Après Blonde, où elle s'attaquait au mythe de Marilyn Monroe, Joyce Carol OATES nous offre un roman-fleuve magistral qui s'inspire du meurtre d'une petite miss, aux Etats-Unis, dans les années 90.
Vous vous rappelez, sans doute, comme moi, de ce fait divers qui a fait le tour du monde : la nuit de Noël 1996, Jonbenet Rampsey, petite fille de 6 ans, spécialiste des concours de mini miss, était assassinée et retrouvée quelques heures après dans la cave de sa maison. On se souvient des images diffusées par des médias déchaînés montrant une enfant peroxydée et brushinguée, sanglée dans des robes décolletées, maquillée avec soin et exécutant quelques pas de danse sexy ou chantant d'une voix suave un "God bless America" destiné à charmer le jury. Il fallait l'audace et le talent de Joyce Carol OATES pour oser s'attaquer à un tel sujet et surtout pour parvenir à en faire non pas un polar scabreux mais un roman grandiose et intense qui coupe le souffle du début à la fin.
Le point de vue choisi est celui de Skyler Rampike, frère de la petite victime, le petite garçon qui grimaçait sur les bords des photos censées montrer le bonheur de la famille Rampike, comme s'il allait en tomber. Le petit garçon a aujourd'hui 19 ans et s'apprête à fêter le triste anniversaire des dix ans de la mort de sa petite sœur. Perdu, esseulé, drogué, il tente de raconter dans un récit foisonnant et déstructuré la grandeur et le déclin de la famille Rampike. Son livre est-il une enquête, une catharsis, un aveu ? Nous ne le saurons qu'à la fin.
Plus que la petite fille, c'est sans doute sa mère, Betsey, le personnage principal du livre. Une femme complexée, nerveuse et déprimée qui souffre de ne pas parvenir à s'insérer dans la petite ville américaine dans laquelle la famille Rampike a déménagé. Elle rêve de se faire des amies taille 38 (alors qu'elle ne rentre douloureusement que dans une taille 44), entrer dans les clubs en vue de la région et se faire inviter aux fêtes de Noël de ses voisins les plus riches. Mais personne ne s'intéresse à la pauvre Betsey Rampike jusqu'à ce que sa fille, la petite Edna Louise, bébé pleurnichard venu trop tôt dont Betsey s'est toujours fortement désintéressée, montre un certain talent pour... le patinage. Car Joyce Carol OATES a fait de son personnage une petite patineuse. Maman Rampsey rebaptise son enfant Bliss ("comme une pop star bandante" dira son frère) et ne recule devant rien pour faire avancer sa carrière : entraînement quotidien, décoloration des cheveux, tenues coutures, engagement d'un chorégraphe, cours de mannequinat et surtout panoplies de médecins, thérapeutes en tout genre et médicaments. Le père, Bix Rampike, jeune cadre très dynamique, charmeur, autoritaire et infidèle suit de loin la carrière de sa fille. Un macho écœurant, qui, parfois, envahi d'un soudain sentiment de culpabilité, multiplie les preuves d'amour ostentatoires pour sa famille, avant de disparaître à nouveau (séparation ? voyage d'affaire? Skyler ne sait jamais très bien). Et Skyler, le "petit homme de sa maman" est relégué au rang de témoin des performances étonnantes de sa sœur et de la souffrance de la petite fille. Parce que Bliss, lorsqu'elle n'est pas sous les projecteurs est une petite fille angoissée, qui fait pipi au lit et est incapable d'apprendre à lire.
Le point de vue choisi est celui de Skyler Rampike, frère de la petite victime, le petite garçon qui grimaçait sur les bords des photos censées montrer le bonheur de la famille Rampike, comme s'il allait en tomber. Le petit garçon a aujourd'hui 19 ans et s'apprête à fêter le triste anniversaire des dix ans de la mort de sa petite sœur. Perdu, esseulé, drogué, il tente de raconter dans un récit foisonnant et déstructuré la grandeur et le déclin de la famille Rampike. Son livre est-il une enquête, une catharsis, un aveu ? Nous ne le saurons qu'à la fin.
Plus que la petite fille, c'est sans doute sa mère, Betsey, le personnage principal du livre. Une femme complexée, nerveuse et déprimée qui souffre de ne pas parvenir à s'insérer dans la petite ville américaine dans laquelle la famille Rampike a déménagé. Elle rêve de se faire des amies taille 38 (alors qu'elle ne rentre douloureusement que dans une taille 44), entrer dans les clubs en vue de la région et se faire inviter aux fêtes de Noël de ses voisins les plus riches. Mais personne ne s'intéresse à la pauvre Betsey Rampike jusqu'à ce que sa fille, la petite Edna Louise, bébé pleurnichard venu trop tôt dont Betsey s'est toujours fortement désintéressée, montre un certain talent pour... le patinage. Car Joyce Carol OATES a fait de son personnage une petite patineuse. Maman Rampsey rebaptise son enfant Bliss ("comme une pop star bandante" dira son frère) et ne recule devant rien pour faire avancer sa carrière : entraînement quotidien, décoloration des cheveux, tenues coutures, engagement d'un chorégraphe, cours de mannequinat et surtout panoplies de médecins, thérapeutes en tout genre et médicaments. Le père, Bix Rampike, jeune cadre très dynamique, charmeur, autoritaire et infidèle suit de loin la carrière de sa fille. Un macho écœurant, qui, parfois, envahi d'un soudain sentiment de culpabilité, multiplie les preuves d'amour ostentatoires pour sa famille, avant de disparaître à nouveau (séparation ? voyage d'affaire? Skyler ne sait jamais très bien). Et Skyler, le "petit homme de sa maman" est relégué au rang de témoin des performances étonnantes de sa sœur et de la souffrance de la petite fille. Parce que Bliss, lorsqu'elle n'est pas sous les projecteurs est une petite fille angoissée, qui fait pipi au lit et est incapable d'apprendre à lire.
Les sujets de ce livre sont l'enfance volée d'une petite fille tyrannisée par une mère narcissique et de son grand frère sacrifié (à plusieurs titres...) mais aussi l'histoire d'une Amérique terriblement puritaine et parfaitement hypocrite guidée par les convenances et les apparences, une société qui convoque Jésus à tout bout de champ mais assomme ses enfants de médicaments censés tout régler à leur place.
Et puis il y a le dénouement... car Joyce Carol OATES imagine une terrible explication à cette affaire non résolue. Une histoire sur la cruauté ordinaire par une auteure extraordinaire.
Référence :
Joyce Carol OATES, Petite sœur, mon amour, traduit de l'anglais par Claude Seban, Philippe Rey, 2010, 667p.
Et puis il y a le dénouement... car Joyce Carol OATES imagine une terrible explication à cette affaire non résolue. Une histoire sur la cruauté ordinaire par une auteure extraordinaire.
Référence :
Joyce Carol OATES, Petite sœur, mon amour, traduit de l'anglais par Claude Seban, Philippe Rey, 2010, 667p.
Il a l'air balèze comme livre !
RépondreSupprimerJe n'ai jamais été attirée par cette auteure, jusqu'à tomber sur le billet récent de Cynthia, puis le tien. Cet après-midi, j'ai fait des pieds et des mains pour me procurer "Premier amour", épuisé autant en grand format qu'en format poche, mais je suis parvenue à mes fins et devrais recevoir le bouquin d'ici 3 semaines. Je me réjouis donc de découvrir le talent de cette auteure qu'on dit extraordinaire :)
RépondreSupprimerC'est une auteure que j'aime beaucoup, seul son roman "Eux" m'avait un peu déçue, j'y avais trrouvé trop de longueurs inutiles.
RépondreSupprimerCe titre a l'air vraiment bien, je note !!
Je n'aime pas tellement l'écriture et les sujets dont traite Joyce Carol Oates, elle me met très mal à l'aise. Je ne lirai sûrement pas ce livre mais ton billet était intéressant.
RépondreSupprimerIl faut décidément que je découvre cette auteure !! L'histoire m'intéresse également. Merci pour ce post.
RépondreSupprimerJe lis votre billet en diagonale, ce roman me tente ENORMEMENT !!
RépondreSupprimer@patacaisse : c'est le mot !
RépondreSupprimer@Reka : je n'ai pas lu "Premier amour". Tu nous diras ce que tu en penses ! Bonne découverte.
@Ingannmic : je n'ai pas lu non plus "Eux"... J'ai par contre lu "Les chutes" que j'avais beaucoup aimé et un roman pour ado "Nulle et grande gueule" que j'avais trouvé très sympa !
@Tiphanie : merci quand même pour le compliment !
@Lukes : avec plaisir !
@L'Ogresse : alors fonce !
Je suis en plein dedans, et j'aime beaucoup jusqu'à présent ! Merci pour ce billet qui ne dévoile pas la fin mais qui correspond à mes impressions !
RépondreSupprimerJ'avais aussi lu "Les chutes", que j'avais adoré.
@Miss Sunalee : je déteste les critiques qui racontent la fin... surtout quand il y a un tel suspense. J'espère que tu apprécieras la fin !
RépondreSupprimerVoilà une auteur dont je n'ai jamais rien lu, mais qui devrait sûrement m'intéresser. En tous cas, belle présentation qui laisse le suspens et donne envie de se plonger dans le livre !
RépondreSupprimer@sébastien L : merci pour le compliment ! Effectivement, elle crée des univers vraiment particulier.
RépondreSupprimerCelui-là, il faut que je le lise. Parce que c'est J.C. Oates et parce que je pense qu'elle peut réussir à faire quelque chose de vraiment prenant avec une telle histoire. Super billet.
RépondreSupprimerJoyce Carole Oates fait partie de ces auteures qu'il faut que je lise absolument. Déjà il y a quelques jours Amanda a fait un sublime billet sur Blonde et maintenant cet élogieux billet qui n'aura qu'une conséquence : que je me jette sur les livres de Joyce Carol Oates !!!
RépondreSupprimerEt pourtant, pourtant je sais que je vais encore attendre avant de m'y plonger... Mais un jour, un jour je lirai certainement toute son oeuvre (enfin, si ça me plait! ;-))
@Karine : merci pour le compliment ! Je pense que tu ne le regretteras pas...
RépondreSupprimer@Emeraude : J'ai très envie de lire Blonde également. Mais moi aussi j'ai une PAL tellement haute, que je crois que je vais devoir attendre encore quelques mois.
jamais lu une oeuvre de cette auteure.
RépondreSupprimercette histoire fut aussi l'objet de téléfilms.
ce roman est magistral, époustouflant :) et cette auteure aussi :)
RépondreSupprimervoilà une romancière qui fait l'unanimité sur les blogs
RépondreSupprimerj'ai "blonde" dans ma PAL
@Lystig : pas sûre que les téléfilms auront la finesse de la plume de Oates...
RépondreSupprimer@amanda : contente que tu partages mon avis !
@niki : je mettrais bien Blonde au dessus de la pile mais dois absolument lire d'autres livres avant. Grrr
J'adore cet auteur ! Je ne connaissais pas ce titre...
RépondreSupprimer@Marie : c'est son dernier. Et il en vaut la peine !
RépondreSupprimerJe note ! Mais ça sera pour les vacances !
RépondreSupprimerCe livre est dans ma wish-liste et ton article vient de le faire monter en haut de la liste !
RépondreSupprimer@liliba et Delph : Ravie que mon article vous donne (plus encore) envie de le lire !
RépondreSupprimerCe n'est pas son dernier puisque j'ai lu A Fair Maiden qui est sorti l'an dernier. My Sister, My Love est sorti en 2008.
RépondreSupprimerJ'ai terminé ce roman il y a quelques jours, il me hante toujours... Un roman horrifiant et époustouflant... Mon premier Joyce Carol Oates, je suis soufflée par sa maîtrise et son style.
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