31 mai 2010

Un petit frappé pour la route !

Le dresseur d’insectes, Arni THORARINSSON

Retour dans le grand Nord avec un polar ironique et efficace.

Akureyri, au Nord de l’Islande, début du mois d’août. La ville se lance dans plusieurs nuits de fête largement arrosées. De quoi donner du travail à la police locale. Sans compter l’arrivée en ville de deux stars américaines venues en repérage pour un film à venir.
Einar, le correspondant local du Journal du soir de Reykjavik, fait la chasse aux scoops, trop rares pour un quotidien qui tente de faire dans le sensationnel. La série d’articles sur une maison prétendument hantée tourne un peu en rond. Mais lorsqu’on y découvre le corps d’une jeune fille assassinée, Einar doit se lancer dans l’enquête…
 
Dans la famille « polardeux du grand Nord », on ne connaissait pas encore THORARINSSON, Islandais qui partage certainement avec INDRIDASSON le titre de pire ambassadeur de son pays ! Alcoolisme (le mot y apparaît plus souvent encore que chez ZOLA, c’est dire), fichage des citoyens, stérilisation des plus faibles et ennui qui pousse à tous les extrêmes… Le tableau est chargé, mais c’est finalement cet exotisme qui plait à la lecture. Et puis comment ne pas se sentir emporté par les noms des personnages : Olafur Gisli Kristjansson, Gunnhildur Bjargmundsdottir, …
Pour parler plus sérieusement, à côté d’une intrigue prenante et qui nous fait effectivement découvrir un univers qui semble coupé du reste du monde, l’originalité est ici le personnage du journaliste-enquêteur, un alcoolique repenti (qu’est-ce qu’on vous disait ?) à l’humour caustique.
 
Pas un polar qui va révolutionner le genre, mais, pour les amateurs, de l’efficacité et de l’ironie.

23 mai 2010

100% anglais mais dilué

Par un matin d’automne, Robert GODDARD 

Secrets de famille et meurtres sur fond de première guerre mondiale. Un poil too much.

Une visite au Mémorial franco-britannique des soldats décédés durant la bataille de la Somme. Le nom du père de Leonora, tombé au front, est gravé sur un mur commémoratif. Problème : le décès date d’un an avant la naissance de Lenora. C’est le début d’un long récit que permettra à Leonora d’expliquer à sa propre fille les secrets qui depuis toujours entourent son enfance…
Pour cela, il lui faut remonter à l’enfance et à Meongate, la grande maison de Lord et Lady Powerstock où, orpheline, Leonora a grandi, soumise au caractère pervers et capricieux d’Olivia, la seconde épouse de son grand-père. Officiellement, son père est mort à la guerre et sa mère est morte de maladie, loin de chez elle. Olivia va longtemps martyriser Leonora et lui laisser entendre les pires choses sur sa mère. Mais bien des années plus tard, alors qu’elle a réussi à fuir Meongate, un étranger vient lui apporter une partie des réponses aux questions qui, depuis toujours, la hantent et se lance à son tour dans un récit d’amitié qui prend racine dans les tranchées du Nord de la France…
Il ne faut pas trop en dire car le seul intérêt du livre réside dans son suspense. Plus on croit en apprendre, moins on en sait et les dernières révélations n’apparaissent que dans les ultimes pages du roman.
Pour le reste, on est dans tout ce qu’il y a de plus anglais : une maison mystérieuse avec de lourds secrets (le côté Brontë), des meurtres irrésolus (le côté Agatha Christie) et une enfance malheureuse et des méchants vraiment très très méchants (le côté Dickens). On prend le tout, on agite et on obtient le pitch pour la prochaine saga de l’été sur les chaînes françaises (meurtre+famille+secrets+héritage+patrimoine = saga de l'été). Je force un peu le trait, mais il faut bien avouer que même si on passe un moment agréable, on est rarement surpris par l’histoire. Tout y est très conventionnel, les personnages n'ont que peu de dimensions et les procédés narratifs sont répétitifs et maladroits.

Bref, un avis assez mitigé… comme pour Canel, Snowball et Lystig. Ce qui n’est pas le cas de Karine, de Manu, de June  et de A propos de livres.

Merci néanmoins à BOB et à Sonatine éditions (qu’on aime pourtant beaucoup ici, ici et ici) pour ce partenariat.

13 mai 2010

Perdu dans l'abîme

La clé de l’abîme, José Carlos SOMOZA

Un roman futuriste artificiel sur la recherche du sens de la vie et de la preuve de l’existence de Dieu.


Quelle déception… SOMOZA, auteur virtuose capable de mélanger thriller, futurisme, mythologie et philosophie nous livra le brillant La caverne des idées, dont nous vous parlions ici, polar situé dans l’antiquité qui entraînait une réflexion sur la création littéraire. Ou encore Clara et la pénombre, une enquête dans un futur pas si lointain où les œuvres d’art sont humaines et au service des artistes faisant peu de cas des valeurs éthiques. Ainsi, les œuvres de SOMOZA avaient cette particularité d’être à la fois étonnantes, déroutantes et passionnantes. Ce qui, vous nous l’accorderez, n’est pas donné à toutes les œuvres littéraires. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de La clé de l’abîme. Un enthousiasme qui s’est très vite refroidi. Si ce roman est bien étonnant et déroutant, il est, malheureusement loin, très loin d’être passionnant.
Nous sommes dans un monde futuriste où les hommes sont conçus artificiellement et où tous les corps sont donc, pour la plupart, parfaits. Daniel Kean, homme de conception (à la différence des quelques rares hommes biologiques qui existent encore) travaille dans le grand train. Ce jour là, il s’arrête auprès d’un passager au comportement étrange. Celui-ci va lui chuchoter quelques paroles mystérieuses avant de se donner la mort. Très vite, beaucoup de monde va s’intéresser à cette révélation. La femme de Daniel sera tuée devant lui et sa petite fille enlevée. Une mystérieuse jeune fille aveugle viendra lui porter secours et lui présentera ses amis, croyants et non croyants, tous lecteurs des quatorze articles de cette fameuse bible sur laquelle repose l’organisation de la société. Toute la bande partira bientôt à la recherche de la clé de l’abîme dont Daniel, bien malgré lui, est le seul à connaître l’emplacement. Mais Daniel sait qu’il ne peut faire confiance à personne.
A nouveau, SOMOZA a vu grand, très grand. Il imagine un monde futuriste fait de vallées, de montagnes, de paysages sous marins surmontés d’une bulle de verre géante. Les hommes sont souvent hermaphrodites, certains sont conçus uniquement pour procurer du plaisir, d’autres pour tuer. SOMOZA nous fait voyager tour à tour en Allemagne, au Japon et en Nouvelle Zélande, nous présentant des paysages oniriques de ces contrées, bien éloignés de ceux que nous connaissons actuellement. Il est question de la foi, des croyances, des fables, des mythes et du pouvoir de suggestion typiquement humain. Une nouvelle variation de la bataille entre le bien et le mal.
Mais il semble que, tout absorbé par l’univers qu’il était en train de créer, SOMOZA se soit perdu. Très vite nous sommes lassés de ces interminables descriptions d’un monde que nous n’arrivons pourtant pas à imaginer. Nous ne ressentons aucune empathie envers ses personnages qui restent bel et bien de papier. Et surtout, nous nous noyons dans ce grand vide que constitue l’intrigue. La luxuriance du monde imaginée par SOMOZA ne parvient pas à masquer le manque de trame et la banalité de l’histoire. SOMOZA s’embourbe : le style est lourd, le rythme est lent, les explications sont confuses. Et même le petit rebondissement de la fin, qui nous a arraché un pâle sourire et nous a vaguement sorti de notre torpeur, ne nous réconfortera pas d’avoir lu ce roman jusqu’à la fin.

9 mai 2010

Un petit bout de traversée en plus

Comme nous l’avons crié dernièrement ici, nous avons adoré Pense à demain, dernier volume de la fresque romanesque d’Anne-Marie GARAT. Après avoir dit au revoir à tous ces personnages, subsiste chez le lecteur un sentiment de perte, de mélancolie. Alors pour prolonger un peu le plaisir, nous avons demandé à l’auteure de répondre à quelques questions.
Nous la remercions chaleureusement pour son accueil enthousiaste et sa promptitude à nous répondre.

Comment vous sentez-vous au moment où s’achève ce grand cycle qui vous mobilise depuis maintenant pas mal d’années?


Je me sens un peu désertée... Il y a peu de temps encore, il me semble que le livre était en son négligé dans mon bureau, parmi tasses de café, notes et livres, et maintenant il est dans la rue en jaquette proprette, coiffé, cravaté. Il s’éloigne pour vivre sa vie, en compagnie des précédents qui l’accompagnent... Image simplette mais qui correspond assez bien à ce que j’éprouve : un désemparement de cette longue fréquentation d’un monde nombreux et obsédant qui, bien qu’imaginaire, occupe durablement mon esprit.
 Pourtant, j’ai des projets en cours pour m’empêcher d’y songer trop; raisons pour lesquelles, si je me réjouis du bel accueil en librairie, je n’ai guère de temps pour me laisser aller aux états d’âme. Sans compter le contexte actuel. M’est avis qu’on s’achemine vers des temps bien noirs. Ceux-là mêmes qui sont les chantres fanatiques du libéralisme continuent de nous parler de la “Crise”, des “Marchés” comme d’instances divines indéboulonnables sur l’autel desquelles il va de soi que nous devons nous incliner. Jusqu’à quand les peuples vont-ils supporter l’avidité cynique des financiers et les ravages humains qui en découlent ?...

Avez-vous eu le projet de rédiger trois tomes dès le départ?

Non, je n’avais le projet d’une trilogie au départ mais, dès avant l’achèvement du premier livre, je ne quittais ces personnages qu’à regret, et j’avais assez semé ici et là de projections virtuelles dans un futur de la fiction pour me passer en quelque sorte commande d’une suite.
 Outre que je crois diabolique ce genre du roman fresque : par nature, il féconde à tout instant personnages et situations propres à appeler développement, de manière exponentielle suscite la narration, il faut bien y mettre un terme cependant...
Je crois que ce dernier livre contient dans ses flancs des romans emboîtés qui auraient pu être mis en expansion, ainsi du “roman de Sophie”; ou du “roman de Sacha”... Ou celui de Majid Bouacha, natif du bidonville de Nanterre !... Peut-être même ce roman annexe-t-il d’autres romans antérieurs, comme Les mal famées, ou Merle... Et surtout Istvan arrive par le train du soir, auquel je renvoie le lecteur par l’unique note en bas de page sur ces quelques 2300 pages... Il sort ces jours-ci en format de poche Points-Seuil...

Comment ressentez-vous l’accueil qui a été fait à ces trois romans? Avez-vous, dans les moments d’écriture, ressenti une certaine forme de pression, sachant combien les lecteurs s’étaient attachés à vos personnages?

Je me réjouis qu’Actes-Sud orchestre dans ses annonces l’ensemble des 3 livres présentés comme trilogie, et c’est bien ainsi que l’accueillent les lecteurs que je rencontre en ce moment dans les librairies. Certains, qui ont lu Dans la main du diable lors de sa sortie, ont attendu impatiemment la parution des deux suivants, mais j’en rencontre aussi qui viennent juste de lire le premier tome et sont ravis de disposer de la suite sans attendre.
C’est Dans la main du diable qui est la locomotive de ce convoi... Je ne sais s’il est vraiment best seller, mais il est long seller : il continue de se vendre, de s’offrir, de circuler, incroyable pour moi !

Vous êtes intéressée par l’image, la photographie, la peinture, le cinéma. Aimeriez-vous que votre cycle passe la barre du grand écran?

Son adaptation pour la télévision (4 épisodes) renforcera sans doute cet effet. L’écriture du scénario est en cours, tournage prévu en 2011-12, diffusion en 2013; pour anticiper sur la déferlante d’émissions et films attendue en 2014, pour le centenaire de la déclaration de la première Guerre mondiale... Tout cela aura lieu SI France-Télévision poursuit son projet, SI les tranches successives de financement sont débloquées, elles sont suspendues aux directeurs, variables selon le bon-vouloir de nos gouvernants...

Wait & see...


Vous utilisez des procédés d’écriture très “romanesques”, finalement très éloignés de la production française actuelle. Dans quelle tradition littéraire pouvez-vous vous situer? Davantage du côté des anglo-saxons? Des écrivains français du 19ème?

Tradition littéraire du roman au long cours, quelque peu boudée par la production romanesque française actuelle, en effet. Nous a-t-on tellement vaccinés au nouveau roman, immunisés contre les impardonnables défauts du roman “réaliste” que nous nous sommes asphyxiés dans une littérature de l’auto examen, de l’ego en crise, en proie aux démons de la phénoménologie existentielle, avec la sur-représentation de l’écriture pour seuls enjeu et aventure littéraires ? Je caricature, bien sûr, mais c’est la dominante depuis pas mal de temps. L’édition constate cependant une désaffection grandissante pour les romans asthmatiques, consacrés surtout à l’auto-fiction, dont la mode est, semble-t-il, en voie de s’étioler. 
Sans doute l’histoire récente du dernier demi siècle excuse-t-elle ce repliement sur l’individualité, tous horizons confisqués par les grandes fractures idéologiques et désastres de guerres? Mais les anglo-saxons ne s’en sont pas intimidés, qui continuent de pratiquer le genre avec bonheur.
 Et la critique, qui stigmatise ces livres quand ils sont français, les porte aux nues dès qu’ils sont traduits de langue anglaise, britanniques ou américains... Mais bah ! Il s’en trouve quand même pour apprécier mon travail, et surtout ce sont les lecteurs qui élisent leurs lectures. Et comme moi sans doute ont-ils un légitime attachement aux oeuvres du 19ème siècle qui les ont formés. Sans les singer ni les reproduire – absurde passe-temps - , je leur rend hommage et assume l’héritage.
 
Quoi qu’il en soit, je ne suis en guerre contre personne, j’écris ce que j’ai envie d’écrire - mon luxe; aussi ai-je des raisons de me réjouir que cette trilogie trouve son lectorat.

 
Je pense surtout qu’il y a un intense besoin d’histoires, et d’Histoire.
 En ces temps de grandes mutations, le besoin se présente de nouveau d’en revisiter les facteurs dans le temps long, à titre collectif autant que privé. Cette question de la mémoire – et de l’oubli – est bien plus profonde et aiguë qu’on ne le perçoit en surface.
 Elle est aussi bien générationnelle. Qui n’a fait l’expérience, avançant dans la vie, des questions qui commencent à se poser, juste au moment où ceux-ci défaut, sur la vie de nos parents, de nos grands-parents, à plus forte raison de plus lointains aïeux ? Sur les circonstances inconnues de ce qu’ils ont vécu, dont ils ont été acteurs et témoins, dont la transmission est pleine de lacunes, d’autant plus lancinantes qu’elles croisent l’histoire collective... Je crois qu’en cela cette trilogie, bien loin d’être en contravention avec mon travail antérieur, en est le prolongement logique. Je suis occupée par le fantôme du passé, ses formes lacunaires, ses impasses et ses ruptures; sa quête erratique.  

C’est ce que Pense à demain met en scène, le difficile accès à ce passé occulté, ou perdu, dont nous avons urgemment besoin pour nous constituer, et faire face au présent, à demain.
 En quelque sorte, Alex, Christine ni Viviane, ou Antoine, n’ont lu Dans la main du diable !... Il leur faut faire tout ce chemin à rebours, dans l’époque où ils se trouvent, pour renouer un peu les fils de leur propre histoire : Pense à demain est pour moi une sorte de roman de mon propre roman...

J’ai tant mis dans ces livres que, oui, j’en suis orpheline. Mais pas pour longtemps !

Pour les lecteurs belges qui voudraient rencontrer Anne-Marie GARAT, sachez qu'elle passera par chez nous bientôt, avec notamment une rencontre le jeudi 3 juin à la librairie La Licorne à Bruxelles. 
 

2 mai 2010

La fin d'une traversée

Pense à demain, Anne-Marie GARAT

Troisième et dernier volume d’une fresque romanesque enlevée : coup de force et coup de cœur.

La création de ce blog date d’avant l’arrivée dans nos petites existences de lecteurs du coup de cœur inattendu qu’avait été la lecture de Dans la main du diable, premier volume de la trilogie romanesque Une traversée du siècle. On vous en avait dit un petit mot ici, mais c’était frustrant de n’avoir pu nous étendre davantage sur le sujet. La sortie du troisième tome nous permet enfin de lancer notre grand cri d’amour "garatien" !

Rappel des épisodes précédents, où nous essayerons d’en dire le moins possible pour les non-initiés…

Le premier volume nous faisait découvrir une série de personnages qui pour de nombreux lecteurs allaient devenir des compagnons de route dont on a du mal à se séparer. Dans la France de 1913, Gabrielle, jeune femme intrépide et amoureuse, se lance à la poursuite du secret entourant la mort de son cousin adulé, disparu mystérieusement lors d’une voyage en Birmanie. Pour ce faire, elle rentre au service de la famille Bertin-Galay, riches industriels français. Elle s’occupe de la petite Camille, la fille de Pierre Galay, médecin pastorien, veuf et tourmenté. Mais les nuages annonciateurs du conflit mondial à venir planent au-dessus de ces êtres en quête d’eux-mêmes et les évènements s’accélèrent…

Dans L’enfant des ténèbres, deuxième tome de cette grande fresque, nous retrouvions les mêmes protagonistes tout en faisant plus ample connaissance avec les personnages secondaires du premier roman. Quelques années après la guerre, en 1933, la situation mondiale est tendue et la diplomatie s’active en coulisses. Au centre du roman, Camille vit à son tour les bouleversements amoureux et, à mesure que l’Europe, prête à s’embraser, voit arriver le péril d’une nouvelle guerre, se détache peu à peu de ses origines bourgeoises.

Ces quelques lignes sont évidemment bien réductrices tant ces deux romans abondent d’intrigues, de péripéties, de retournements de situations. Venons-en surtout à ce qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir la fin de l’histoire.

Paris, 1963. Le monde, remis de ses guerres, se reconstruit et la France se modernise peu à peu. Les femmes rêvent d’indépendance et d’égalité, les mouvements sociaux et estudiantins s’organisent. Une nouvelle ère, pleine d’espoir et de promesses. Une vie dans laquelle Christine, la fille de Camille, a du mal à trouver sa place. Des rencontres inattendues vont la ramener vers le passé de sa famille et vers les premières heures de cette saga. "(…) les enfants accèdent (…) à ce que les morts ont négligé de détruire, ou bien ont laissé par inattention, plus ou moins consciente." Penser à demain, comme nous le demande le titre, c’est alors regarder en arrière et s’inscrire dans la petite et la grande histoire. "(…) qu’est-ce que penser à demain si l’on ne sait rien du passé ?"
Une fois encore, il ne faut pas trop en dire, car ce serait gâcher le plaisir de la découverte.

C’est avec appréhension que nous avons entamé la lecture de ce roman. La peur d’être un peu perdus (comme cela avait été le cas au début du deuxième tome), peur aussi de ne pas retrouver les personnages que nous avions abandonnés, peur que dans l’inconnu de ces nouvelles pages nous ne nous soyons pas les bienvenus. Autant de craintes balayées dès les premières lignes. De nouvelles têtes, des anciennes, mais surtout un guide, une voix pour nous mener sur la route de cette nouvelle quête : l’écriture d’Anne-Marie GARAT qui, une fois encore, impose un style d’une incroyable ampleur, ciselé et tendu. Des pages à relire, d’un souffle romanesque intense qui, et c’est là une bravoure, parviennent à éviter le trop plein. Alors oui, c’est un genre particulier, qui ne plaira peut-être pas à tous  (le côté feuilleton peut-être ?), même si le succès croissant de cette fresque tend à démontrer le contraire.
Les personnages de ces trois volumes nous ont accompagnés et resteront longtemps présents encore, nous éveillant aussi à notre propre histoire. On ne peut que remercier Anne-Marie GARAT pour ces heures intenses où, plongés dans les tourments des hommes et de l’histoire, nous avons souri, pleuré, tremblé et, ne craignons pas de laisser s’exprimer notre nature romanesque, aimé.

PS: Notre interview d'Anne-Marie GARAT est à lire ici.