La dernière séance, Larry McMURTRY
Chronique amère et texane de la fin de
l’adolescence : l’impossible rêve américain.
1951. Dernière année de lycée pour Duane et
Sonny dans la petite ville de Thalia, perdue au fin fond du Texas. Entre
l’école, le sport et les petits boulots, la jeunesse de Thalia traine son ennui
entre la salle de billard et les séances de cinéma du samedi soir. L’occasion
pour Duane et Sonny de tenter d’aller voir ce qui se cache sous les vêtements
du sexe opposé. Duane a emporté le gros lot en la personne de Jacy, la plus
jolie fille du coin qui peut, quand ça l’arrange, se laisser faire ;
tandis que Sonny doit se contenter de Charlene avec qui il est hors de question
de s’aventurer au-delà du chaste baiser sous peine de brûler en enfer. Les
hormones travaillent dur mais, dans l’Amérique pudibonde et étriquée de
l’époque, sexe, dégoût et culpabilité forment un mélange amer. Qu’importe,
l’important est de se bâtir un futur et de tenter le coup du rêve américain.
Même si à Thalia, les chances d’y parvenir sont minces.
En chroniquant la vie de ces jeunes gens à
l’entrée de leur vie adulte, McMurtry invite le lecteur dans une balade tendre
et mélancolique dans un coin perdu du Texas. Les grands ados du roman hésitent
entre légèreté et gravité. Profiter des derniers rayons de l’insouciance tout
en pensant à construire un avenir qui, à Thalia, se résume vite à trouver du
boulot sur une plateforme pétrolière ou s’engager sous la bannière étoilée et
partir en Corée. Le reflet du monde que leur tendent les adultes est un
quotidien sans saveur, où les espoirs déçus sont étouffés dans l’alcool et la
dépression. Ruth, la femme de l’entraineur du lycée, atteinte d’un cancer,
découvre soudainement que la vie est aussi ailleurs et que faire l’amour ne se
limite pas au devoir conjugal du premier samedi du mois, toutes lumières
éteintes. Car l’étroitesse d’esprit de tout ce petit monde cache tant bien que
mal un cruel désir des sens. Tout le monde y pense, personne n’en parle.
Le
seul personnage véritablement insouciant du roman est sans conteste Billy, le
simplet, l’idiot du village, parfois tyrannisé et moqué par les autres, et qui
inlassablement nettoie la ville avec son balai. S’il ne trouve personne sur son
chemin pour le ramener chez lui, Billy est capable de balayer jusqu’à l’infini,
inlassablement. À l’image de ce geste absurde et poétique, les autres héros du
roman tentent du mieux qu’ils peuvent de rêver d’ailleurs même si la réalité à
laquelle ils se confrontent chaque jour est loin de ressembler à un film hollywoodien.
D’autres avis chez In Cold Blog.
Référence :
La dernière séance, Larry McMURTRY, traduit de l’anglais (États-Unis) par Simone Hilling, Gallmeister, collection « Totem », 2011.
La dernière séance, Larry McMURTRY, traduit de l’anglais (États-Unis) par Simone Hilling, Gallmeister, collection « Totem », 2011.