Les Assassins,
R.J. ELLORY
Ellory se penche sur les serial killers et, évidemment, ce
n’est pas un livre comme les autres.
John Costello est un rescapé. Alors
qu’un marteau s’abattait sur sa petite amie, un cri lancé de l’autre côté de la
rue l’a sauvé de la mort. Une fois l’enquête bouclée, le jeune homme doit se
reconstruire une vie à lui, dompter ses peurs, ses souffrances et tenter de
donner du sens à une existence qui n’en a plus.
Des années plus tard, une série de
meurtres frappe New York. Rien de plus que la violence habituelle, absurde,
casse-tête sans fin pour la police qui doit jongler entre le manque d’effectifs,
la pression des médias et les comptes à rendre aux autorités.
Alors qu’il enquête sur l’un de ces
crimes, Ray Irving reçoit un message d’une journaliste qui a établi que ces
meurtres étaient en réalité reliés : ils ont été commis à la date
anniversaire d’un ancien meurtre et en ont rejoué, avec un sordide souci du
détail, toutes les circonstances. Ce n’est pas la journaliste qui est à la base
de cette découverte mais bien son enquêteur : John Costello, devenu au fil
du temps une data base vivante de la
violence américaine.
Si les polars mettant en scène les serial killers n’ont plus grand chose
d’original, il n’en va pas de même pour ce nouveau roman d’Ellory.
Comme souvent chez l’auteur, le thème central tourne autour de la perte, du mal
et du chemin vers la rédemption. Mais, et c’est là toute la
particularité de ce livre par rapport aux autres thrillers, c’est également un portrait glaçant
de l’Amérique et de sa fascination pour les criminels hors-normes.
Dans les Assassins, ils sont même l’objet de
collections malsaines (photos de scènes de crime, lettres manuscrites des
tueurs, …). Comme si l’histoire du pays s’inscrivait dans cette mythologie du
mal, celle du Zodiac, de Ted Bundy, … Pour Ellory, c’est également une
interrogation plus globale sur le mal : comment expliquer et comprendre
ces actes ? On retrouve en parallèle, comme récemment dans Papillon de nuit, la question de la peine de mort : une autre forme de violence absurde et
aveugle.
Ellory mélange les éléments du réel (les
crimes « célèbres ») avec ceux de la fiction. L’intrigue est
adroitement construite (le livre se dévore) et met en scène, comme dans toujours
chez l’écrivain, des personnages complexes, sombres, en proie aux doutes.
Un excellent roman et peut-être, pour
moi, l’un des meilleurs de l’auteur.
Référence :
Les Assassins, R.J. ELLORY, traduit de l’anglais par Clément Baude, Sonatine Éditions, 2015.
Les Assassins, R.J. ELLORY, traduit de l’anglais par Clément Baude, Sonatine Éditions, 2015.