Le portrait d'une femme en proie à l'aliénation dans la société de consommation des années 60. Drôle et implacable.
Fin des années 60 en Amérique du Nord. Marian est une jeune femme en phase avec l'air du temps. Elle travaille dans une société de marketing qui sonde des consommateurs. Elle fréquente Peter, un jeune homme bien sous tous rapports: un possible futur mari? Car comment envisager sa vie sans passer par la case mariage? Marian ne veut pas ressembler à sa colocataire qui, alimentée aux discours psys et féministes, envisage de faire un bébé toute seule.
Alors que Marian s'engage peu à peu sur les rails d'une vie qu'elle pense avoir choisie, les contours de son existence commencent à lui échapper et ce qu'elle croyait jusque-là évident perd de sa clarté. Cela commence notamment par ces aliments que son corps refuse peu à peu d'avaler. Et la rencontre de Duncan, un étudiant lunatique et bohème, l'amène vers des espaces de sa propre vie encore inexplorés.
La femme comestible, c'est cette jeune fille des années 60 et 70, époques d'avant les combats d'émancipation des femmes. Comestible car, comme Marian, elle n'est finalement qu'un produit de consommation parmi tant d'autres. Une chose que l'on peut utiliser, agrémenter, habiller et déshabiller, transformer afin qu'elle corresponde au mieux aux attentes de son mari et de la société.
Le premier roman d'ATWOOD (auteur déjà évoquée ici), qui n'avait jusqu'ici jamais été traduit en français, veut dénoncer la condition féminine de son époque et choisit de le faire par l'humour. Humour grinçant qui démontre un processus d'aliénation bien rôdé et incidieux. Le talent d'ATWOOD est de réussir à rendre, par l'écriture et par un jeu de narration décalé, la transformation du personnage qui s'éloigne toujours plus d'elle-même, jusqu'à une scène finale surprenante et jubilatoire.
(Niveau 3)
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