30 juin 2009

Prix des lycéens du cinéma











Une nonne marginale, une maison au bord de l'autoroute, les amours impossibles d'une unijambiste et d'un amnésique, une jeune réfugiée déboussolée, un road-movie en Wallonie...

Le prix des lycéens du cinéma belge francophone: un projet qui nous tient à coeur et que nous invitons nos collègues à découvrir.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, il s'agit de regarder et d'exploiter en classe cinq longs métrages et, au final, de leur attribuer différents prix. Les précédentes éditions étaient un succès et, en voyant la nouvelle sélection, nous parions que celle-ci vaudra aussi le détour...

Inscrivez-vous rapidement ici: les places sont limitées.


21 juin 2009

La solitude des nombres premiers

La solitude des nombres premiers, Paolo GIORDANO

Une petite fille, Alice, fait une chute à ski qui lui laissera à jamais une cicatrice dans le bas du ventre et une jambe boiteuse. Mattia, un petit garçon au QI prometteur, abandonne sa soeur jumelle dans un parc: retardée, insortable, elle est la risée des autres enfants et un frein à la vie sociale de Mattia. Ces deux événements, la chute et l'abandon, auront de lourdes conséquences pour le futur d'Alice et Mattia.
Plus tard, quand ils se croiseront à l'école, ils se reconnaîtront et Mattia, alors passionné par les mathématiques, verra dans leur impossible couple des nombres premiers jumeaux. Les nombres premiers sont solitaires, divisibles seulement par 1 ou par eux-mêmes. Mais les nombres premiers jumeaux ne sont séparés que par un nombre pair et peuvent, peut-être, se recontrer.
Le roman suit la vie d'Alice et Mattia, à différentes étapes, dans la construction de leur identité solitaire et leurs tentatives désespérées de faire partie du monde. Le ton est clairement mélancolique mais GIORDANO parvient à éviter les écueils de la psychologisation outrancière et des sentiments faciles. Un premier roman touchant et précis.

Et pour ceux qui veulent conjuguer littérature et mathématiques, nous vous rappelons Les arpenteurs du monde de Daniel KEHLMANN et La formule préférée du professeur de Yoko OGAWA.

13 juin 2009

Qu'est-ce que tu lis pour les vacances 2009? #1

L’été est à nos portes et, pour nombre d’entre nous, c’est aussi bientôt les vacances !

Les journaux et les magazines ne vont pas tarder à recenser, si ce n'est déjà fait, ce qu’on appelle désormais les « livres de plage ». Alors nous aussi, et ce sera l’occasion de fêter la fin de la première saison de notre blog, nous avons voulu vous proposer quelques titres, d’hier et d’aujourd’hui, à emporter en vacances ou, ne soyons pas restrictifs, à la piscine, au parc, dans le jardin ou à la terrasse d’un café (l’idée étant, vous l’aurez compris, d’être détendus et prêts à se plonger dans une lecture captivante).

Commençons avec le grand ami des lectures de vacances : le polar !
Pour ceux qui auraient échappé au phénomène, profitez de l’été pour découvrir Millénium, la palpitante trilogie de Stieg LARSON (nous en avions déjà dit beaucoup de bien ici). Ou encore, les univers rafraîchissants d’autres auteurs du Nord (utiles en période de canicule) comme le champion de sa catégorie, Henning MANKEL. Certains connaissent déjà Le retour du professeur de danse, ou encore La lionne blanche (sans oublier Tea-Bag dont nous avons parlé ici. Nous vous conseillons cette fois-ci une autre aventure du commissaire Wallander : Les morts de la Saint-Jean (Niveau 2). Dans ce suspense digne des grands thrillers américains, nous suivons Wallander sur la piste d’un mystérieux tueur en série. Les indices s’accumulent mais ne se rattachent pas les uns aux autres. Le commissaire solitaire parviendra-t-il à arrêter le coupable avant de nouveaux meurtres ? (Pour d'autres auteurs venus du Nord, un petit rappel ici.)
Revenons dans nos contrées et amusons-nous avec les codes du polar traditionnel grâce aux enquêtes du commissaire Adamsberg de Fred VARGAS (Niveau 1). La romancière française est parvenue à créer, au fil de ses romans, un personnage lunaire et attachant, qui, dans ses drôles d’enquêtes, nous fait découvrir tout un univers décalé. Nous conseillons Pars vite et reviens tard, Sous les vents de Neptune et, le dernier sorti, Un lieu incertain, où Adamsberg suit la piste de tueurs de vampires…
Ou encore, pour les dandys amateurs de bons mots et d’énigmes, retrouvez Oscar Wilde jouant les Sherlock Holmes dans Le meurtre aux chandelles de Gyles BRANDRETH (Niveau 2). Wilde décide de mener une enquête suite à la découverte du cadavre d’un jeune garçon. L’occasion de voyager dans l’Angleterre de la fin du 19ème siècle, avec pour guide le flamboyant auteur du Portrait de Dorian Gray.
A la limite entre le polar et le roman de mœurs, Le dernier des Weynfeldt, de Martin SUTER (Niveau 3) (auteur dont nous avons déjà parlé ici). Adrian Weynfeldt, expert dans le marché de l’art et riche héritier d’une famille d’industriels zurichois, croise dans un bar Lorena, une mystérieuse femme qui, le lendemain, tente de se jeter du balcon d’Adrian avant de disparaître. Parallèlement à cette rencontre, un de ses connaissances lui propose de mettre en vente un faux : la copie d’un tableau du peintre Valloton… Et c’est le début des ennuis… Un roman élégant et léger sur le thème de la tromperie et du rapport à l’argent.


L’été, c’est aussi l’occasion de prendre le temps et qui dit temps dit : brique !
Nous avons déjà évoqué ici notre amour pour Jonathan COE. Si vous ne le connaissez pas encore, précipitez-vous sur le diptyque Bienvenue au club et Le cercle fermé (Niveau 3). Le premier roman suit le parcours d’un groupe d’adolescents à Birmingham dans les années 70. Premiers émois amoureux, questions existentielles et découvertes des idéaux, dans un climat de grands mouvements sociaux et politiques. Jonathan COE parvient, avec finesse et humour, à articuler la grande et la petite histoire. Dans Le cercle fermé, nous retrouvons les mêmes personnages, vingt ans plus tard. Que sont devenus leurs rêves et leurs espoirs à l’heure où le pays rentre dans le nouveau millénaire ?
Autre parcours, celui de Claude, jeune pianiste surdoué, héros de Corps et âme de Frank CONROY (Niveau 4). D’une enfance passée dans un appartement en sous-sol à New York à la découverte de son art, ce roman initiatique est une immersion dans le monde de la musique.
Plus léger mais tout aussi passionnant, L’ombre du vent, de Carlos Luis ZAFON (Niveau 3). Un best-seller international qui nous raconte les aventures d’un jeune garçon à la recherche d’un mystérieux écrivain à Barcelone à l’époque de Franco. Un roman haletant à la construction impeccable.

Dans la même catégorie (à savoir : ne soyez pas arrêtés par le nombre de pages), il y a encore Les falsificateurs d’Antoine BELLO, Le grand livre des gnomes de Terry PRATCHETT ou encore ces autres briques (et leur suite).

Pour changer un peu de ton, évoquons maintenant une saga qui est devenue, au fil des années, culte : Les chroniques de San Francisco d’Armistead MAUPIN (Niveau 2). Mary-Ann, une petite provinciale, débarque à San Francisco dans les années 80 et s’installe dans une maison tenue par Mme Madrigal, logeuse excentrique aux petits soins pour ses pensionnaires : Mouse, le jeune gay, Brian le séducteur ou encore l’étrange Mona. Tout ce petit monde cohabite joyeusement et vit de nombreuses aventures. MAUPIN est un dialoguiste hors pair qui parvient à captiver le lecteur dès les premières pages. On rit, on espère, on s’attache aux personnages et parfois on pleure un peu : c’est comme une série télé!

Aux Etats-Unis toujours, mais dans les années septante, Les charmes discrets de la vie conjugale de Douglas KENNEDY (Niveau 3). Malgré des parents progressistes, Hannah ne rêve que d’une vie tranquille auprès de son mari médecin. Mais l’ennui et la routine vont amener la jeune desperate housewife à se rendre complice d’un délit. Trente ans après, dans l’Amérique puritaine et sécuritaire de l’après 11 septembre, le passé d’Hannah refait surface et l’équilibre précaire de son quotidien de basculer… A travers la vie banale d’une mère de famille, KENNEDY dresse un portrait sans concession d’une société en proie à la paranoïa. (Et pour un mot sur son dernier roman, un petit clic ici). Dans un autre contexte et du même auteur, La poursuite du bonheur raconte une histoire d’amour à l’époque du maccarthysme.

A suivre ici.

4 juin 2009

Contre-enquête sur la mort d'Emma Bovary

Contre-enquête sur la mort d’Emma Bovary, Philippe DOUMENC

Et si Emma Bovary ne s’était pas suicidée, contrairement à ce que vous avez lu chez Flaubert ou à ce que vous a dit et redit votre bien aimé professeur de français. Si la pauvre Emma avait en réalité été assassinée ? C’est le point de départ de ce roman qui s’amuse (et nous amuse) à reprendre tous les personnages de l’univers très fermé de Madame Bovary et de les faire revivre le temps d’une enquête.
Un petit livre sans prétention, et sans le style de Flaubert…

Quitter le monde

Quitter le monde, Douglas KENNEDY

Chez Douglas KENNEDY, il y a toujours des personnages attachants, souvent incapables de trouver le bonheur, leur chute et ensuite leur lente remontée, grâce à une force insoupçonnée et à des alliés inattendus qui leur redonnent goût à la vie. Ces récits, forts en rebondissements, sont aussi prétextes à une critique virulente de l’Amérique d’aujourd’hui et d’hier. On se souviendra des Charmes discrets de la vie conjugale et de La Poursuite du bonheur qui nous avaient passionnés (et dont nous disons un mot ici). KENNEDY revient aujourd’hui avec Quitter le Monde.
C’est le personnage de Jane, jeune universitaire détentrice d’un doctorat en littérature à Harvard, qui souhaite quitter le monde après les nombreuses tragédies qui ont détruit sa vie : un père manipulateur, une mère culpabilisatrice, la perte de son amant, la trahison de son compagnon et surtout, la mort de sa petite fille. Et pourtant, malgré sa décision de tout quitter, elle remontera lentement à la surface. Histoire d’amour, tragédie, intrigue policière, KENNEDY mélange les genres et les univers, passant presque sans transition du monde universitaire à celui, impitoyable des traders. Haletant mais peut-être un peu décousu…

Ce que le jour doit à la nuit

Ce que le jour doit à la nuit, Yasmina KHADRA

Le dernier roman de Yasmina KHADRA relate la vie, des années 30 à nos jours, de Younès, un garçon algérien. Le père de Younès ayant tout perdu, celui-ci sera confié à son oncle, marié à une française, qui tentera de lui donner la meilleure éducation possible. Les conflits qui agitent ensuite le pays troubleront l’existence du jeune homme, déchiré entre son milieu pied-noir et son origine algérienne.
Un beau récit de vie marquée par la tragédie mais peut-être parfois un peu consensuel. Si on ne s’ennuie pas, on ne retrouve pas, dans ce dernier roman, le souffle et la force avec lesquels KHADRA nous avait séduits, notamment dans ce petit chef d’œuvre de justesse, L’Attentat, qui parlait sans concession du conflit israëlo-palestinien.