L’Œuvre, Emile ZOLA
L’art ou la vie ou comment ZOLA prend la défense de l’art moderne.
Dans la famille des Rougon-Macquart, on vous avait déjà parlé ici de la première génération, celle qui allait déterminer les destins tragiques de ses descendants. Sautons quelques années pour nous intéresser à Claude Lantier, l’un des fils de Gervaise. Grâce à un vieux monsieur qui avait vu en lui un artiste en herbe, Claude a quitté Paris à l’âge neuf ans pour recevoir, dans le Midi, une éducation sérieuse lui permettant d’échapper à la misère familiale. Son ambition est, à l’âge adulte, de devenir un grand peintre. Pas l’un de ces messieurs de l’Académie qui n’ont rien compris à la peinture, mais un artiste visionnaire, capable de rendre compte sur la toile de la Vérité du monde en mouvement, ses couleurs, ses lumières. Un peintre moderne. Dans son petit atelier, il s’acharne à l’œuvre qui devrait lui permettre d’entrer au Salon. Un grand tableau au sujet étrange : un déjeuner dans les bois où, aux côtés d’hommes en habit, apparaît une femme nue. La figure féminine lui échappe, les modèles ne l’inspirent pas. C’est la rencontre fortuite avec Christine, une malheureuse petite provinciale effrayée par la grande ville, qui lui permet de trouver l’inspiration et, par la suite, le grand amour. Car Claude est aussi passionné dans son art que dans sa vie. Des élans de créativité qui le dévorent et puis l’accablent, tantôt certain d’être un génie, tantôt convaincu que jamais il ne parviendra à réaliser la peinture dont il rêve. La fameuse toile, Plein air, est évidemment refusée au Salon mais sera exposée, et c’est une première, au Salon des refusés. Création voulue par Napoléon III, ce Salon off est une réponse aux critiques qui remettent en question les choix du jury du Salon ; le public pourra se faire sa propre opinion. Et le tout Paris de découvrir ces peintres qui n’ont pas été légitimés par les institutions officielles. La toile de Claude est la vedette de l’exposition, non pas pour ses qualités, mais bien par l’incroyable risée qu’elle déclanche chez les spectateurs. La foule vient se gausser devant cette image absurde, en rupture avec les normes et les goûts de l’époque. Malgré la reconnaissance de certains de ses pairs qui voient en lui le chef de file possible d’une nouvelle peinture, ce revers et cette humiliation marquent pour l’artiste maudit le début de la fin.
Même si ce volume des Rougon-Macquart s’inscrit dans la logique du grand roman expérimental voulu par ZOLA (le tempérament passionné et borderline de Claude étant en partie expliqué par sa génétique), c’est avant tout un incroyable document sur les débuts de la peinture moderne à Paris. Familier de Cézanne et de Manet (Plein air renvoie de manière à peine déguisée à son Déjeuner sur l’herbe), ZOLA témoigne ici des résistances de l’académisme et du public face à cette nouvelle manière de faire de la peinture dans la deuxième moitié du 19ème siècle. Le destin de Claude est celui de ces artistes qui ont voulu rompre avec la peinture officielle et, en sortant des ateliers, en cherchant à rendre compte du travail de la lumière (tout comme Monet, Claude tente de percevoir les changements de lumière sur un même sujet à différents moments), en tentant d’approcher la Vérité, ont révolutionné la peinture. On pourrait presque parler de bohème pour le quotidien de ces hommes sans le sou, prêts à tout sacrifier pour leur art. Et dans cette quête de modernité, ZOLA s’offre même un autoportrait déguisé à travers le personnage d’un écrivain qui tente, contre les critiques, de réinventer le roman et de construire un vaste cycle où l’hérédité, le milieu et les circonstances historiques expliqueraient les comportements humains.
Un roman passionnant sur l’artiste au travail où ZOLA parvient à rendre compte par l’écriture de cette modernité que son personnage tente de capturer, à travers les descriptions des scènes de foules, des lumières de Paris, des mouvements sur la toile. Amusant de constater que dans sa fougue ZOLA en vient parfois à un lyrisme un poil too much, alors que c’est cela même qu’il reproche aux écrivains romantiques.
Emile Zola par Edouard Manet (1868) |
tout le monde me tente avec Zola en ce moment sur la blogosphère... ma dernière tentative remonte au lycée, et ce n'était donc pas une tentative mais bien une obligation... je vais donc être obligée de m'y mettre ! :-)
RépondreSupprimerMe remettre à lire...Et puis pour les classiques on verra... ! ;-)
RépondreSupprimerEn tts cas, Zola n'a pas raté son époque. Je l'imagine mal en 2010 défendre les machines à merde de Win Delvoye ou Made in Heaven de Jeff Koons...Comme quoi...
RépondreSupprimer@ Emeraude: ah, l'obligation de lire les classiques! Heureusement, cela ne t'a pas empêchée de continuer à lire!
RépondreSupprimer@ mir: tu devrais faire lire Zola à tes étudiants!
@ Pierre-Jean: Et pourquoi pas? On est toujours le moderne de quelqu'un, non? Mais ton commentaire m'ennuie: je suis prêt à défendre ces deux artistes, que j'aime beaucoup, mais pas sur ces deux oeuvres-là en particulier!
Dessiner un Carré dans un fond ou des lignes qui vont de tous les côtés. Pisser dans un bocal et mettre une croix dedans, on sait tous faire ca ! Je vais mettre Médor dans du Formol et vendre ca une fortune, on va voir ca !
RépondreSupprimerQui reste à ses rougons maquabres ce Grogon Zola
Il y a moyen se faire un bon pastiche de l'Oeuvre version branchouille Jeff Koons...Made in Heaven et de se marrer ;-)
RépondreSupprimerIl reste à trouver une Ciccioline du type rue Antoine Dansart. Ou bien deux Cicciolins de la rue Antoine Dansart si on veut faire branchouille !
RépondreSupprimerMoi, ici, à Bracquenies, j'ai essayé de faire des grafitis sur des murs avec mon ami rasta, Jean-Michel. On s'est fait arrêter, on n'a jamais été propulsé sur la scène international. Ca non ! Alors on a décidé d'arrêter !
Il m'a dit : "Faire comme Keith, Jarrete !" Depuis il est musicien et il fait des concerts avec de l'eau de Cologne
@ Bryan et Pierre-Jean (dans le cas où vous seriez effectivement deux personnes différentes...): ok, on vous a bien compris, vous n'aimez pas l'art contemporain. Merci beaucoup de nous avoir fait partager votre avis ô combien intéressant. Mais les blagues douteuses, on s'en passe.
RépondreSupprimerEt moi je suis QUE Pierre-Jean, je suis pas de Braknie, je sais même pas où c'est ?
RépondreSupprimerMoi je suis de Paris et qui dit que je n'aime pas l'art contemporain ?
Et, boyard, c'est Bracquenie pas BRaknie.
RépondreSupprimerC'est pas parce que t'es Français que tu peux faire ton malin !
Et moi j'aime bien l'art contemporain. J'en fais d'ailleur.
J'ai fondé une groupe avec des amis, on a appelé ca CoBra pour Couillet BRacquenie !
Mais il y a un groupe à Bouffioux, HuHu, qui nous vole le marché. Le pire c'est que ce sont des tenancier de magasin de mode : Zara, Mer du Nord, il font que des habits Bretons et Duchamp, une marque de Marcel. Par exemple, Duchamp a été volé l'urinoir au stade et il l'a exposé à l'exposition de Mariemont, c'est dégeulasse !
Mais moi j'ai un ami, qui tient un magasin de caleçon et de parfum, il s'appelle Calvin. Il est délégué syndical à la FGTB et il est pour le standard, alors il a décidé de peindre que des toiles en rouge. Son oeuvre s'appelle le International Klein Red. J'aime beaucoup !