Farce politique et médiatique avec pour cadre le comble de l’exotisme: la Belgique.
En 1970, une révolution éclate aux Pays-Bas et se répand à la Belgique et au Luxembourg. Depuis lors, le Benelux, territoire d’un empire aux frontières infranchissables, est devenu terra incognita. Un groupe d’intellectuels parisiens, avec à leur tête Pierre-Jean Gould (un intellectuel parisien à trois initiales, ça ne vous dit rien ?), se prépare à embarquer pour une destination inédite et ô combien extrême : la Belgique !
Cette satire burlesque et mordante s’articule autour de deux récits. D’un côté, le journal intime d’Astrid, une jeune Belge, qui décrit de l’intérieur le fonctionnement de l’Empire. De l’autre, le compte rendu du voyage des Français qui ne verront de l’Empire que ce que leurs hôtes voudront bien leur montrer.
Mais que se passe-t-il de si extraordinaire en Belgique, me demanderez-vous ? Et bien une révolution d’un genre nouveau, si j’ose dire : les femmes ont pris le pouvoir ! Sous la férule d’Ingrid et de Judith, respectivement Grande Bergère et Bergère, les femmes ont installé un régime totalitaire aux accents féministes et lesbiens. Les Français parviendont-ils à voir ce qui se cache réellement sous la façade souriante et bon enfant des sujettes de l'Empire ?
Il ne m’aura fallu que deux pages pour sauter à pieds joints dans ce roman à l’humour grinçant. La description de l’état totalitaire fait écho à 1984 (notamment par de clins d'œil dans le récit d'Astrid) mais sous l’angle de l’ironie ou de l’humour noir, tant les lubies et la démesure du pouvoir y sont poussées à l’extrême. L’attitude docile et souvent béate des visiteurs français tient clairement de la farce. J’ai pensé plusieurs fois à Délégation de très faut niveau, ce numéro culte de l’émission Stip Tease sur la mission de parlementaires belges en Corée du Nord (à voir ici).
Après Contes carnivores, recueil de nouvelles qui lorgnaient du côté du fantastique (Prix Rossel 2008), Bernard QUIRINY propose un roman original, bourré d’imagination et qui parvient, par l’humour, à proposer une réflexion sur la politique, la manipulation et la vanité d’une certaine élite intellectuelle parfois coupée de la réalité. Même si le rythme est parfois inégal, c’est une lecture réjouissante qui redynamise le genre passionnant de la contre-utopie. Et puis, alors que notre pays est embourbé dans des négociations institutionnelles sans fin, il est amusant d’imaginer cette autre Belgique (même si, en tant qu’homme, l’empire des Bergères n’a rien de très réjouissant…).
Sébastien L, à qui je disais mon impossibilité de lire la livraison annuelle d’Amélie Nothomb, me demandait de lui conseiller des auteurs belges ; en voici un qui vaut le détour.
PS: Pour ceux qui voudraient aller plus loin dans leur découverte de la littérature belge (et des auteurs belges francophones), Reka propose un challenge à découvrir ici.
En 1970, une révolution éclate aux Pays-Bas et se répand à la Belgique et au Luxembourg. Depuis lors, le Benelux, territoire d’un empire aux frontières infranchissables, est devenu terra incognita. Un groupe d’intellectuels parisiens, avec à leur tête Pierre-Jean Gould (un intellectuel parisien à trois initiales, ça ne vous dit rien ?), se prépare à embarquer pour une destination inédite et ô combien extrême : la Belgique !
Cette satire burlesque et mordante s’articule autour de deux récits. D’un côté, le journal intime d’Astrid, une jeune Belge, qui décrit de l’intérieur le fonctionnement de l’Empire. De l’autre, le compte rendu du voyage des Français qui ne verront de l’Empire que ce que leurs hôtes voudront bien leur montrer.
Mais que se passe-t-il de si extraordinaire en Belgique, me demanderez-vous ? Et bien une révolution d’un genre nouveau, si j’ose dire : les femmes ont pris le pouvoir ! Sous la férule d’Ingrid et de Judith, respectivement Grande Bergère et Bergère, les femmes ont installé un régime totalitaire aux accents féministes et lesbiens. Les Français parviendont-ils à voir ce qui se cache réellement sous la façade souriante et bon enfant des sujettes de l'Empire ?
Il ne m’aura fallu que deux pages pour sauter à pieds joints dans ce roman à l’humour grinçant. La description de l’état totalitaire fait écho à 1984 (notamment par de clins d'œil dans le récit d'Astrid) mais sous l’angle de l’ironie ou de l’humour noir, tant les lubies et la démesure du pouvoir y sont poussées à l’extrême. L’attitude docile et souvent béate des visiteurs français tient clairement de la farce. J’ai pensé plusieurs fois à Délégation de très faut niveau, ce numéro culte de l’émission Stip Tease sur la mission de parlementaires belges en Corée du Nord (à voir ici).
Après Contes carnivores, recueil de nouvelles qui lorgnaient du côté du fantastique (Prix Rossel 2008), Bernard QUIRINY propose un roman original, bourré d’imagination et qui parvient, par l’humour, à proposer une réflexion sur la politique, la manipulation et la vanité d’une certaine élite intellectuelle parfois coupée de la réalité. Même si le rythme est parfois inégal, c’est une lecture réjouissante qui redynamise le genre passionnant de la contre-utopie. Et puis, alors que notre pays est embourbé dans des négociations institutionnelles sans fin, il est amusant d’imaginer cette autre Belgique (même si, en tant qu’homme, l’empire des Bergères n’a rien de très réjouissant…).
Sébastien L, à qui je disais mon impossibilité de lire la livraison annuelle d’Amélie Nothomb, me demandait de lui conseiller des auteurs belges ; en voici un qui vaut le détour.
PS: Pour ceux qui voudraient aller plus loin dans leur découverte de la littérature belge (et des auteurs belges francophones), Reka propose un challenge à découvrir ici.