Rien de tel pour se remettre des fêtes de fin d'année que de lire le quinzième roman de Jennifer JOHNSTON : Noël en famille. Ou comment voir noël autrement...
La famille en question se retrouve en cette veille de noël au chevet d'Henry. On apprend très vite que celui-ci est victime d'un terrible accident de voiture et qu'il va s'en remettre. Mais qui est donc Henry? Peu à peu, le lecteur et le personnage lui-même - celui-ci ayant perdu en partie la mémoire - vont apprendre à connaître ce mari affectueux puis volage, ce père aimé mais pas toujours à la hauteur, ce fils à la fois adulé et maudit. Apparaissent ses proches, tour à tour, à son chevet : sa première épouse, Stéphanie, femme dynamique qui ne sait pas trop que penser de l'état de celui qui lui a brisé le cœur quelques années plus tôt et du rôle qu'elle est censée jouer ; sa fille, Ciara, magnifique rousse qui exprime avec ferveur la joie de retrouver un père qu'elle n'a pas vu depuis longtemps ; son fils Donough, qui vient de faire courageusement son coming out ; son frère, George, avec qui Henry s'est brouillé pour une raison mystérieuse il y a de ça de nombreuses années ; sa mère, Tash, femme peintre, indépendante et flamboyante, qui a toujours préféré sa peinture à ses fils et qui commence à sentir venir les premiers signes de la vieillesse ; et enfin, le beau Jérémy, frère de sa seconde épouse, décédée dans l'accident et dont il n'arrive bizarrement pas à se rappeler.
Tous les ingrédients d'un noël catastrophique, donc, d'où devraient émerger en plus des secrets de famille, de vieilles rancœurs et les coups les plus bas. Et pourtant, la subtilité de Jennifer JOHNSTON fait en sorte que tous les clichés sont évités. Pas de querelles familiales, pas de dinde qui vole par dessus la table, pas le moindre verre de vin jeté à la figure de l'autre. Les personnages de Noël en famille vont au contraire profiter de cet étrange moment qu'est noël pour se rapprocher, se découvrir, se retrouver et se remettre à vivre.
Pas de mélo non plus, cependant : le neige ne se met pas à tomber à minuit, ni les carillons à sonner. Il n'y a même pas, à proprement parler, de happy end. Au pathos, Jennifer JOHNSTON préfère la comédie, même si celle-ci est quelque fois grinçante.
Rajoutons à cela de nombreuses références à SHAKESPEARE (le titre original étant d'ailleurs Absurdes mortels, phrase du célèbre Songe d'une nuit d'été), une narration haletante faite de chapitres courts faisant alterner les différents points de vue et les rétrospections au fur et à mesure qu'Henry recouvre la mémoire, un constat sur la société irlandaise d'aujourd'hui et des questions existentielles sur l'identité (sexuelle éventuellement) des personnages (références à Shakespeare toujours ?).
Bref, un livre qui nous fait dire que l'année prochaine, promis, on ira au réveillon sans a priori !
Référence :
Un Noël en famille, Jennifer JOHNSTON, traduit de l'anglais par Anne Damour, Belfond, octobre 2009. Edition de poche : 10/18, Domaine étranger, Décembre 2010.
La famille en question se retrouve en cette veille de noël au chevet d'Henry. On apprend très vite que celui-ci est victime d'un terrible accident de voiture et qu'il va s'en remettre. Mais qui est donc Henry? Peu à peu, le lecteur et le personnage lui-même - celui-ci ayant perdu en partie la mémoire - vont apprendre à connaître ce mari affectueux puis volage, ce père aimé mais pas toujours à la hauteur, ce fils à la fois adulé et maudit. Apparaissent ses proches, tour à tour, à son chevet : sa première épouse, Stéphanie, femme dynamique qui ne sait pas trop que penser de l'état de celui qui lui a brisé le cœur quelques années plus tôt et du rôle qu'elle est censée jouer ; sa fille, Ciara, magnifique rousse qui exprime avec ferveur la joie de retrouver un père qu'elle n'a pas vu depuis longtemps ; son fils Donough, qui vient de faire courageusement son coming out ; son frère, George, avec qui Henry s'est brouillé pour une raison mystérieuse il y a de ça de nombreuses années ; sa mère, Tash, femme peintre, indépendante et flamboyante, qui a toujours préféré sa peinture à ses fils et qui commence à sentir venir les premiers signes de la vieillesse ; et enfin, le beau Jérémy, frère de sa seconde épouse, décédée dans l'accident et dont il n'arrive bizarrement pas à se rappeler.
Tous les ingrédients d'un noël catastrophique, donc, d'où devraient émerger en plus des secrets de famille, de vieilles rancœurs et les coups les plus bas. Et pourtant, la subtilité de Jennifer JOHNSTON fait en sorte que tous les clichés sont évités. Pas de querelles familiales, pas de dinde qui vole par dessus la table, pas le moindre verre de vin jeté à la figure de l'autre. Les personnages de Noël en famille vont au contraire profiter de cet étrange moment qu'est noël pour se rapprocher, se découvrir, se retrouver et se remettre à vivre.
Pas de mélo non plus, cependant : le neige ne se met pas à tomber à minuit, ni les carillons à sonner. Il n'y a même pas, à proprement parler, de happy end. Au pathos, Jennifer JOHNSTON préfère la comédie, même si celle-ci est quelque fois grinçante.
Rajoutons à cela de nombreuses références à SHAKESPEARE (le titre original étant d'ailleurs Absurdes mortels, phrase du célèbre Songe d'une nuit d'été), une narration haletante faite de chapitres courts faisant alterner les différents points de vue et les rétrospections au fur et à mesure qu'Henry recouvre la mémoire, un constat sur la société irlandaise d'aujourd'hui et des questions existentielles sur l'identité (sexuelle éventuellement) des personnages (références à Shakespeare toujours ?).
Bref, un livre qui nous fait dire que l'année prochaine, promis, on ira au réveillon sans a priori !
Référence :
Un Noël en famille, Jennifer JOHNSTON, traduit de l'anglais par Anne Damour, Belfond, octobre 2009. Edition de poche : 10/18, Domaine étranger, Décembre 2010.
Merci pour tes voeux.
RépondreSupprimerMoi aussi, je suis repartie dans le tourbillon d'activités qui me font croire que les fêtes n'ont même pas eu lieu!
Je ne connaissais pas ce livre, mais il a l'air vraiment intéressant.