1 avril 2013

L’étranger au procès du château de la peste feat. Che G.


La vie rêvée d’Ernesto G., Jean-Michel GUENASSIA

Un titre pompeux pour un livre trop ambitieux.

Joseph Kaplan, médecin pragois d’origine juive, quitte sa ville pour Paris, où il étudiera à l’Institut Pasteur, avant de rejoindre Alger, puis la France, puis de nouveau la Tchécoslovaquie. Au fil de ses voyages, de 1910 à 2010 : des histoires d’amour et d’amitié, quelques pas de tango, une guerre, la pratique de la médecine auprès des plus démunis, la peste et la vie sous un régime policier. Le livre pourrait s’arrêter là et former une sorte de chronique du vingtième siècle, sans grande originalité, mais qui se laisse gentiment lire.
Seulement, après plus de la moitié du livre, l’auteur se met en tête d’utiliser un guest de premier ordre : Ernesto Guevara himself ! Et là ça ne passe plus. Je n’ai aucun problème avec les libertés romanesques prises avec l’Histoire mais encore faut-il en faire quelque chose… Ici, Guenassia ne garde du Che que l’image de carte postale de la figure romantique du révolutionnaire et s’emmêle les pieds dans une histoire d’amour digne des plus mauvais mélos. Certains dialogues semblent tirés des Feux de l’amour et les échanges entre les personnages sur le thème de l’engagement m’ont parfois rappelé les premières dissertations de mes élèves les moins inspirés… Alors, face à autant de maladresses, on commence à devenir un peu mauvais et tout ce qui sonne faux vous saute aux yeux.
L’auteur semble vouloir placer son roman sous l’égide de grands auteurs (qui n’avaient rien demandé), notamment Camus (Alger, la peste, …) et Kafka : Joseph K(aplan), Prague, les condamnations arbitraires, … Mais tout reste au niveau du clin d’œil et semble complètement fabriqué.
Quant au titre (qui, rappelons-le, ne fait référence qu’à une petite portion du roman), pourquoi ne pas appeler Guevara par son nom complet ? Allusion à Kafka, certainement, mais surtout petite coquetterie littéraire qui sonne creux.
Je n’avais pas beaucoup accroché au Club des incorrigibles optimistes (qu’Amandine avait pourtant bien aimé ici). Je pense donc qu’entre Xavier D. et Jean-Michel G., c’est bel et bien fini !

L’avis de Manu.

Référence :
Jean-Michel GUENASSIA, La vie rêvée d’Ernesto G., Albin Michel, 2012.

12 commentaires:

  1. Moi non plus, pas trop accroché aux Incorrigibles optimistes, mais j'ai discuté récemment avec l'auteur, qui avait l'air sympa. Cependant, pas certaine d'avoir envie de lire celui-ci...

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    1. J'ai vraiment l'impression que ce livre est sorti beaucoup trop vite suite au succès du précédent.

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  2. J'hésite beaucoup sur ce roman mais je pense plutôt tenter ma chance avec le 1er ouvrage de l'auteur qui a l'air d'avoir davantage plu. Ce que tu dis des clins d'oeil jetés un peu comme des pavés dans la mare ne m'attire pas vraiment, surtout si le pavé est Ernesto Guevara (pas franchement original...)

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    1. Dans la première partie du roman (celle qui m'a plu) j'ai retrouvé les ingrédients du "Club..." en plus ramassé, ce que j'aimais assez bien. Et puis la deuxième partie m'a sérieusement énervé!

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  3. j'avais laissé tomber le Club des incorrigibles optimistes... aussi ne suis-je guère empressée de lire celui-ci. Avec ton avis, je risque de passer définitivement !

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    1. J'y suis allé un peu fort dans mon billet mais ça résume assez bien mon état d'esprit après la lecture... J'ai trouvé ce bouquin racoleur!

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  4. Je pensais le lire quand il sortira en poche mais j'avoue que tu me refroidis totalement. Des dialogues dignes des Feux de l’amour, sérieux ?

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    1. Extraits:

      - Je vais partir demain, dit Ramon.
      - Pourquoi?
      - Je ne peux pas rester, je me sens mal à l'aise vis-à-vis de ton père. Je préfère m'en aller.
      - Si tu t'en vas, je pars avec toi.
      - J'ai une vie compliquée, et tu n'étais pas prévue, ça ne va pas être facile nous deux.(...)

      - Ce n'est pas l'amour qui est compliqué, c'est nous. (Aaaaarghhh!)
      - C'est vrai, quand on était ensemble, c'était simple... Tu m'en veux?
      - Pourquoi?
      - Pour tout ça.
      - C'est la vie qui est comme ça. (Re-Aaaaarghhh!)

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  5. Ouhlàà, il est un peu chafouin le Xavier ! En même temps, l'exemple édifiant du dialogue ci-dessous a de quoi chiffonner le plus impassible des lecteurs :)
    Déjà pas tenté par le premier roman de l'auteur, je passerai allègrement sur son deuxième, et ma PAL et moi t'en remercions.

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    1. Et je précise que dans le dialogue ci-dessus, l'un des personnages est supposé être Ernesto Guevara (version "Plus belle la révolution"?).

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  6. Ah j'adore ton billet et je vois que ton avis rejoint le mien sur cette histoire d'amour abracadabrante et niaise ! Je mets donc définitivement cet auteur au placard.
    Merci pour le lien.

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    1. Et moi j'étais content de te trouver un avis qui allait dans mon sens! ;-)

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