qu’il faut avoir lu cette année. Ou bien le chouchou du moment dans toutes les rédactions : L’Art du jeu de Chad HARBACH.

Et vous ? Un conseil de lecture de vacances ?

PS: et pour les listes des années précédentes, c'est ici.

1 juillet 2012

Home run romanesque

L’Art du jeu, Chad HARBACH

Un premier roman ambitieux et réussi ; parce que la vie est un sport !

Henry Skrimshander intègre le très respectable Westish College grâce à ses incroyables performances au baseball. Malgré son corps si frêle et si fragile en apparence, il attrape les balles avec une grâce et un naturel qui pourraient faire de lui une star des terrains. C’est du moins ce que pense Mike Schwartz, le capitaine de l’équipe de Westish. En faisant d’Henry son protégé, il tente d’oublier le vide dans lequel il risque de tomber une fois ses études achevées. Sur le campus, Henry partage une chambre avec Owen Dunne, élève brillant et homo assumé, qui rejoint l’équipe de baseball. Ces trois jeunes hommes vont croiser le chemin de Guert Affenlight, le président de l’université, qui voit subitement sa fille Pella revenir vivre à ses côtés pour se remettre de l’échec de son mariage. Comme dans un match de baseball, tous les joueurs sont en place : la partie peut commencer.
Pour peu que vous jetiez un œil de temps en temps dans la presse littéraire, vous serez certainement tombés sur cet Art du jeu, roman initiatique et choral, qui risque fort d’être LE roman à succès de l’été. Et pour cause : cette petite brique se dévore avec un plaisir immense et parvient à amuser et émouvoir sans jouer la facilité. C’est même parfois assez ambitieux de vouloir traiter à la fois de cette période de la fin de l’adolescence et de l’entrée dans l’âge adulte tout en proposant une vision plus large des rapports sociaux, amoureux et générationnels. Pris à un tournant de son existence, chaque personnage se voit obligé d’affronter un nouveau défi et tente de donner la meilleure trajectoire possible à sa vie, comme le lanceur le fait de sa balle. Même si parfois la peur d'échouer ou un coup de vent inattendu peuvent faire arriver la balle là où on ne l'attendait pas.
L’Art du jeu s’avance aussi souvent sur le terrain de la littérature, à travers notamment la présence de Melville, écrivain-mascotte de l’université de Westish. Et Harbach, à l’image de ses personnages souvent à la recherche de modèles, tente de se situer dans l’histoire de la littérature américaine (et plus particulièrement dans celle du roman au long cours) et de définir ce qu'est un héros d'aujourd'hui. J’ai souvent pensé à Jonathan Franzen, dans cette manière très adroite de dérouler un récit ample et sinueux sans jamais se perdre et de plonger au cœur d’un personnage et de ses espoirs déçus.
Le rythme du roman est particulièrement enlevé, avec un sens du découpage et du dialogue qui rappelle beaucoup celui du film ou des séries télévisées. Pas étonnant d’ailleurs que le livre soit déjà en cours d’adaptation chez HBO (plus étonnant par contre de découvrir, comme le laisse entendre la quatrième de couverture, que la possibilité d’une adaptation d’un roman en série soit devenu un argument de vente !).
Bien plus qu’un roman sur le baseball, L’Art du jeu se dévore et se savoure à différents degrés et il serait dommage de passer à côté en pensant qu’il ne parle que d’un sport qui nous est assez étranger.
Nous reviendrons tout prochainement sur nos propositions de lectures pour les vacances mais il est certain que celle-ci figurera en haut de la liste (le format n’est pas pratique, certes, mais ça vous fera des muscles).

Un autre avis sur le blog D’une berge à l’autre.

Référence :
L’Art du jeu, Chad HARBACH, traduit de l’anglais (États-Unis) par Dominique Defert, JC Lattès, 2012.