Esclaves heureux, Tom
LANOYE
Le premier, un informaticien en cavale depuis la faillite de
la banque qui l’employait, tente de repartir à zéro en se lançant dans le
braconnage en Afrique du Sud.
Le second, ancien marin, joueur invétéré, balade à travers
Buenos Aires l’antique épouse d’un mafieux chinois à qui il doit une grosse
somme d’argent, remboursable en nature…
C’est là, à San Telmo, l’un des plus vieux quartiers, fondé jadis par des
réfugiés italiens et des esclaves noirs en fuite, qui devint ensuite le berceau
du tango, du trafic d’armes et de la folie footballistique, que nous découvrons
Tony Hanssen. Suant et ahanant au second étage d’une maison de maître rénovée à
la manière kitsch, une casa de turistas,
il est en train de satisfaire les sens d’une matrone chinoise, sur la demande
insistante de celle-ci, mais à contrecœur. Au-dessus de leur tête, un
ventilateur déglingué bat de l’aile, climatiseur antique et charmant qui grince
et gémit plus fort que le lit.
Entre les deux homonymes qui s’ignorent, un fil tendu,
invisible. Reliés par les désillusions, les combines et les coups du sort, les
deux hommes finiront, bien évidemment, par se croiser et par unir, pour le
meilleur ou pour le pire, leurs trajectoires déracinées.
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Comme toujours chez Tom Lanoye, le ton oscille entre tragique et comique. La première partie du roman passe d’un Tony Hanssen à l’autre et nous les présente dans ce moment où tout bascule. L’écriture est précise, rythmée et, comme toujours chez l’auteur, riche en arabesques qui étonnent et amusent.
Par la suite, on passe du roman noir à la série b, le tout sur fond de mondialisation criminelle et de crise financière. Un mélange baroque et étonnant qui montre une autre facette de Tom Lanoye, plus romanesque.
Le prologue est à lire sur le site de l’éditeur.
Référence :
Esclaves heureux, Tom
LANOYE, traduit du néerlandais (Belgique) par Alain van Crugten, Éditions de La
Différence, 2015.