Affichage des articles dont le libellé est théma. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est théma. Afficher tous les articles

24 janvier 2013

1,2 et TROIS !

Aujourd'hui, j'ai décidé non pas de vous faire un billet mais trois ! Ou plutôt un billet en trois parties...
Pourquoi donc trois parties au prix d'une seule ? Peut-être, entre autres, parce que je me sens un peu coupable d'avoir un peu délaissé le blog (pour, ma fois, une bonne raison) et laissé mon ami Xavier faire tout le boulot de ces dernières semaines... Rattrapage.
Et pour commencer, une trilogie (hum, décidément le chiffre trois semble très présent dans mes pensées...): la trilogie des Neshov, dont nous avions parlé brièvement dans notre billet spécial vacances, s'impose en ces temps particulièrement enneigés (en tout cas à Bruxelles). La norvégienne Anne B. RAGDE (dont nous avions parlé ici) nous emmène au fin fond de la Scandinavie, dans la porcherie de la famille Neshov, au moment de la mort de la mère. Celle-ci, laisse derrière elle son mari, étrangement honnis de tous, ses trois fils - Torr qui n'a jamais quitté la ferme, Margido, directeur d'une entreprise de pompe funèbre de la région et Erlend qui a fui sa famille il y a bien longtemps, celle-ci refusant son homosexualité, et s'est réfugié au Dannemark pour devenir décorateur de talent - et sa petite fille, Torrunn, fille de Torr, qui a été élevée par sa mère et ne connait pour ainsi dire que très peu sa famille paternelle. Tout ce petit monde va se retrouver dans la vieille ferme familiale pour discuter de l'héritage, tâcher de panser quelques plaies et surtout faire surgir un terrible secret de famille. Difficile de lâcher cette saga familiale une fois qu'elle est commencée. Un roman psychologique aussi palpitant qu'un polar dans un cadre surprenant. Petit bémol cependant sur la fin... Tout laisse à penser qu'il y aura une suite et pourtant, pas de quatrième tome à l'horizon, ce qui nous laisse un peu sur notre faim.
"Il avait perdu sa magie", ainsi débute le troisième (encore le chiffre 3 !!!) roman du cycle Némésis de Philip ROTH, quatre livres assez courts (nous avions parlé des deux premiers ici) ayant pour sujet le vieillissement et la mort. Une quadrilogie extrêmement sombre, dont le dernier tome vient de sortir et serait le tout dernier livre de l'auteur qui a décidé, ayant atteint l'âge vénérable de 80 ans, de relire toute son œuvre pour s'assurer... que cela valait la peine de les écrire. Le Rabaissement met en scène Simon Axler, un acteur vieillissant qui ne sait plus jouer. Déprimé, il s'isole et pense à la mort. Jusqu'à l'arrivée inopinée de la fille de vieux amis, ancienne lesbienne, qui entame avec lui une relation passionnée. Simon reprend goût à la vie et transforme peu à peu, tel pygmalion, la jeune fille en femme fatale. Mais ce combat contre la mort, grâce au sexe (plus qu'à l'amour), est un combat perdu d'avance... C'est dur, c'est noir mais c'est comme toujours brillant. L'opposition entre Eros et Thanatos.
Enfin, pour terminer, trois (!!!) petites déceptions sur lesquelles nous n'allons pas nous appesantir. 
Tout d'abord Le magasin des suicidés de Jean TEULE. Nous avions aimé sa verve et son piquant dans ses romans historiques. Mais cette pâle et prévisible comédie sur une famille qui tient un magasin spécialisé dans le suicide ne nous a pas séduits. Une impression de déjà lu et une histoire sans queue ni tête. Même l'humour de Teulé, d'habitude subtil, ne nous a pas fait sourire.
Ensuite Amélie, sans mélo de Barbara CONSTANTINE. A priori charmant, ce récit sur un été dans la maison de Mélie, grand-mère adorable, et les tribulation de ses amis, de sa fille, de sa petite fille et des amis de celle-ci frise souvent le trop gentillet. La langue est vive, le style sympathique mais le tout est très fabriqué.
Enfin, le dernier roman policier de Camilla LACKBËRG, La sirène, qui met toujours en scène ses héros Ericka l'écrivaine et son mari policier Patrik, est un peu faible. On avait adoré le premier tome, La princesse des glaces, mais LACKBËRG qui sort consciencieusement un roman par an (parfois deux) semble s'essouffler. Les dialogues sont assez plats, les personnages commencent à devenir agaçant et même les intrigues deviennent un peu minces voire, dans ce cas-ci, incohérentes. Dommage...

Bon, mais je vais quand-même lever le mystère du chiffre trois... Parce que moi aussi, j'ai maintenant un "tome 3", qui ne me laisse pas sur ma faim comme celui de Anne B. RAGDE, qui n'a pas perdu sa magie, comme le personnage du roman de ROTH et qui est loin d'être une déception comme les trois romans sus-cités. Un "tome 3" de 4 kilos et 50 centimètres qui se prénomme Jeanne et qui fait la joie de ses parents, de sa sœur et de son frère. Allez, je retourne à mes lectures... ou je vais faire une petite sieste !

Références :
Anne B. RAGDE, La Terre des mensonges, La Ferme des Neshov et L'héritage impossible, Editions Balland, 2009-2010.
Philip ROTH, Le rabaissement, Gallimard, 2011.
Jean TEULE, Le magasins des suicidés, Julliard, 2007.
Barbara CONSTANTINE, A Mélie, sans mélo, Calmann-Lévy, 2008.
Camilla LACKBËRG, La sirène, Acte sud, 2012.



23 octobre 2012

Romans, histoire et héros

HHhH, Laurent BINET
Les soldats de Salamine, Javier CERCAS
Sauver Mozart, Raphaël JERUSALMY

Publiés sous l’appellation « roman », ces trois livres explorent, de manière différente, les rapports que peuvent entretenir la fiction littéraire avec l’Histoire.

Dans HHhH, l’auteur tente de rendre hommage à deux parachutistes tchèques qui en 1942 ont perpétré l’attentat qui coûta la vie à Reinhard Heydrich, l’une des têtes de l’appareil nazi et architecte de la Solution finale. Accumulant les sources et les témoignages, le romancier doit trouver les moyens de rendre vie à tous les protagonistes de l’histoire sans pour autant les ramener au rang de personnages de fiction. Heydrich est beaucoup plus que le simple méchant du conte et les deux parachutistes méritent davantage que le statut de héros de roman. L’auteur essaye alors de coller le plus possible à la réalité des faits avérés mais s’autorise ça et là, souvent à contrecœur, de passer par la fiction mais sans romancer, pour donner vie à son récit. Quelle était l’atmosphère de Prague au moment où la ville passe sous le joug allemand ? À quoi pensait Heydrich lorsqu’il gravit les échelons du pouvoir ? Que ressent-on à la veille de commettre un attentat contre l’un des responsables de la mort de millions d’hommes et de femmes ? L’auteur fait part de toutes ses hésitations et parvient, à mesure qu’il se rapproche du centre de son histoire, à trouver le ton et la manière. Un mélange de distance et de proximité qui permet au lecteur d’être emporté dans l’incroyable histoire de cet attentat et dans celle de ses deux héros.

Mais qu’est-ce qu’un héros (ok, j'ai déjà eu des transitions plus inspirées...) ?
C’est au final la question qui ressort du roman de Javier Cercas, Les soldats de Salamine.
Un journaliste aux ambitions littéraires déçues se passionne pour un épisode secondaire de la guerre civile espagnole. Rafael Sànchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, échappe à la mort grâce à l’indulgence d’un soldat républicain. L’événement devient l’obsession du journaliste qui se met peu à peu à en tirer un récit de fiction: Les Soldats de Salamine. Mais la clé du livre se trouve ailleurs, non pas dans la recherche des faits ayant un lien avec les grandes figures de l’Histoire, mais dans celle des anonymes qui jalonnent les conflits, ici entre citoyens d’un même pays. Avec distance (et même humour quand il met en scène le personnage de l’écrivain), Cercas joue sur une narration à plusieurs niveaux, mélangeant sans arrêt la fiction et le réel pour créer un objet littéraire assez original qui annonce pas bien des aspects son très beau deuxième roman : À la vitesse de la lumière.

Il est également question d’héroïsme dans Sauver Mozart.
Dans un sanatorium de Salzbourg, rongé par la tuberculose, Otto J. Steiner, un vieux critique musical, voit sa dernière heure arriver au moment où l’Allemagne nazie prend possession de l’Autriche. Forcé de cacher une judéité qu’il n’a jamais vraiment considérée comme faisant part de son identité, le vieil homme est surtout mortifié par l’utilisation que le régime d’Hitler fait de la musique : des fanfares assourdissantes, des marches militaires, des épopées wagnériennes, … Otto se lance alors un ultime défi : sauver Mozart.
Ici aussi les faits et personnages historiques sont mélangés à la fiction. À travers le journal intime et la correspondance du personnage principal, nous découvrons le quotidien morbide du malade et, ensuite, le plan audacieux qu’il met en place pour ébranler les fondements du régime nazi. Un acte de bravoure extrême, d’une finesse malicieuse et inattendue.

Ces trois romans posent la question du sens de l’Histoire et interrogent sur la manière de la raconter, jouant habilement entre le particulier et le collectif. Trois manières également de s’interroger sur le rôle de la littérature et sur le pouvoir de la fiction face au passé.

Références :
HHhH, Laurent BINET, Le Livre de Poche, 2011
Les soldats de Salamine, Javier CERCAS, traduit de l’espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujičić, Babel, 2004
Sauver Mozart, Raphaël JERUSALMY, Actes Sud, 2012

18 juin 2012

D’art d’art

C’est toujours les autres qui meurent*, Jean-François VILAR

Une enquête avec pour toile de fond l’univers de Duchamp et un petit théma sur l’art dans le roman.

Une femme nue, au visage caché, allongée dans l’herbe au milieu d’un paysage étrange. C’est bien sûr la dernière œuvre de Marcel Duchamp : Étant donnés : 1. La Chute d’eau 2. Le gaz d’éclairage. Mais là, dans le passage du Caire, en plein Paris, face à Victor Blainville, plus question d’art : c’est une scène de crime. Le photographe, revenu de ses rêves de grand soir, va sans le vouloir être embarqué dans une drôle d’enquête aux accents dadaïstes, alors que partout en France le peuple célèbre l’arrivée tant attendue de la gauche au pouvoir.
Dans un style vif et direct, Jean-François Vilar amène son personnage débonnaire à la redécouverte de toute l’œuvre de Duchamp, figure de proue de l’avant-garde à qui la plupart des artistes contemporains font désormais référence. Jamais pontifiant, avec de l’humour et de l’intelligence, on (re)découvre ainsi le travail de l’artiste, le tout dans une enquête qui, si elle ne regorge pas de suspense, réserve pas mal de rebondissements originaux. Une lecture conseillée par Françoise, que je remercie vivement.

Nous sommes toujours, pour nos cours, à la recherche de romans qui mettent en scène des peintres et des artistes. Avec le temps, nous commençons à avoir un petit corpus dont certains titres ont été évoqués ici. Et donc, pour ceux que cela intéresse :

Des romans sur la peinture de la renaissance
Metin Arditi, Le Turquetto
Mathias Énard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants
On pourrait ajouter L’enfant de Bruges de Gilbert Sinoué ou la série de romans sur Lippi, Botticelli et Vinci de Sophie Chauveau (je me suis arrêté après La passion Lippi tant le style de l’auteure me filait des boutons).

Des romans sur la photographie
Susana Fortes, En attendant Robert Capa
Nancy Huston, Infrarouge

Des romans sur l’art contemporain
Michel Houellebecq, La carte et le territoire (un roman qui a su capter l'air du temps de la création contemporaine)
Jesse Kellerman, Les Visages (qui parle également de l’art brut et évoque en filigrane les œuvres de Henry Darger)
On pourrait y ajouter Clara ou la pénombre de José Carlos Somoza ou le magnifique Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt.

Des romans sur l’art moderne
Martin Suter, Le dernier des Weynfeldt (qui parle un peu de Vallotton mais surtout du thème du faussaire)
Emile Zola, L’œuvre (Manet mon amoûûûr)

Et comment ne pas citer, pour terminer, Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, roman qu’il serait bien dommage de réduire à sa seule dimension fantastique.

Edit post-publication : Françoise, dont nous parlions plus haut, a depuis ce billet créé sa propre liste "d'art d'art"et c'est à découvrir ici.

Et vous ? Des idées pour enrichir notre liste ?

Référence :
C’est toujours les autres qui meurent, Jean-François VILAR, Babel noir, 2008.

* D'ailleurs, c'est toujours les autres qui meurent : merveilleuse épitaphe de Marcel Duchamp

PS: billets raccourcis, activité bloguesque ralentie, recyclage... Vous l'aurez compris, nous sommes en plein dans les examens, corrections et autres petits plaisirs de fin d'année...

22 décembre 2010

Des cadeaux #2


Au secours ! Plus que deux jours ! Que faire ! En plus on travaille jusqu'à vendredi... Comment croyez-vous qu'on puisse aller faire de courses de Noël ?! Non mais je vous jure ! Heureusement, il reste la solution miracle : se rendre dans une librairie, lieu de tous les possibles (et pourquoi pas sur une heure du midi, il y a même des librairies qui font lunch…). Parce que bon, ce n'est pas à vous qu'il faut le dire, lecteurs et/ou rédacteurs de blogs de lecture, un livre, c'est quand même le cadeau parfait : ce n'est pas (toujours) cher, ça peut être personnalisé, c'est rarement vilain et toujours très utile. Oui, mais bon, ce n'est pas tout... quoi offrir et à qui ? Et c'est là qu'une fois encore Voyelle et Consonne se fendent d'un petit billet plein d'idées (comme nous l’avions fait l’an dernier ici). Non, non, ne nous remerciez pas, c'est bien naturel... (et puis on avait très envie d’un petit best of 2010 sans vraiment vouloir l’avouer…)

- Pour votre papa qui a fait mai 68 (ou votre frère, pas de conflit de génération...), pour votre tonton syndicaliste ou votre petite cousine militante : Indignez-vous, de Stéphane HESSEL (et en plus il ne coûte que 3€ : la cadeau anti-crise par excellence) ou Indignation, le très beau dernier roman de Philip ROTH.

- Pour votre maman, qui n'a pas oublié (complètement) son discours féministe et sa lecture de Simone de Beauvoir : Infrarouge, de Nancy HUSTON, ou le parcours d'une femme libre et Purge de Sofi OKSANEN ou la rencontre inattendue entre deux destins de femme.

- Pour votre tante, amateur (amateuse ? amatrice ? amateure ?) de belles choses, Sanctuaires ardents de Katherine MOSBY, une émouvante histoire de femme insoumise (encore !) et une écriture magnifique.

- Pour votre petite cousine qui adore les chevaux : Le dieu des animaux, d'Aryn KYLE. Une histoire de cheval et d'ado loin des clichés du genre: subtile, touchante et réaliste. Un fantastique premier roman loin de l’univers de Black Beauty et autres nunucheries équestres.

- Pour votre beau-frère qui ne lit que des romans policiers : n'importe quel livre des éditions Sonatine (comme ici) avec une préférence pour les romans de ELLORY (deux d'entre eux sont d'ailleurs désormais en poche, dont notre sombre chouchou Vendetta); sachez aussi que Henning MANKELL dont on vous a dit souvent tant de bien vient de sortir une nouvelle (et dernière !) aventure de son détective Kurt Wallander, L'homme inquiet (nous aussi on est inquiet de ce qui va lui arriver). On ne l'a pas encore lu, mais on vous le conseille les yeux fermés.

- Pour votre cousin, amoureux du Japon, Le poids des secrets, de SHIMAKAZI. Un coffret (ah, le coffret, grand ami des fêtes de fin d’année !), cinq petits romans, une histoire de secrets de famille et une écriture fine et précieuse.

- Pour la petite amie italienne (ou anglaise, ou américaine ou... enfin vous avez compris) de votre frère qui vient passer Noël en Belgique, un livre belge bien sûr ! Et pourquoi pas par une jeune plume originale de nos contrées avec Les assoiffées de Bernard QUIRIGNY.

- Pour votre grand-père, amateur d'art, le très joli Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants de Mathias ENARD ou les aventures de Michel-Ange à Constantinople.

...

Reste à vous souhaiter que vos fêtes soient douces, la bûche légère et les livres nombreux sous le sapin !

Joyeux Noël.

2 décembre 2010

Des livres du plat pays... une fois #2

Notre pays se déchire, nous n’avons plus de gouvernement depuis… heu… on ne compte même plus les mois, il n’est question que de conflits communautaires dans les journaux télévisés… Que cela ne nous empêche pas de développer, quand bon nous semble, un petit sentiment nationaliste et de défendre des livres bien de chez nous, pour les faire découvrir à nos lecteurs d’un autre pays ou à nos compatriotes pas toujours au courant que nous aussi, les Belges, on écrit, et parfois très bien. Un peu de tout, pas du brol : un melting pot !


-    Des romans intimistes
Qui dit intimiste, dit Corinne HOEX. La romancière parle d’elle, de son enfance, de ses blessures. Dans Ma robe n’est pas froissée, elle abordait l’adolescence à travers le personnage d’une jeune fille coincée entre une mère indifférente, un père manipulateur et un petit ami violent. Dans son dernier roman, Décidemment je t’assassine, l’auteure évoque sa mère. Ou plutôt les derniers moments de la vie de sa mère, la manière dont elle va la suivre jusqu’à son dernier souffle et surtout dont elle va gérer le deuil de cette femme froide, souvent cassante, parfois violente, qui maintenait sa fille à distance mais n’était jamais loin.
Maman Jeanne, le dernier récit de Daniel CHARNEUX, est lui aussi un petit roman intimiste tout en finesse qui raconte la vie douloureuse d’une femme du peuple au début du siècle, toujours obligée de dépendre des hommes, qui deviendra bonne du curée et évoquera la difficulté, pour une femme de sa condition, de s’en sortir seule et de parvenir à devenir une vraie mère pour des enfants qu’elle n’arrive pas à nourrir.
Dans Oubliez Adam Weinberger, Vincent ENGEL raconte les camps de concentration… ou plutôt ne les raconte pas mais parle de la vie d’Adam Weinberger avant et après cette expérience irracontable. Difficile ensuite de l’oublier.
Intimiste toujours, Ceux qui marchent dans les villes, de Jean-François DAUVEN, roman sur une poignée d’individus perdus dans une grande ville, des villes qui seront, elles aussi, des personnages. Paris, Rome, Londres,… et Bruxelles, bien sûr, autant de villes que d’histoires qui finissent par se répondre. Si la balade dans laquelle DAUVEN nous emmène est parfois un peu longue, la description des villes et des individus ne manque pas de charme.

-    Des romans à suspense
On compare souvent Armel JOB à SIMENON. Il est vrai que ses polars sont comme ceux du maître liégeois, des romans psychologiques avant d’être des romans à suspense. Dans Les Fausses innocences, déjà, JOB reconstituait l’ambiance trouble de l’après guerre dans les cantons rédimés (partie de la Belgique du côté de la frontière allemande) et nous faisait nous intéresser à l’étrange personnalité du narrateur, de sa mère tyrannique et de la femme qu’il continue d’aimer malgré qu’il la soupçonne d’avoir bel et bien tué son mari. Dans son dernier roman, Tu ne jugeras point, où il est question de la disparition d’un bébé, le point du vue est celui du juge qui dirige l’affaire, qui soupçonne la mère et cherche à connaître la vérité sans porter de jugement. Roman haletant qui évite subtilement de tomber dans le glauque, le tapageur ou le mélodramatique.
Citons également Jean-Baptiste BARONIAN, auteur « spécialisé » dans le polar et le fantastique (il n’est pas Belge pour rien…) qui a publié une quarantaine de romans (mais aussi une excellente biographie de BAUDELAIRE) dont le très noir Matricide dans lequel un policier de quartier qui s’ennuie assassine sur un coup de tête une pauvre petite vieille.
Et puisque nous sommes pour une Belgique unie, rappelons que nous avions déjà parlé ici d’un grand auteur flamand de roman policier, à savoir Pieter ASPE.

-    Des romans historiques

C’est à l’histoire de Rabelais que s’est intéressée Valérie DE CHANGY dans son roman Fils de Rabelais. La romancière y raconte un épisode de la vie du grand écrivain humaniste par l’intermédiaire d’un hypothétique fils adoptif. Nous sommes à la fin de la Renaissance, en pleine guerre de religion, période pendant laquelle il n’est plus aussi aisé de dire ce que l’on pense, même par le rire, et où Rabelais commence à s’inquiéter de la réaction que pourrait susciter la publication de son dernier ouvrage, Le Tiers Livre.

-    Des romans d’anticipation
Bernard QUIRIGNY est un jeune auteur à suivre et à saluer pour deux raisons évidentes : son roman Les assoiffées (dont nous avons parlé ici) est un excellent mélange de contre-utopie et d’humour mais aussi (surtout ?) il aura permis aux accros de la rentrée littéraire, qui lui ont accordé pas mal d’attention, de découvrir que, non, il n’y a pas qu’Amélie Nothomb qui écrit en Belgique…
Vincent ENGEL, quant à lui, nous suggère dans Mon voisin c’est quelqu’un de faire bien attention aux agissements de nos voisins. Celui d’Otto, narrateur de cette histoire, est déjà effrayant à première vue. Quand ensuite on se rend compte du plan machiavélique qu’il a mis en place pour faire valoir ses idées radicales et nauséabondes et faire revivre un triste passé, on décide de redoubler de vigilance par rapport à notre voisinage. ENGEL n’a rien n’inventé en terme de roman d’anticipation mais on aime son style dynamique et caustique et puis il est des souvenirs qu’il est toujours bon de rappeler…

A lire qu’il drache ou qu’il neige, un paquet de frites brûlant ou une bonne gauf’ entre les mains, attablé devant une bonne pintje,… qui sait si vous n’aurez pas un sacré boentje pour un de ces auteurs !

PS :
- Des livres du plat pays… une fois #1 c’est ici.

- Comme nous sommes nuls en challenge, nous n’avons pas participé à celui organisé par Reka sur la littérature belge. Pourtant nous aurions facilement gagné le titre de « gros Belge » !

- On profite de ce billet pour ajouter un titre à la playlist de Leiloona, bienheureuse créatrice de la radio des blogueurs. Un titre belge, bien entendu ! 





18 juillet 2010

Qu'est ce que tu lis pour les vacances 2010? #3



Dernières lessives, valises, PAL de vacances, … Voyelle et Consonne sont sur le départ et vont mettre le blog au repos quelques semaines. Vous avez été nombreux ces derniers temps à nous suivre, à nous faire part de vos commentaires et cela nous fait un plaisir immense. On se réjouit déjà de vous retrouver à la mi-août pour vous parler des kilos de bouquins que nous emportons dans nos périples.

Nous avons consacré deux billets aux conseils de lecture « vacances » de la blogosphère (c’était ici et ici). Riche, diversifié, amusant, mais un peu frustrant : et nous dans tout ça ? Alors pour clore cette deuxième saison de Voyelle et Consonne, voici notre petite sélection pour l’été, sous forme de best of de ces derniers mois.

Envie de frissons et de lecture qu’on a du mal à lâcher, même quand vient l’heure de l’apéro ?
Les lieux sombres de Gillian FLYNN, dont on vous parlera à la rentrée, a souvent été commenté sur les blogs depuis le début de l’année et ce n’est pas pour rien : original et haletant, c’est un thriller qui tient ses promesses. Tout aussi sombre, Vendetta de R.J. ELLORY, un de nos chouchous, revisite l’histoire des Etats-Unis à travers la vie mouvementée d’un mafieux cruel au centre d’une enquête sur un enlèvement. Enfin, le polar le plus réjouissant de la saison : Les Visages de Jesse KELLERMAN.

Envie d’un peu de légèreté et de lectures amusantes (car oui, lire ça peut être drôle) ?
Le mec de la tombe d’à côté de Katarina MAZETTI : une comédie romantique sur le thème du choc des cultures. Ou bien le dernier Nick HORNBY, Juliet, naked où on retrouve les obsessions de l’auteur pour le rock et les histoires de couples douces-amères. L’auteur a vieilli et ses personnages aussi, c’est l’heure des bilans (et on y reviendra plus tard). Ou, pour rire franchement, Doppler et Vovlo Trucks de Erlend LOE : satirique, farceur et un peu barré. Ou encore, pour un rire old school, partez à la rencontre de l’excentrique Tante Mame de Patrick DENNIS.

Envie de quelque chose de plus « consistant » et de lectures qui vous emmènent loin ?
Un autre de nos coups de cœur de cette saison : Le dieu des animaux d’Aryn KYLE, vous transporte dans la vie d’un ranch, au centre d’une famille au bord de l’implosion. Profond et dense. Dépaysement aussi avec Henning MANKELL qui enfile ses Chaussures italiennes quelque part au large de la Suède : de la glace et un grand bouleversement autour d’un anti-héros mankellien jusqu’aux doigts de pied.
Au rayon briques, Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel GUENASSIA propose un beau roman initiatique sur fond de guerre froide. Autre brique et autre coup de cœur : Pense à demain, d’Anne-Marie GARAT, dernier volume de son éblouissante saga Une traversée du siècle, un voyage dans l’histoire des conflits et des mutations du monde et des hommes.

Bel été à toutes et à tous.

PS : Le Globe-Lecteur s’est intéressé à la question du bloggueur littéraire mâle, espèce rare mais pas encore menacée. On vous invite à découvrir ce sujet ici.

6 juillet 2010

Qu'est ce que tu lis pour les vacances 2010? #2

Si vous avez loupé le début, c’était ici.

Pour ce deuxième round, nous allons nous intéresser aux destinations et aux genres de vacances.

Le plus souvent, vous nous avez parlé plage et piscine, ce qui, selon vous, se marie difficilement avec prise de tête. C’est donc des titres plus « légers » que vous associez généralement aux lectures de vacances.
Le titre fédérateur semble être Le mec de la tombe d’à côté de Katarina MAZETTI, aussi bien pour les filles (Saxaoul dit qu’il « fait travailler les zygomatiques à fond ») que les garçons (Lukes le trouve « drôle et bien écrit » et semble aussi avoir apprécié, de la même auteure et dans le même esprit, Les larmes de Tarzan).
Ingannmic suggère « pour rire » Un été ardent d’Andréa CAMILLERI ou Plage de Manacorra, 16h30 Philippe JAENADA.
Anne (Roudoudou) suggère La tombe du tisserand par Seumas O'KELLY.
Emeraude, quant à elle,  conseille à ses clients en recherche de légèreté Tante Mame de Patrick DENNIS (on va vous en parler tout bientôt), Le diable vit à Notting Hill de Rachel JOHNSON ou Quand souffle le vent du nord de Daniel GLATTAUER (je suppose que c’est un titre rafraîchissant…).
De l’humour aussi chez Nico avec Six pieds sous terre de Ray FRENCH : « Un homme décide, après son licenciement de manifester en employant les grands moyens : il creuse un trou dans son jardin pour vivre dans un cercueil ! Drôle, bien rythmé et profondément humain. » Que demander de plus ?

A côté des vacances au bord de l’eau, qu’elle soit chlorée ou non, il y a aussi les vacances à la campagne. Et pour celles-ci aussi vous avez des conseils adaptés. Ingannmic recommande des livres dans un cadre de verdure : Vu de Serge JONCOURT, pour l’humour, et En attendant l’orage de Graham JOYCE, pour l’intrigue prenante.
Du classique pour Yohan avec Martin Eden de Jack LONDON, « parce que c'est une histoire passionnante, celle d'un écrivain en recherche de gloire, contraint de faire des petits boulots pour s'en sortir et qui, un jour, va enfin découvrir cette célébrité tant attendue. C'est aussi une magnifique histoire d'amour, contrariée par les oppositions de classe. » Tentant, non ?
Un titre de circonstance pour Brize: Un été prodigue, de Barbara KINGSLOVER, « un roman où la nature tient une place de choix ».
Les vacances, c’est aussi, pour les chanceux, les voyages.
Pas toujours facile de se plonger dans un roman quand on doit passer d’un endroit à l’autre. Alors pourquoi ne pas picorer un peu ?
Comme avec Les hommes à terre de Bernard GIRAUDEAU, conseillé par Ingannmic:« des nouvelles voyageant dans divers endroits du monde, qu’on peut poser, reposer, reprendre ».
Même idée pour Laurent qui aime « picorer sans que cela nuise au plaisir de la lecture » et suggère les Collected Stories de Tenesse WILLIAMS, Un plaisir trop bref : Lettres de Truman CAPOTE et Histoires de Pat Hobby et autres nouvelles de F.S. FITZGERALD. La grande classe!
Des nouvelles d’un autre genre chez Brize avec Axiomatique de Greg EGAN, « un recueil de nouvelles de SF impressionnantes, indispensable aux amateurs du genre ». Elle conseille aussi, pour lire sur l’autoroute A6, La forêt d’Iscambe de Christian CHARRIERE, « fantastico-dépaysant ! Parfait pour oublier l’ambiance A6…

Si vous partez de l’autre côté de l’Atlantique, outre les Chroniques de San Francisco dont nous parlions au précédent épisode, Virginie recommande un classique : A l’est d’Eden de John STEINBECK, « toute l’ambiance de la Californie, une grande saga familiale et tout un pan de l’histoire américaine ». Picorage et Etats-Unis, deux en un, avec American Rigolos, Chroniques d’un grand pays de Bill BRYSON approuvé par Brize: « les Etats-Unis vus par un journaliste qui a le sens de l’humour : à picorer sans modération, pour se cultiver en se détendant. »
Destination « la Crimée ou le Caucase en général, pour un raid à vélo (idéalement une caravane d'éléphants, ce serait mieux mais plus couteux) » pour Françoise qui suggère Les princes vagabonds de Michael CHABON « si vous aimez les romans d'aventures, dans un lointain fabuleux au Xe siècle, avec combats, grand souffle et illustrations à l'ancienne ».

Voyages culinaires pour La fille & le garçon. Pour elle, ce sera Cuisiner un sentiment de Jacky DURAND, « un recueil de chroniques culinaires, dans le temps et dans l’espace par un journaliste de Libé ». Pour lui, comme « les vacances sont une période où l'on mange sans doute un peu plus souvent au restaurant », il estime qu’ « à l'issue de la lecture des Dessous peu appétissants de la cuisine moléculaire de Jörg ZIPPRICK, on fera plus que jamais attention à ce que l'on a dans son assiette.
Toujours au rayon miam-miam, Loukoum a profité de l’été pour suggérer une série de livres de cuisine « Summer 2010 ».

On vous le disait dans le premier billet, tout le monde ne lit pas des romans durant l’été. On peut aussi se plonger dans des essais. C’est le cas de Lionel qui « se voit à une terrasse donnant sur un paysage étendu, profond, plutôt vert et fleuri, mais sans pour autant un roman à la main. » Donc pour lui, ce sera BOURDIEU ou, « peut-être par effet de mode », ONFRAY.

Un grand merci à tous ceux qui nous ont répondu et qui ont joué le jeu, bonnes vacances et bonne lecture !

Illustration : Horizon #1, Tropical Islands, Germany, 2007, Reiner RIEDLER
Cela fait longtemps que j’ai envie d’utiliser une photo de ce photographe. Celle-ci est tirée de la série « Fake holiday ». A découvrir ici.

1 juillet 2010

Qu'est-ce que tu lis pour les vacances 2010? #1

Voilà, l’été est arrivé ! Et avec lui les listes de livres qu’on projette d’emmener à la plage, au bord de la piscine, au bout du monde, sur une terrasse, dans son jardin, dans une caravane, au parc ou même (parce que tout le monde ne part pas en vacances !) dans le métro. Bref, vous l’aurez compris, il va être question ici des fameux « livres pour les vacances » .
Une idée nous est venue.
Les journaux et les blogs profitent souvent de cette période pour lister des conseils de lecture adaptés aux mois de juillet et d’août. Pour les uns, c’est objectif détente, pour les autres l’occasion de lire ce qu’ils n’ont pas eu le temps d'ouvrir le reste de l’année ou encore, pour certains, l’occasion de partir à la découverte d’une littérature propre à une destination. En partant plus ou moins de l’idée d’In Cold Blog, qui en fin d’année dernière vous demandait quel livre le Père Noël allait offrir en votre nom, nous avons demandé à quelques bloggueuses et bloggueurs que nous visitons, croisons, commentons (pas toujours des blogs littéraires d’ailleurs) de nous suggérer des lectures pour les vacances.
Après dépouillement, nous avons pu lister plus d’une centaine de propositions. Pas de surprise : la plupart des suggestions sont des romans  (à quelques exceptions près sur lesquelles nous reviendrons plus tard).
Voici la première partie de notre petite enquête.

Le thème d’aujourd’hui sera le temps. Plusieurs pensent effectivement profiter des vacances pour venir à bout de leur PAL.
C’est le cas de Liliba qui fait le vœu pieux de faire diminuer cette fameuse liste qui ne fait qu’augmenter. L’avantage de la PAL, c’est qu’en vacances, elle offre le choix et la diversité. Chez Liliba, on retrouve un peu de tout : des nouveaux classiques (Le liseur, Bernhard SCHLINCK ; Kafka sur le rivage, Haruki MURAKAMI), des livres « jeunesse » (notamment ceux de Marie-Aude MURAIL) ou encore des titres à lire dans le cadre de certains challenges (ZOLA, AUSTER).
Même volonté pour Nanne qui va profiter de la fraîcheur et de la tranquillité de la campagne pour satisfaire des envies de lecture présentes depuis longtemps, avec notamment cette année certains livres sur l’art (Renoir, Pascal BONNAFAUX ; Obscura, Régis DESCOTT ; Le roman de Léonard de Vinci, Dimitri MEREJKOVSKI ; Le rêve Botticelli, Sophie CHAUVEAU).

Qui dit temps dit « brique » ou « pavé ». Personne n’a jamais vraiment défini un nombre de pages précis pour obtenir ces mentions qui peuvent en effrayer certains. Durant les vacances, plusieurs d’entre vous choisissent de privilégier le « gros livre ».
Comme du Stephen KING pour La Pyrénéenne. Ou La horde du contrevent d’Alain DAMASIO pour Petite Fleur: « un pavé de 700 pages qui nous emmène dans un monde dont on a tout à apprendre et qu’il fera bon appréhender sous la chaleur, tout en se creusant un (tout petit) peu… » Gwenaëlle  recommande L’art de la joie de Goliarda SAPIENZA: « Pour des vacances en Italie, un livre à lire à l'ombre, sur une terrasse qui donne sur la mer. Un pavé qui peut durer des semaines, des mois. Un livre-bonheur qui se mérite. Une ode à la vie et, peut-être, le déclencheur qui permettra, à l'un ou l'autre, de repartir sur de nouvelles bases à la rentrée... ». La Nymphette conseille Il faut qu’on parle de Kevin de Lionel SHRIVER qui propose selon elle une bonne rentabilité poids/temps de lecture. « C'est vraiment un excellent roman, sur un sujet difficile. Qui aborde des problématiques d'aujourd'hui avec un style soutenu. Il se lit facilement et on a vraiment hâte d'aller plus loin! il est assez épais pour tenir une petite semaine (disons deux jours pour un LCA :-D) Mais il reste un roman dur à déconseiller aux âmes trop sensibles. » Dans sa PAL, Liliba a aussi en attente Les Bienveillantes de Jonathan LITTELL et Corps et âme de Franck CONROY. Pour des heures de voyage en train, Anne (alias Roudoudou) suggère quant à elle La voleuse de livres de Markus KUSAK.
A côté du gros livre, il y a aussi la saga.
Nico suggère un incontournable pour les amateurs de policiers : les neufs volumes de la saga du 87ème district d’Ed McBAIN « mettant en scène la vie d’un commissariat tout entier dans un New York rebaptisé Isola, écrite entre les années 50 et 2000. Le 87ème district fonctionne comme les autres séries : on n’en apprécie réellement les richesses qu’après en avoir lu deux ou trois épisodes. On savoure petit à petit les clins d’œil de l’auteur, son humour et son sens aiguisé du dialogue». Ou encore L'équilibre du monde de Rohinton MISTRY, « une fresque inoubliable de l'Inde des années 70, avec un peu d'humour». In Cold Blog  recommande pour les longues heures à ne rien faire d’autre que lire La trilogie du Caire de Naguib MAHFOUZ ou les célèbres Chroniques de San Francisco d’Armistead MAUPIN (que La Pyrénéenne a lues car elle allait… à San Francisco !). Virginie suggère Les Snopes de William FAULKNER.

Voilà pour cette première partie. La prochaine fois, il sera question de destinations, de détente et de nourriture...

Image de Joseph Robertson.

17 décembre 2009

Des cadeaux #1

On l’a dit: il fait froid et Noël approche. Il faudra bien y passer d’une manière ou d’une autre. Et peut-être même courir les magasins pour les cadeaux. Aïe… Pas simple, surtout pour ces grandes fêtes de famille où, finalement, vous ne vous voyez qu’une fois par an et, quand tante Machin vous offre cette année encore des petits bougeoirs qui, ô merveille, font aussi office de verrines, vous commencez à saisir qu’on ne vous connaît pas si bien que ça. Parce que vous, le cadeau pas trop cher qui vous fait toujours plaisir, c’est le livre. Alors vous faites circuler depuis quelques semaines une liste, pour éviter de recevoir encore des chaussettes Simpson (vous avez grandi, c’est vrai, mais pas pour tout le monde) ou un gel douche parfumé au spéculoos…

Mais offrir un livre, c’est parfois difficile. Pourtant, cela n’a que des avantages. Si vous n’offrez que ça, inutile de courir les magasins : un passage dans votre librairie préférée fera l’affaire. C’est facile à transporter, facile à emballer, ça se range facilement sous le sapin, ...
 

Pour fêter notre 101ème billet, sacrifions à la mode des listes et imaginons des livres à offrir à toute la famille.

Tonton Georges, c’est celui qu’on ne connaît pas très bien. Il travaille dans une grande boîte (une de celles avec deux noms vaguement anglais que vous ne retenez jamais), s’occupe de choses avec des chiffres et, à part la pêche à la ligne, vous ne lui connaissez aucun centre d’intérêt. Et bien, pourquoi pas un bon polar ? Pars vite et reviens tard, de Fred VARGAS. Du suspense, des personnages attachants et le retour de la peste noire en plein 20e siècle.

Tante Suzanne, elle est sympa, elle lit parfois, elle avait adoré Ensemble c’est tout d’Anna GAVALDA que vous lui aviez offert en 2004 et l’avait passé à toutes ses copines du cours de scrapbooking. Alors offrez-lui Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates (dont on a déjà parlé ici), plein de bonheur et d’humour. Ou bien Le mec de la tombe d’à côté, petite comédie douce-amère sur le choc des cultures. Idéal pour Noël, quoi…

Le petit cousin Victor n’est plus si petit que ça. Il a 18 ans, il ne jure que par des noms de groupes ultra-confidentiels, semble avoir greffé son iphone à sa main droite et vous pourriez jurer qu’à la dernière réunion de famille, son regard était trop vague pour être honnête… On peut tenter un MURAKAMI. Le passage de la nuit, par exemple. Le Japon est à la mode, le récit étrange à souhait et l’écriture magnifique, ce qui ne gâche rien.

Bonne-maman lit beaucoup, tout ce qui lui tombe sous la main. L’étrange disparition d’Esme Lennox va la toucher. Une histoire de femme du début du siècle, époque où être femme n’était pas facile, surtout quand on était différente. Touchant.

Tonton Etienne voyage beaucoup, vous avait fait découvrir les Chroniques de San Francisco, aime la légèreté et ne jure que par la littérature américaine. Montrez-lui que les Suédois aussi sont poilants et offrez-lui Doppler, d’Erlend LOE, un plaidoyer anti-Noël criant et un bon moment de rigolade.

Le petit cousin Nathan n’aime pas lire, surtout les livres de l’école. A quinze, il préfère nettement les jeux video. Slam de Nick HORNBY lui fera peut-être changer d’avis sur la littérature…

Bon, vous avez compris le principe: recycler ses lectures en cadeau de Noël pour toute la famille.
Et maintenant: à vous!

PS: En illustration, un détail d'une œuvre du super collectif eboy.



7 octobre 2009

Des livres du plat pays... une fois #1

Des idées à lire un jour de grisaille, en regardant tomber la pluie et en trempant ses frites dans la mayonnaise !

Petit plaisir du blogger : aller voir combien de personnes se sont connectées sur notre blog et ont lu notre prose. Et savoir qui sont nos lecteurs. Surprise: la plupart ne sont pas de chez nous, le pays du spéculoos, de Brel, de Poelvoorde, de la mer du Nord, d’Amélie Nothomb (comme ça on l’a citée, et on n’en parle plus dans la suite de ce message) et de la bière. Du coup, on a une idée : pourquoi ne pas écrire sur la littérature de chez nous ! Un peu de nationalisme, que diable ! Et oui, malgré la jeunesse de notre pays et ses trois communautés linguistiques, la littérature française de Belgique (ou belge de langue française) existe bel et bien ! Et même fort bien! On ne discutera pas ici de ses particularismes avérés ou non, mais on vous propose un aperçu pas du tout exhaustif : un melting pot égoïste de littérature belge !

Des classiques…
…pour pleurer : La femme de Gilles, de Madeleine BOURDOUXHE. Un petit chef d’œuvre sur la trahison d’un homme et l’amour d’une femme. Jusqu’où est-on prêt à aller par amour… ? Elisa, la femme de Gilles, accepte tous les sacrifices pour garder son homme, allant même jusqu’à se perdre. On peut la trouve faible et énervante… mais difficile de rester de marbre face à cet amour vertigineux.

…pour rire : La légende de Thyl Ulenspiegel, de Charles DE COSTER. Le jeune Thyl lutte contre l’envahisseur espagnol des Payx-Bas du 16ème siècle, avec l’espièglerie qui lui donnera son nom. Un langage très coloré, à la Rabelais, un humour décapant et un personnage devenu mythique.

…pour frissonner : Bruges-la-Morte, de Georges RODENBACH. Un veuf éperdu, une chevelure rousse, les canaux de Bruges, ... Le roman symboliste par excellence. Rappelons que la Belgique a toujours su faire la part belle aux mouvements « marginaux » : le symbolisme, le naturalisme, le surréalisme…, en peinture comme en littérature.

…pour délirer : Le perce-oreille du Luxembourg, d’André BAILLON. Ou l’expérience de la folie et de l’internement vues au travers de la verve d’un grand auteur.

Des romans contemporains…
…pour laver son linge sale en famille : Le bonheur dans le crime, de Jacqueline HARPMAN. L’histoire d’une maison et de la famille étrange, attachante et terriblement disfonctionnelle qui l’a habitée longtemps.

…pour se replonger dans les mythes : Œdipe sur la route et Antigone, d’Henri BAUCHAU. Des figures mythiques relues au travers l’écriture solaire d’un grand homme qui s’interroge sur l’art et la vie.

…pour grincer des dents : La seconde vie d’Abram Potz, de Foulek RINGELHEIM. Un vieil homme aigri qui décide d’assouvir un désir de plus en plus pressent : tuer, juste pour le plaisir. Humour noir, humour juif et roman savoureux.

…pour parler d’art : Excusez les fautes du copiste, de Grégoire POLET. L’histoire d’un artiste raté mais d’un faussaire de génie. Qu’est-ce qui fait une œuvre d’art ?

…pour rester zen : Nuage et eau, de Daniel CHARNEUX. Le parcours spirituel d’un moine boudhiste amoureux de la poésie aux 18ème et 19ème siècles. Beau récit initiatique dans un Japon magnifié.

(Attention : cet article contient de nombreux clichés sur les Belges et la Belgique ! A vous de les retrouver…)

15 juillet 2009

Cow-boys et grands espaces

Les oeuvres de la littérature américaine sont souvent étroitement liées à un lieu, que ce soit la grande ville, la campagne ou, pour ce qui nous intéresse ici, les grandes étendues. De grands espaces soumis aux rigueurs du climat où l'homme, entouré de ses animaux et d'une nature indomptable, semble retrouver une certaine forme de sauvagerie.

Dans Le pouvoir du chien (Niveau 2), le lecteur s'embarque pour une ferme isolée du Montana tenue par deux frères. George, lourdaud et introverti, et Phil, un cow-boy viril et redoutable. L'équilibre de leur existence où le temps est rythmé par les saisons et le travail bascule violemment lorsque George décide d'épouser Rose, la jeune veuve d'un médecin que Phil avait accablé de ses moqueries. Et l'arrivée de Peter, le fils de Rose, ne fera qu'aggraver la situation. Le garçon aime lire et fabriquer des fleurs en papier. Pour Phil, c'est une "chochotte" et il décide de rendre insupportable la vie des nouveaux venus. Mais la haine qu'il éprouve pour Peter suggère peut-être quelque chose de plus profond. Et le plan qu'il tente de mettre en place pour se débarrasser de ces citadins pourrait se retourner contre lui... Thomas SAVAGE joue avec intelligence sur le poids du non-dit pour construire une intrigue imparable tout en proposant une desciption fine des sentiments des personnages, reculés du monde mais aussi d'eux-mêmes.

Juste au Sud du Montana, s'étendent les grandes plaines du Wyoming, source d'inspiration inépuisable pour la novelist Annie PROULX. Les nouvelles du recueil Les pieds dans la boue (Niveau 2) mettent en scène le petit monde des ranches, des rodéos et des cow-boys. Des existences souvent difficiles, marquées par la rudesse du travail et l'impossibilité de s'imaginer un ailleurs. Parfois drôles, parfois violents, ces courts récits témoignent surtout du lien entre l'homme et son environnement, magnifique, immense et impitoyable. On rencontrera au fil de la lecture un jeune homme qui voue sa vie au rodéo, une fille qui parle à un tracteur et pas mal de maris bourrus. Notons que ce recueil comporte également la nouvelle Brokeback Mountain, histoire d'amour impossible entre deux cow-boys, adaptée au cinéma par Ang Lee.

1 juillet 2009

Qu'est-ce que tu lis pour les vacances 2009? #2 Made in England

Dans cette chaleur estivale, voire caniculaire… pourquoi ne pas plonger dans une rafraîchissante ambiance de fog londonien ou autre brume de la campagne anglaise. Car les romans anglais nous enchantent en ces temps où malheureusement, beaucoup d’auteurs français nous déçoivent. Alors, puisque ce sont les vacances, ne boudons pas notre plaisir.

Les vacances, c’est le temps des polars (on vous l'avait bien fait comprendre ici). Même ceux qui s’interdisent les romans policiers, de peur de perdre du temps pour la « vraie » littérature, se laissent volontiers entraîner dans les intrigues et les énigmes le temps des congés. D’ailleurs, la romancière Elizabeth GEORGE refuse de voir une différence entre « le roman à énigme » et le « vrai roman ». Si l’auteur est américaine (mais spécialiste de littérature anglaise, rassurez-vous), ses personnages sont on ne peut plus anglais. Ainsi, Enquête dans le brouillard fait apparaître le très aristocratique Thomas Lynley, membre de Scotland Yard, et celle qui deviendra son acolyte, la vilaine mais maligne Barbara Havers. Un duo étonnant mais efficace qui évoluera au fil d’une dizaine d’ouvrages ultérieurs parmi lesquels on peut citer Une patience d’ange ou le récent Anatomie d’un crime. Pour les nostalgiques d’Agatha Christie. (Niveau 1)
Rappelons encore que l’auteur Gyles BRANDRETH a fait revivre le personnage d’Oscar Wilde et le fait mener l’enquête, assisté de son ami Robert Sherard et d’Arthur Conan Doyle en personne. On vous parlait du premier tome ici; le deuxième tome, Oscar Wilde et le jeu de la mort, vient de sortir.

Outre les polars, certains livres, légers et charmants, se prêtent merveilleusement à cette période de farniente. C’est le cas du Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, roman épistolaire dans lequel une écrivain à succès va découvrir un bien étrange cercle littéraire, fondé inopinément en temps de guerre sur l’île de Guernesey, alors sous occupation allemande. Drôle et très attachant, ce roman écrit par deux romancières américaines (encore !), Mary Ann SHAFFER et Annie BARROWS, nous parle d’amitié, de solidarité et de littérature anglaise. (Niveau 1)
De littérature il est aussi question dans le roman La Reine des lectrices, à l’humour très british d’Alan BENNETT, dont on vous parlait ici.


Et pour terminer, parce que l'été c'est aussi le moment d'échapper au tourbillon incessant des sorties littéraires de l'année (avant le grand raout de la rentrée littéraire), il est parfois bon de se donner le temps de lire des auteurs classiques. Et comme nous parlons d'Angleterre, comment passer à côté de Jane AUSTEN. Dans Orgueil et préjugés, la jeune Elizabeth, une des cinq filles de la famille Bennet, incarne une héroïne d'une incroyable modernité (pour un roman publié en 1813). Dans une société où l'avenir d'une femme ne peut passer que par le mariage, l'arrivée à Netherfield Park d'un riche rentier et d'un de ses amis, l'orgueilleux Mr Darcy, met tout la famille d'Elizabeth en effervescence et déclanche une série de péripéties cruelles et drôles. Elizabeth, elle, est trop fière pour s'imaginer dépendre d'un homme, mais pourra-t-elle résister à l'amour? (Niveau 2). Du même auteur, suivez passionnément les errances sentimentales des sœurs Dashwood dans Raison et sentiments (Niveau 2).
Toujours dans les grands classiques anglais, retrouvons nos peurs d’enfant en lisant le très injuste sort d’Oliver Twist de DICKENS (Niveau 1) ou passons la journée avec Mrs Dalloway de Virginia WOOLF (Niveau 4) (qui a inspiré le magnifique roman Les Heures, de Michaël CUNNINGHAM - Niveau 3).

Have a nice time !

Première partie de Qu'est-ce que tu lis pour les vacances ici.
Tous les auteurs made in England sur le blog ici.

13 juin 2009

Qu'est-ce que tu lis pour les vacances 2009? #1

L’été est à nos portes et, pour nombre d’entre nous, c’est aussi bientôt les vacances !

Les journaux et les magazines ne vont pas tarder à recenser, si ce n'est déjà fait, ce qu’on appelle désormais les « livres de plage ». Alors nous aussi, et ce sera l’occasion de fêter la fin de la première saison de notre blog, nous avons voulu vous proposer quelques titres, d’hier et d’aujourd’hui, à emporter en vacances ou, ne soyons pas restrictifs, à la piscine, au parc, dans le jardin ou à la terrasse d’un café (l’idée étant, vous l’aurez compris, d’être détendus et prêts à se plonger dans une lecture captivante).

Commençons avec le grand ami des lectures de vacances : le polar !
Pour ceux qui auraient échappé au phénomène, profitez de l’été pour découvrir Millénium, la palpitante trilogie de Stieg LARSON (nous en avions déjà dit beaucoup de bien ici). Ou encore, les univers rafraîchissants d’autres auteurs du Nord (utiles en période de canicule) comme le champion de sa catégorie, Henning MANKEL. Certains connaissent déjà Le retour du professeur de danse, ou encore La lionne blanche (sans oublier Tea-Bag dont nous avons parlé ici. Nous vous conseillons cette fois-ci une autre aventure du commissaire Wallander : Les morts de la Saint-Jean (Niveau 2). Dans ce suspense digne des grands thrillers américains, nous suivons Wallander sur la piste d’un mystérieux tueur en série. Les indices s’accumulent mais ne se rattachent pas les uns aux autres. Le commissaire solitaire parviendra-t-il à arrêter le coupable avant de nouveaux meurtres ? (Pour d'autres auteurs venus du Nord, un petit rappel ici.)
Revenons dans nos contrées et amusons-nous avec les codes du polar traditionnel grâce aux enquêtes du commissaire Adamsberg de Fred VARGAS (Niveau 1). La romancière française est parvenue à créer, au fil de ses romans, un personnage lunaire et attachant, qui, dans ses drôles d’enquêtes, nous fait découvrir tout un univers décalé. Nous conseillons Pars vite et reviens tard, Sous les vents de Neptune et, le dernier sorti, Un lieu incertain, où Adamsberg suit la piste de tueurs de vampires…
Ou encore, pour les dandys amateurs de bons mots et d’énigmes, retrouvez Oscar Wilde jouant les Sherlock Holmes dans Le meurtre aux chandelles de Gyles BRANDRETH (Niveau 2). Wilde décide de mener une enquête suite à la découverte du cadavre d’un jeune garçon. L’occasion de voyager dans l’Angleterre de la fin du 19ème siècle, avec pour guide le flamboyant auteur du Portrait de Dorian Gray.
A la limite entre le polar et le roman de mœurs, Le dernier des Weynfeldt, de Martin SUTER (Niveau 3) (auteur dont nous avons déjà parlé ici). Adrian Weynfeldt, expert dans le marché de l’art et riche héritier d’une famille d’industriels zurichois, croise dans un bar Lorena, une mystérieuse femme qui, le lendemain, tente de se jeter du balcon d’Adrian avant de disparaître. Parallèlement à cette rencontre, un de ses connaissances lui propose de mettre en vente un faux : la copie d’un tableau du peintre Valloton… Et c’est le début des ennuis… Un roman élégant et léger sur le thème de la tromperie et du rapport à l’argent.


L’été, c’est aussi l’occasion de prendre le temps et qui dit temps dit : brique !
Nous avons déjà évoqué ici notre amour pour Jonathan COE. Si vous ne le connaissez pas encore, précipitez-vous sur le diptyque Bienvenue au club et Le cercle fermé (Niveau 3). Le premier roman suit le parcours d’un groupe d’adolescents à Birmingham dans les années 70. Premiers émois amoureux, questions existentielles et découvertes des idéaux, dans un climat de grands mouvements sociaux et politiques. Jonathan COE parvient, avec finesse et humour, à articuler la grande et la petite histoire. Dans Le cercle fermé, nous retrouvons les mêmes personnages, vingt ans plus tard. Que sont devenus leurs rêves et leurs espoirs à l’heure où le pays rentre dans le nouveau millénaire ?
Autre parcours, celui de Claude, jeune pianiste surdoué, héros de Corps et âme de Frank CONROY (Niveau 4). D’une enfance passée dans un appartement en sous-sol à New York à la découverte de son art, ce roman initiatique est une immersion dans le monde de la musique.
Plus léger mais tout aussi passionnant, L’ombre du vent, de Carlos Luis ZAFON (Niveau 3). Un best-seller international qui nous raconte les aventures d’un jeune garçon à la recherche d’un mystérieux écrivain à Barcelone à l’époque de Franco. Un roman haletant à la construction impeccable.

Dans la même catégorie (à savoir : ne soyez pas arrêtés par le nombre de pages), il y a encore Les falsificateurs d’Antoine BELLO, Le grand livre des gnomes de Terry PRATCHETT ou encore ces autres briques (et leur suite).

Pour changer un peu de ton, évoquons maintenant une saga qui est devenue, au fil des années, culte : Les chroniques de San Francisco d’Armistead MAUPIN (Niveau 2). Mary-Ann, une petite provinciale, débarque à San Francisco dans les années 80 et s’installe dans une maison tenue par Mme Madrigal, logeuse excentrique aux petits soins pour ses pensionnaires : Mouse, le jeune gay, Brian le séducteur ou encore l’étrange Mona. Tout ce petit monde cohabite joyeusement et vit de nombreuses aventures. MAUPIN est un dialoguiste hors pair qui parvient à captiver le lecteur dès les premières pages. On rit, on espère, on s’attache aux personnages et parfois on pleure un peu : c’est comme une série télé!

Aux Etats-Unis toujours, mais dans les années septante, Les charmes discrets de la vie conjugale de Douglas KENNEDY (Niveau 3). Malgré des parents progressistes, Hannah ne rêve que d’une vie tranquille auprès de son mari médecin. Mais l’ennui et la routine vont amener la jeune desperate housewife à se rendre complice d’un délit. Trente ans après, dans l’Amérique puritaine et sécuritaire de l’après 11 septembre, le passé d’Hannah refait surface et l’équilibre précaire de son quotidien de basculer… A travers la vie banale d’une mère de famille, KENNEDY dresse un portrait sans concession d’une société en proie à la paranoïa. (Et pour un mot sur son dernier roman, un petit clic ici). Dans un autre contexte et du même auteur, La poursuite du bonheur raconte une histoire d’amour à l’époque du maccarthysme.

A suivre ici.

19 mars 2009

Lecture sur canapé

Nous n’ignorons pas, bien-sûr, les vertus thérapeutiques de la lecture. Et depuis les écrits de Freud, nombreux sont les auteurs qui insèrent les théories du père de la psychanalyse dans leur récit. Mais certains vont plus loin, faisant de ces théories la base même de leur intrigue. On peut épingler, dans cette veine, deux polars : Le meurtre du samedi matin de Batya GOUR (Niveau 2) et Mensonges sur le divan de Irvin D. YALOM (Niveau 3).
Le premier raconte une aventure de Michaël Ohayon, policier israélien, personnage récurent de l’œuvre de GOUR, qui enquête sur l’assassinat d’une analyste de renommée internationale. Se poseront alors des questions déontologiques importantes dans le travail thérapeutique.
Le second met en scène un psychanalyste de renom que sa nouvelle patiente est bien décidée à détruire, persuadée qu’il est la cause de la séparation d’avec son mari. Mais le travail analytique risque de bouleverser les certitudes de cette avocate redoutable, de son thérapeute mais aussi du mentor de celui-ci, un psychanalyste ambitieux en prise avec ses propres démons.
Et puisque l’on parle de Irvin D. YALOM, précisons qu’il est aussi l’auteur de La méthode Schopenhauer (Niveau 4), un livre brillant et surprenant, qui n’est pas un policier mais qu’on lit comme un thriller, suivant passionnément une thérapie de groupe – et le destin de ses protagonistes – , interrompue ici et là par la narration de la vie d’un des plus grands philosophes du siècle dernier, Arthur Schopenhauer.
Allongez-vous et… lisez.

8 janvier 2009

Des pavés et... leur suite!

Environ mille pages, une intrigue passionnante, une finesse d’écriture et… une suite.
Ce sont les points communs des romans Dans la main du Diable, d’Anne-Marie GARAT (niveau 3) et de La Rose Pourpre et le Lys de Michel FABER (niveau 4).
Le premier se situe à la veille de la première guerre mondiale. Une jeune femme, Gabrielle Demachy, nous entraîne de Paris à la Birmanie, en passant par Budapest et Venise, dans une aventure périlleuse à la recherche de l’homme qu’elle aime et qui a disparu mystérieusement. Un roman puissant avec la société moderne et ses innovations pour cadre. Et puisqu’on en redemande, Anne-Marie GARAT nous fait l’immense joie de publier L’Enfant des Ténèbres, la suite, aussi forte et… aussi longue que le premier.
La Rose Pourpre et le Lys décrit le Londres de 1875 et confronte le monde de la misère, avec le personnage de Sugar, prostituée cultivée, et celui de la bourgeoisie montante, incarnée par William Rackham, riche parfumeur qui va s’éprendre de cette dernière. Et, parce qu’après plus de mille pages, vous resterez sur votre faim, Michel FABER vous offre Les contes de la Rose Pourpre, recueil de nouvelles dans lequel vous retrouverez certains personnages importants ou secondaires du roman, dans des intrigues antérieures ou postérieures à celui-ci.

6 janvier 2009

Le polar qui vient du froid

Depuis quelques temps, apparaissent sur les étals de nos librairies de plus en plus de romans policiers d'auteurs aux noms imprononçables. Suédois, Danois ou encore Finlandais, les romanciers du Nord semblent particulièrement aguerris dans l’art du polar.
Nous ne présenterons plus les suédois Stieg LARSSON, auteur de la trilogie désormais culte, Millénium (dont nous avons déjà parlé ici), ni Henning MANKELL, père du commissaire Wallander, dont les enquêtes sont le prétexte à l’analyse de la société suédoise ou de morceaux d’histoire (on en parle ici).
Egalement suédoises, Camilla LÄCKBERG (La Princesse des Glaces) et Karin ALVTEGEN (Recherchée ; Ténébreuses) sont aussi spécialistes de sueurs froides. Des intrigues passionnantes mais peut-être plus de légèreté que dans les œuvres de leurs éminents collègues masculins.
Epinglons encore Arnaldur INDRIDASON, auteur islandais, dont le personnage du commissaire Erlendur, spécialiste dans les disparitions, est déjà présents dans quatre romans dont La Voix, roman sur la mort étrange d’un père Noël dans un grand hôtel et L’Homme du Lac, le dernier en date, dont l’intrigue se déroule sur fond de guerre froide. Une ambiance noire et glaciale.
De quoi réchauffer vos soirées d’hiver.