Entre deux plongeons (on peut davantage, dans mon cas, parler de « plouf ») dans la piscine, entre deux expos, entre deux trains, entre deux Spritz: des pages et des pages. Bilan de deux mois de lectures estivales, côté Consonne/Xavier.
Du côté du vidage de la PAL : comme ma chère et tendre co-blogueuse, j’en ai également profité pour aller du côté des lectures recommandées sur notre blog par Voyelle/Amandine (et du même coup, m’avancer pour les lectures de l’année scolaire qui s’annonce…). Au programme : la finesse et la puissance de Fille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates, le tourisme européen de Ceux qui marchent dans les villes de Jean-François Dauven, la comédie philosophico-psychanalytique de La méthode Schopenhauer de Irvin D. Yalom et le dernier Siri Hustvedt, Un été sans les hommes. Si d’ordinaire Amandine et moi sommes sur la même longueur d’ondes, pour le coup, nous ne partageons pas le même avis. Beaucoup d’ennui devant le bavardage névrotique de l’héroïne et peu de place pour l’émotion, ensevelie sous les citations et les petits dessins.
Pour le reste, trois titres, trois livres de genre.
Un polar de saison : Été de Mons KALLENTOFT, deuxième volume des enquêtes de Malin Fors, confrontée ici à une série de crimes sexuels sordides alors que la canicule et les incendies de forêt font peser une chape de plomb sur la Suède. Les personnages sont attachants (c’est l’effet série des livres avec des héros récurrents) et l’intrigue mieux condensée que dans Hiver (le premier volume). Pas une révolution mais du très bon polar.
Un roman de SF : Spin, de Robert Charles WILSON. Je ne suis habituellement pas un lecteur de SF mais je cherchais un titre à pouvoir proposer aux élèves. Et même si, honnêtement, cette lecture ne m’a pas transformé en addict du genre, le côté très humain de ce roman m’a beaucoup plu. Pas d’extra-terrestres, de soucoupes volantes (ok, mais vision de la SF est un peu limitée…) mais des hommes face à une situation inconnue et pour le moins flippante : la terre se retrouve, du jour au lendemain, entourée par une barrière invisible et perméable qui l’isole du reste de l’univers : le Spin. À l’extérieur de cette membrane, le temps s’écoule à une vitesse plus rapide que celle de la terre, accélérant ainsi l’évolution du Soleil qui pourrait finir par embraser notre planète. Pas d’explication à ces phénomènes si ce n’est l’intervention d’une puissance qui nous dépasse et dont les intentions nous sont inconnues. Au centre du roman, trois personnages, trois adolescents qui vont grandir avec le Spin et tenter, chacun à leur manière, de lui donner du sens.
Un roman noir : American Death Trip, de James ELLROY. Deuxième volume de la triologie Underworld USA (dont j’ai déjà parlé ici). Le style sec et percutant d’ELLROY se décline ici sur plus de 900 pages qui vont de la mort de JFK à celle de son frère Bobby. Dans ce mélange de fiction et de réalité historique, on retrouve les principaux personnages d’American Tabloïd qui, de Las Vegas au Vietnam, tissent des liens entre le monde du crime organisé et celui des autorités américaines. Violence extrême, cruauté, personnages en perte de repères dans un monde qui n’est que jeu de pouvoir et trahison : le roman noir a rarement aussi bien porté son nom. Cœurs sensibles s’abstenir : les assassinats et les morts s’entassent au fil des pages (et personne ne meurt le sourire aux lèvres pendant son sommeil…). Mais même sur la longueur, la puissance de l’écriture d’ELLROY tient en haleine et nous plonge dans un voyage au plus profond de ce que l’auteur semble considérer comme la racine du mal qui gangrène les USA.
Bonne rentrée à toutes et tous !
Références :
American Death Trip, James ELLROY, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias, Rivages/Noir, 2003 (Niveau 4)
Été, Mons KALLENTOFT, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, Le Serpent à Plumes, 2010 (Niveau 2)
Spin, Robert Charles WILSON, traduit de l’anglais (États-Unis) par Gilles Goullet, Folio SF, 2010 (Niveau 2)