20 décembre 2010

Tout est dans le titre

Indignez-vous !, Stéphane HESSEL

Quelque pages d’humanisme contemporain : salutaire.

Le succès d’édition certainement inattendu de cette fin d’année. Au moins 200.000 exemplaires déjà vendus et, à voir le petit buzz médiatique qui se met en marche, cela risque d’encore grimper. Et pourtant ici, pas de sorcier pré-pubère, pas d’habitué des têtes de gondoles ou de figures médiatico-culturelles. Juste un rappel, un message clair et simple : indignez-vous.
Évidemment, ce cri n’est pas lancé par n’importe qui. Stéphane HESSEL est une figure marquante : résistant durant la guerre, rescapé des camps, l’un des rédacteurs de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948, ancien diplomate, infatigable militant, … Un homme de 93 ans qui s’adresse aux plus jeunes en leur rappelant d’abord les principes issus de la Résistance qui, au lendemain de la guerre, devaient mener l’humanité vers des jours meilleurs. Des principes et des valeurs aujourd’hui disparus. Il dresse un état des lieux lucide et clair de ce début de millénaire : rôle de l’état, écologie, économie, terrorisme, guerres, … Pas besoin de chercher très loin pour trouver des raisons de s’indigner.
Sans tomber dans le discours moralisateur, Stéphane HESSEL nous rappelle que le monde nous appartient et qu’il faut espérer, attendre plus de nos politiques et oser manifester son indignation. En passant par Sartre et Hegel, il revient sur la fin des grandes utopies du siècle précédent en se tournant résolument vers l’avenir.
Une vingtaine de pages d’humanisme contemporain qui font réfléchir et qui, espérons-le, pousseront les plus résignés à l’indignation.

PS :
- Petite précision littéraire : l’auteur est le fils de Franz Hessel, grand ami de l’écrivain Pierre-Henri Roché qui en fit le Jules de son Jules et Jim.

- Avis aux collègues: parfait comme essai à donner à lire à des ados.

13 commentaires:

  1. On en parle beaucoup, dont la jeune Constance93: http://petiteslecturesentreamis.wordpress.com/2010/12/17/indignez-vous-de-stephane-hessel/ et ce matin Sébastien Ministru sur La Première.
    Je ne l'ai pas lu mais je le ferai certainement. Ce que tu en dis me fait penser à Simon Gronowski ("Simon le petit évadé": http://www.enseignement.be/index.php?page=23827&do_id=2736&do_check)qui a accompagné un groupe de mes élèves à Auschwitz. Cet homme a tout perdu, et, âgé d'une quinzaine d'années a dû se débrouiller seul après avoir perdu sa mère et sa sœur dans les chambres à gaz et vu mourir son père de chagrin. Il a mené des études de musique et de droit et c'est un incroyable optimiste, qui pousse les jeunes à aller au bout de leurs rêves et n'a de haine pour personne!

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  2. Eh bien, j'en ai tellement entendu parlé (presse, radio) en coup de vent, je me demandais quand je pourrais lire une chronique dessus.
    Me voilà parfaitement informé pour briller en société, merci !

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  3. @ Françoise: merci pour toutes ces infos (je vais aller entendre/voir tout ça. Ce livre-ci n'est pas un témoignage et il parle très peu de son parcours.

    @ Sébastien L: V&C, un blog pour briller en société! On va étudier le concept...

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  4. Aujourd'hui, sur le site BibliObs (Nouvel Observateur), une interview d'Hessel intitulée:
    «Il faut battre Sarkozy!» (tout un programme!)
    http://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20101216.OBS4842/il-faut-battre-sarkozy.html

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  5. Je viens justement de l'acheter ! J'avais noté la référence après avoir vu le numéro d'Empreintes (France 5) consacré à Stéphane Hessel ! Je n'étais pas trop au courant du buzz qui semble exister autour de ce petit bouquin mais ça me donne bien envie de l'avaler un de ces soirs !

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  6. Je vais me l'offrir...Merci !

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  7. Stephane Hessel, quel personnage ! Tres tentee par ce tout petit livre !

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  8. Oscar Briou15/05/2011 21:49

    Ce « livre », quatorze pages de texte, constitue une belle application du syndrome des moutons de Panurge. « Mon voisin l’a acheté, je vais faire de même, ainsi je brillerai en société ». J’ai été victime de ce syndrome mais j’en suis arrivé à cette belle conclusion : « Monsieur Hessel, je m’indigne »
    Je m’indigne contre votre propos presque pro-terroriste qui constitue un non-sens à votre volonté de non-violence. « Est-ce que cela sert le Hamas d’envoyer des rockets sur la ville de Sdérat ? La réponse est non. Mais on peut expliquer ce geste par l’exaspération des gazaouis. » OU « Je pense bien évidemment que le terrorisme est inacceptable […]Mais la réaction populaire ne peut pas être que non-violente. ». Dois-je rappeler, du haut de mes 17 ans que le Hamas a comme premier point de son programme : « La destruction de l’Etat d’Israël et l’instauration d’un Etat islamique basé sur la Charia ». D.e.s.t.r.u.c.t.i.o.n, la résistance c’est beau, mais soutenir une organisation dont l’interprétation du Coran exige l’extermination des infidèles et la lapidation, ça l’est moins. C’est vrai que Jean Moulin a commis des attentats terrosristes pour libérer la France mais le motif est il valable ici ? La bande de Gaza, pauvres opprimés, qui a mis fin aux accords d’Oslo ? A part ça, Israël est le seul responsable de la guerre ? C’est clair que sa position est très déplorable mais l’Etat d’Israël ne vaut-il pas mieux qu’une théocratie ?
    D’ailleurs, je m’indigne contre le manichéisme général de ce texte. Ne devons-nous pas, avant de s’indigner de tout, faire un peu la part des choses. Pour Mr. Hessel, non ! Tout est bon ou mauvais : les méchants banquiers, ministre, Israëliens, etc… L’ouverture d’esprit de Stephane Hessel laisse à désirer, pour lui, tous les banquiers sont mauvais, tous les ministres sont des nantis, tous les Israéliens sont des anti-Palestiniens. Et quoi, L’Allemand est rigoureux, le Portugais poilu, le Chinois raciste et le juif avare aussi ?
    Je m’indigne face au pessimisme ambiant de cette « révolte ». « L’histoire va de catastrophe en catastrophe » telle est la thèse qu’il soutient. C’est vrai que depuis 1945, aucune amélioration n’a eut lieu. Mandela, Luter King, catastrophes ? C’est vrai la route est longue jusqu’à une utopie à la Thomas More. Ce n’est pas pour autant qu’il faille dévaloriser toutes les avancées qui ont été faites en matière de droits de l’homme. Aucun idéal, aucune proposition juste de la dénonciation.
    Je m’indigne avec cela contre la démagogie qu’empeste ce livre. Hessel dit ce qu’il est facile à entendre. Effectivement, expliquer que tout n’est pas si simple, ça aurait pris plus de 20 pages. Dès lors, le succès du livre en aurait pris un coup. Stephane Hessel écrit un livre pour « Salauds et « Lâches » (puisqu’il aime tant Sartre) qui se sentent animé par ce sentiment que ce démagogue de première éveille si facilement. Demandez à n’importe qui si la société d’aujourd’hui est bonne, il vous répondra que non. La moitié des gens qui ont été touché par ce livre auraient certainement été touché par Mein Kampf. Mais MonsiEur Hessel a été un politicien, il a fait partie de cette classe dont il caractérise les acteurs comme des nantis. « 93 ans. La fin n’est plus bien loin. Quelle chance de pouvoir profiter pour rappeler ce qui a servi de socle à mon engagement politique » 93,qu’il est bien tard pour s’indigner alors que Hessel en avait l’occasion quand il était ambassadeur, qu’il aurait pu faire du bruit avant. Mais non, Stephane Hessel nous dit que c’est si beau ce qu’ils avaient fait avant et que le progrès a tout gaché. Réac !

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  9. Oscar Briou15/05/2011 21:49

    Je m’indigne enfin de l’anti-progrès puant et caduque dont fait preuve Hessel. « Madame Nostalgie depuis le temps que tu radotes » ! Hessel s’indigne de « L’outrance de tous pour tous », c’est vrai qu’en 42 c’était mieux, une étoile jaune pour les juifs, une rose pour les homosexuels, etc… Et puis l’apartheid c’était génial ! Il y a eut un progrès dans les droits civiques. Mais grand-père Hessel ne l’admet pas car il pense notre société comme « La pire ayant jamais existée ». Hessel dresse un tableau noir de notre société, chérit son passé et nous accuse avec le progrès d’avoir gaché son fameux programme du Conseil National de la Résistance. Mais en fait Hessel est un réactionnaire, un anti-modernité. On le voit dans l’incipit, à la première page où l’on découvre le tableau de Paul Klee, Angelus Novus. MonsiEur Hessel vante la vision de Walter Benjamin selon laquelle « L’ange repousse cette tempête que nous nommerons progrès ». Et puis l’excipit où Hessel dit « Appelons-nous à une véritable insurrection contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à l’outrance de tous contre tous ». Monsieur Hessel se permet de dire ce qui est bon pour les jeunes et ce qui ne l’est pas. Effectivement les jeunes ne lisent pas Appolinaire, cependant Facebook a eut un très grand rôle dans la vague de révolution de Jamsin au moyen-orient. Alors ces « Moyens de communication de masse » qui constitue cette tempête nommée progrès, cette tempête a balayé plus d’une dictature !
    Alors Indignez-vous face à Stephane Hessel, ce démagogue prétentieux et anti-progrès. Allez, il serait temps de revoir les droits de l’homme et de tourner 93 fois sa crosse dans sa main avant de défendre un mouvement qui prône la lapidation. Mais attention : « Résister c’est créer »

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  10. @ Oscar: du haut de vos 17 ans, vous avez heureusement encore bien des choses à apprendre et même si j'apprécie beaucoup votre fougue, je ne peux que constater, prof que je suis, que votre lecture de cet opuscule est parfois assez réductrice voire erronée.
    Et vous tombez un peu dans le panneau du mouton de Panurge qui aime la polémique. Il est intéressant de se demander pourquoi le livre de Hessel a rencontré autant de succès; il l'est peut-être un peu moins de vouloir à tout prix déconstruire et accuser de tous les maux ces quelques pages qui ne prétendent pas révolutionner l'histoire de la pensée.

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  11. Oscar Briou16/05/2011 17:47

    Ces quelques pages qui ne prétendent pas révolutionner l'histoire de la pensée certes ! Heureusement, en vertu de quoi j'aurais pris Stephane Hessel pour un véritable prétentieux. Déjà que Monsieur semble nous accuser d'avoir gaché tout son malheureux idéal. Mais il remet tout de même sur le tapis l'éternelle querelle entre Nature et Progrès. Je n'accus pas de tous les maux cet opuscule, je constate avec quel point la démagogie fonctionne bien. C'est trop facile de dire que tout va mal, qu'on a tout gaché. Mais ce qui m'énerve profondément, c'est que Stephane Hessel aurait pu faire beaucoup plus de bruit lorsqu'il était au devant de la scène et qu'il se permet maintenant de dire que personne ne bouge le petit doigt. C'est un peu comme la manifestation "Shame" qui a eut lieu en Belgique. Demandez qui est content de la crise politique. Personne ne vous dira oui. Demandez maintenant aux gens en quoi constitue le problème de BHV,peu d'entre pourront vous répondre. Et puis dites leur que les communes à facilités vont être rattachée à la Flandre, beaucoup s'offusqueront. Tout n'est pas si simple ! Faut-il rappeler qu'en démocratie ce sont les gens qui élisent leurs représentants et que cette crise n'est que le fruit des suffrages? A qui la faute, au politiciens TOUS nantis ou aux électeurs qui votent FDF et NVA ?
    Et puis l'unilatéralité autour de la question de Gaza, elle est facile a flatter. On a l'impression que tout le monde s'offusque que les pauvres juifs, à qui l'ONU avait donné cette terre, soient maintenant devenu un Etat arrogant et puissant. En effet, il semblerait qu'il y ait une certaine norme selon laquelle les victimes devraient se lamenter etc... C'est le même syndrôme que Natsha Kampush dont la souffrance fut remise en question car elle se produit en public, fait preuve de charisme, d'arrogance et avoua un jour qu'elle était encore très attachée à son bourreau et qu'elle gardait une photo de lui sur elle.
    Titiller les esprits en usant de démagogie c'est déjà irritant. En plus, venant d'un vieux crouton de gauche caviar, anti-progrès et modernité (alors que la base de la gauche, c'est le progrès), qui a eut l'occasion de faire du bruit, ca l'est encore plus. "Excusez-moi, Monsieur Hessel de ne pas avoir connu l'holocauste !"

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  12. @ Oscar: si j'étais votre professeur de français (qui risque fort d'apprécier votre allusion à la révolution de "Jamsin"), je dirai que vous êtes hors sujet et que vous interprétez avec beaucoup de mépris et d'arrogance les paroles d'un homme qui, excusez l'argument d'autorité, a passé sa vie à combattre les fascismes et les extrémismes. Ce n'est pas le discours archaïque d'un vieillard anti-progrès (notez que Facebook est un support et non pas un contenu) mais le discours d'un homme qui s'insurge contre une mondialisation qui va à l'encontre des droits de l'homme (cf. votre cours sur le 18ème... je vous invite à relire Todorov...). Le droit d'expression, dont vous usez ici avec beaucoup de largesse, n'autorise cependant pas l'insulte. Mais nous en terminerons là. Je retourne à mes propres productions d'élèves.

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  13. Oscar Briou16/05/2011 23:52

    Contre la mondialisation mais pour une libre circulation des personnes. Arrogance oui, due à l'irritation. Certes je me suis un peu emballé sur le dernier commentaire. Mais je suis profondément indigné par le succès de ce "livre".

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