E.M. FORSTER, Avec vue sur l’Arno
Christopher ISHERWOOD, Adieu à Berlin
Rangez les Routards, les Cartovilles et les Guides verts: partez en vacances avec un écrivain anglais. À Berlin ou à Florence, l’exotisme est toujours une question de point de vue.
Deux écrivains anglais (presque contemporains l’un de l’autre) pour préparer (ou prolonger) ses vacances en Allemagne et en Italie. Si Berlin et la Toscane n’ont pas grand chose en commun, ce qui rapproche ces deux livres c’est bien le regard fasciné de leur auteur sur un monde nouveau qui, malgré sa rudesse ou ses inconvénients, lui ouvre les portes d’une autre façon de vivre.
Avec vue sur l’Arno est le troisième roman d’E.M. Forster et, après Monteriano (dont nous avions parlé ici), il constitue sa deuxième escale italienne. On y retrouve le douloureux problème du syndrome toscan : la beauté des lieux agit comme un puissant exhausteur de sensations et pousse le touriste aux mœurs victoriennes à baisser la garde.
En voyage en Italie sous la haute protection de son chaperon, Lucy fait la connaissance de l’étrange George Emerson. Et, quelque part dans la campagne sur les hauteurs de Florence, connaît un instant d’abandon qui la poursuivra jusqu’à son retour en Angleterre.
[…] le terrain céda et la jeune fille, avec un cri de surprise, se trouva dévalant hors du taillis. Lumière et beauté l’enveloppèrent. Elle était précipitée sur une terrasse à ciel ouvert, tapissée de violettes d’un bout à l’autre.
— Courage ! lui cria son compagnon qui la surplombait maintenant de six pieds. Courage et amour !
Dans cette comédie romantique, Forster peint avec beaucoup de finesse et d’humour l’étroitesse d’esprit de ses contemporains, leurs préjugés. À travers son personnage féminin, il signe un beau roman d’initiation sur la recherche de la liberté et, même s'il ne s'intéresse à la Toscane qu'aux premiers chapitres, montre également une amusante galerie d'Anglais en vacances, chacun chamboulé à leur façon par l'exotisme florentin.
Christopher ISHERWOOD, Adieu à Berlin
Rangez les Routards, les Cartovilles et les Guides verts: partez en vacances avec un écrivain anglais. À Berlin ou à Florence, l’exotisme est toujours une question de point de vue.
Deux écrivains anglais (presque contemporains l’un de l’autre) pour préparer (ou prolonger) ses vacances en Allemagne et en Italie. Si Berlin et la Toscane n’ont pas grand chose en commun, ce qui rapproche ces deux livres c’est bien le regard fasciné de leur auteur sur un monde nouveau qui, malgré sa rudesse ou ses inconvénients, lui ouvre les portes d’une autre façon de vivre.
Avec vue sur l’Arno est le troisième roman d’E.M. Forster et, après Monteriano (dont nous avions parlé ici), il constitue sa deuxième escale italienne. On y retrouve le douloureux problème du syndrome toscan : la beauté des lieux agit comme un puissant exhausteur de sensations et pousse le touriste aux mœurs victoriennes à baisser la garde.
En voyage en Italie sous la haute protection de son chaperon, Lucy fait la connaissance de l’étrange George Emerson. Et, quelque part dans la campagne sur les hauteurs de Florence, connaît un instant d’abandon qui la poursuivra jusqu’à son retour en Angleterre.
[…] le terrain céda et la jeune fille, avec un cri de surprise, se trouva dévalant hors du taillis. Lumière et beauté l’enveloppèrent. Elle était précipitée sur une terrasse à ciel ouvert, tapissée de violettes d’un bout à l’autre.
— Courage ! lui cria son compagnon qui la surplombait maintenant de six pieds. Courage et amour !
Dans cette comédie romantique, Forster peint avec beaucoup de finesse et d’humour l’étroitesse d’esprit de ses contemporains, leurs préjugés. À travers son personnage féminin, il signe un beau roman d’initiation sur la recherche de la liberté et, même s'il ne s'intéresse à la Toscane qu'aux premiers chapitres, montre également une amusante galerie d'Anglais en vacances, chacun chamboulé à leur façon par l'exotisme florentin.
Dans un autre registre, celui de l’autobiographie, c’est également cette quête de liberté qui ressort de l’Adieu à Berlin de Christopher Isherwood. L’écrivain y séjourne dans l’entre-deux-guerres et vivote, au gré des rencontres, dans un univers bohème et festif. Centre des avant-gardes artistiques, Berlin est aussi à l’époque une ville où toutes les sexualités parviennent à s’exprimer de manière assez libre. Sans jamais aborder la sienne (si ce n’est par un silence qui en dit peut être davantage qu’il n’y paraît), Isherwood se campe en célibataire rompu aux tentatives de séduction féminines.
À Berlin, il tente d’écrire mais assure surtout sa subsistance grâce à des cours d’anglais qui lui permettent d’approcher, la journée, les membres de la haute société berlinoise tandis que le soir, il s’encanaille gentiment dans les bars et les cabarets. Il croise à plusieurs reprises le chemin de la pétillante Sally Bowles qui deviendra plus tard l’héroïne du musical Cabaret, tiré en grande partie des chroniques berlinoises d’Isherwood.
À côté de l’insouciance et de la légèreté d’une vie au jour le jour, le ton se fait plus sombre à mesure où le nazisme s’installe en Allemagne. L’air de rien, par une série de détails très finement observés, la peur fait son nid dans les rues et les foyers. Le livre devient alors le portrait nostalgique d’une époque et d’une ville vouée à disparaître.
Références:
E.M. FORSTER, Avec vue sur l’Arno, traduit de l’anglais par Charles Mauron, 10/18, 2000. (Réédité en 2014 en « Pavillons poche » chez Robert Laffont).
Christopher ISHERWOOD, Adieu à Berlin, traduit de l’anglais par Ludmila Savitzky, Grasset, « Les Cahiers rouges », 2014.