Bien plus qu’un polar, une fresque passionnante sur l’Amérique et le crime organisé. Un premier chouchou pour 2010.
Je n’oublierai pas Ernesto Perez. Des monstres de la littérature, des grands méchants, il est, de ce que j’ai lu jusqu’à aujourd’hui, l’un des plus cruels. Une sauvagerie presque animale, une froideur mécanique dans l’exécution de crimes commis au nom de la famille. Pas n’importe laquelle, bien sûr. Je veux parler de la familia, celle qui veille jalousement sur ses intérêts, sur sa petite chose, la cosa nostra…
Mais avant de rencontrer ce personnage hors norme, le roman s’ouvre magistralement sur une journée d’été torride à la Nouvelle-Orléans. Un mélange d’odeurs fétides et entêtantes et de bruits agressifs. Une ville qui semble fondre sous le soleil et révéler au monde sa beauté et sa laideur. Un cadavre affreusement mutilé est retrouvé dans une voiture d’un autre âge. C’est le garde du corps de la fille de Charles Ducane, gouverneur de Louisiane. Et la fille a disparu, enlevée par un étrange ravisseur, Ernesto Perez, qui, en échange, ne demande qu’à être entendu par Ray Hartmann, un simple fonctionnaire de Washington en pleine crise conjugale.
Perez a décidé de raconter sa vie, son parcours de cubain exilé aux Etats-Unis qui, presque d’instinct, choisit la voie du crime et du meurtre de sang-froid. Des compétences appréciées par la mafia qui fera de lui un tueur à gages.
Le récit de Perez retrace un demi-siècle de l’histoire des Etats-Unis à travers celle de la mafia. A côté des multiples chevilles ouvrières d’un système clandestin et complexe, on croise aussi de grands noms : Kennedy, Castro, Nixon, … Comme si cette grande nation s’était construite atour du crime, de la corruption et des trafics en tous genres.
Mais Vendetta est aussi un polar qui tient en haleine et regorge de suspense, car de la confession de Perez dépend le sort de la jeune fille kidnappée et c’est une course contre la montre que vont vivre les agents du FBI, Hartmann et le lecteur.
Premier livre lu en 2010 (première brique aussi) et déjà premier chouchou. Et en plus c’était un cadeau de Voyelle (aka Amandine).
La fresque qui prend forme à travers le discours de Perez est passionnante, tant dans sa dimension historique que dans ses implications individuelles. Perez est un être amoral dans un roman qui ne se veut jamais moralisant. Il commet les pires atrocités (attention aux lecteurs sensibles) mais fait preuve d’une grande lucidité sur ce qu’il est et les raisons de ses choix. Et, c’est assez étonnant, on finit même par éprouver une certaine empathie pour l’homme.
Ces grandes qualités romanesques sont aussi relevées par le souffle et la précision de l’écriture de ELLORY (qu’on avait déjà grandement appréciée ici). Les descriptions des lieux, des époques et des ambiances sont enlevées, minutieuses mais jamais pesantes. Et l’auteur met tout en œuvre pour nous faire véritablement rentrer dans la peau du personnage.
Non, vraiment, je ne suis pas prêt d’oublier Ernesto Perez.
*en gros : qu'est-ce que ça peut foutre ?
(Niveau 3)
je suis tout d'accord : un roman excellent. Un auteur excellent ! Je recommande chaudement pour ma part :-)
RépondreSupprimerAprès Seul le silence, j'ai envie de plus de légèreté ! Peut-être plus tard ...
RépondreSupprimer@ Véronique: c'est clair que la légèreté n'est pas le point fort d'Ellory! C'est du noir de noir.
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