Au revoir là-haut, Pierre LEMAITRE
Dans l’après-guerre, les aventures de deux anciens poilus, sur fond de commerce patriotique. Un roman généreux, jubilatoire et… un Goncourt !
Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps.
Novembre 1918. Les rumeurs d’armistice courent le long des tranchées. Raison de plus pour le lieutenant d’Aulnay-Pradelle de lancer ses troupes dans une dernière offensive et, au passage, gagner quelques galons. Quitte à provoquer un peu les choses… Pour Albert et Édouard, ce sera la bataille de trop. Alors que le premier est enseveli sous terre, l’autre tente de le sauver. C’est alors qu’a lieu l’explosion qui arrachera à Édouard la moitié du visage. Entre les deux hommes nait une étrange amitié. Albert doit la vie à Édouard : il sera désormais son seul lien avec le monde. Car Édouard ne veut plus voir personne, et encore moins sa famille. Il refuse greffes et prothèses. Sa vie se limite désormais au réconfort que lui apporte la morphine. Albert, lui, n'a jamais été un aventurier. Et son expérience sous terre n'a pas arrangé les choses. Tout ça à cause de ce lieutenant sans scrupule.
Novembre 1919. La guerre terminée, la France veut honorer ses héros. Le patriotisme est un commerce qui rapporte et qui va, par un étrange hasard, rassembler à nouveau tous les protagonistes de la bataille.
Voilà longtemps que je n’avais plus plongé à ce point dans un roman français. Je me suis même surpris à ralentir ma lecture en voyant arriver la fin du livre. Un souffle romanesque, l’envie de raconter une histoire, de construire une intrigue, d’animer des personnages : des ingrédients plutôt rares dans la production française contemporaine. Alors certains parlent de littérature populaire, en précisant que cela n’a rien de péjoratif… Qu’importe. Dans le rythme et le découpage du roman, on pense surtout aux romans feuilletons du XIXe siècle ou, plus récemment, aux grandes fresques romanesques d’Anne-Marie Garat.
C’est donc avec un plaisir jubilatoire qu’on avance aux côtés de personnages très typés dans un récit maitrisé du début à la fin. Avec parfois quelques inventions surprenantes, loufoques mais utilisées avec intelligence.
Pourtant, le thème est grave, parfois tragique. Comment revenir à la vie après avoir connu l’horreur ? Dans un pays où la mort a frappé toutes les familles, le cynisme de ceux qui ont profité de la guerre pour s’enrichir n’a d’égal que celui de ceux qui vont faire leur beurre sur le dos de ceux tombés au combat. Mais grâce à un style enlevé, souvent très drôle, Lemaitre tire son livre du côté de la comédie sociale. Les petits travers de ceux qui s’accommodent du pire sont croqués sur le vif.
— C’est plus que magnifique, président : exemplaire !
Que signifiait cette surenchère verbale ? Impossible de le savoir. Labourdin concoctait des phrases avec des syllabes, rarement avec des idées. D’ailleurs, M. Péricourt ne s’y attarda pas, Labourdin était un imbécile sphérique : vous le tourniez dans n’importe quel sens, il se révélait toujours aussi stupide, rien à comprendre, rien à attendre.
Entre la petite et la grande histoire, cet Au revoir là-haut construit, autour d’un amitié improbable, un beau roman d’aventures, surprenant et jubilatoire. Je ne sais pas trop ce que sont sensés récompenser les prix littéraires mais je suis très heureux du Goncourt attribué à celui-ci.
Référence :
Pierre LEMAITRE, Au revoir là-haut, Albin Michel, 2013.
Dans l’après-guerre, les aventures de deux anciens poilus, sur fond de commerce patriotique. Un roman généreux, jubilatoire et… un Goncourt !
Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps.
Novembre 1918. Les rumeurs d’armistice courent le long des tranchées. Raison de plus pour le lieutenant d’Aulnay-Pradelle de lancer ses troupes dans une dernière offensive et, au passage, gagner quelques galons. Quitte à provoquer un peu les choses… Pour Albert et Édouard, ce sera la bataille de trop. Alors que le premier est enseveli sous terre, l’autre tente de le sauver. C’est alors qu’a lieu l’explosion qui arrachera à Édouard la moitié du visage. Entre les deux hommes nait une étrange amitié. Albert doit la vie à Édouard : il sera désormais son seul lien avec le monde. Car Édouard ne veut plus voir personne, et encore moins sa famille. Il refuse greffes et prothèses. Sa vie se limite désormais au réconfort que lui apporte la morphine. Albert, lui, n'a jamais été un aventurier. Et son expérience sous terre n'a pas arrangé les choses. Tout ça à cause de ce lieutenant sans scrupule.
Novembre 1919. La guerre terminée, la France veut honorer ses héros. Le patriotisme est un commerce qui rapporte et qui va, par un étrange hasard, rassembler à nouveau tous les protagonistes de la bataille.
Voilà longtemps que je n’avais plus plongé à ce point dans un roman français. Je me suis même surpris à ralentir ma lecture en voyant arriver la fin du livre. Un souffle romanesque, l’envie de raconter une histoire, de construire une intrigue, d’animer des personnages : des ingrédients plutôt rares dans la production française contemporaine. Alors certains parlent de littérature populaire, en précisant que cela n’a rien de péjoratif… Qu’importe. Dans le rythme et le découpage du roman, on pense surtout aux romans feuilletons du XIXe siècle ou, plus récemment, aux grandes fresques romanesques d’Anne-Marie Garat.
C’est donc avec un plaisir jubilatoire qu’on avance aux côtés de personnages très typés dans un récit maitrisé du début à la fin. Avec parfois quelques inventions surprenantes, loufoques mais utilisées avec intelligence.
Pourtant, le thème est grave, parfois tragique. Comment revenir à la vie après avoir connu l’horreur ? Dans un pays où la mort a frappé toutes les familles, le cynisme de ceux qui ont profité de la guerre pour s’enrichir n’a d’égal que celui de ceux qui vont faire leur beurre sur le dos de ceux tombés au combat. Mais grâce à un style enlevé, souvent très drôle, Lemaitre tire son livre du côté de la comédie sociale. Les petits travers de ceux qui s’accommodent du pire sont croqués sur le vif.
— C’est plus que magnifique, président : exemplaire !
Que signifiait cette surenchère verbale ? Impossible de le savoir. Labourdin concoctait des phrases avec des syllabes, rarement avec des idées. D’ailleurs, M. Péricourt ne s’y attarda pas, Labourdin était un imbécile sphérique : vous le tourniez dans n’importe quel sens, il se révélait toujours aussi stupide, rien à comprendre, rien à attendre.
Entre la petite et la grande histoire, cet Au revoir là-haut construit, autour d’un amitié improbable, un beau roman d’aventures, surprenant et jubilatoire. Je ne sais pas trop ce que sont sensés récompenser les prix littéraires mais je suis très heureux du Goncourt attribué à celui-ci.
Référence :
Pierre LEMAITRE, Au revoir là-haut, Albin Michel, 2013.
Du bonheur !!!!!!
RépondreSupprimerEffectivement: un grand plaisir de lecture.
SupprimerJe suis jaloux, mais jaloux.....Trop bon ton titre !
RépondreSupprimerToutes les louanges chantées par les blogs m'avaient donné fort envie de découvrir ce roman... et cet auteur, mais avec l'obtention récente du Goncourt, je sais désormais que je ne suis pas près de le trouver dans ma bouquinerie.
Mais je sais également, que Goncourt oblige, on va le trouver à foison au pied du sapin à Noël et que donc, d'ici deux mois, je devrais pouvoir mettre la main dessus très facilement.
Des fois je pense que je n'écris mes titres que pour toi...
SupprimerContente aussi! Un brave bon bouquin qui se lit avec plaisir, au goncourt, là au moins on peut se lancer!
RépondreSupprimerJe ne dirais pas "brave", que je trouve condescendant... C'est plus qu'un bon bouquin, je trouve.
SupprimerJe vais le lire, assez vite, j'espère ! L'auteur est super sympa, un homme plein d'humour, les pieds sur terre, un vrai artisan de l'écriture qui remet son ouvrage sans cesse sur le métier. Rien que pour ça, chapeau, et je sens que je vais apprécier ce roman...
RépondreSupprimerAu fait, que conseilles-tu d'Anne-Marie Garat, ça m'intéresse ?
RépondreSupprimerSans hésitation: Dans la main du diable.
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