30 octobre 2012

Yersinia pestis

Patrick DEVILLE, Peste et choléra

Le portrait d'Alexandre Yersin, un homme pour le moins exceptionnel... et un roman en lice pour le Goncourt.

Si vous travaillez ou fréquentez le milieu médical, il se peut que le mot "Yersinia pestis" ne vous soit pas inconnu... De là à savoir d'où il provient ! Car qui se souvient encore de l'incroyable Alexandre Yersin, qui n'a fait rien de moins que de découvrir le bacille de la peste lors de l'épidémie de Hong-Kong de 1894 mais est aussi le véritable découvreur (sans le savoir) du coca-cola, un bactériologiste génial, un chercheur invétéré, un grand voyageur et aussi (et surtout) un grand homme ? En effet, si cet ancien disciple de Pasteur est un découvreur insatiable, il préfère la recherche permanente et la solitude des grands espaces que la gloire, la reconnaissance ou même l'argent.
Le roman de DEVILLE retrace le destin de ce solitaire extraordinaire qui traversa l'Extrême Orient, le Japon ou encore l'Afrique, ponctuant ses voyages de quelques séjours parisiens au Lutétia et s'installant pour terminer son existence, à l'âge de 80 ans, à Nah Trang au Vietnam (alors sous occupation japonaise).
DEVILLE croque le portrait d'un homme dont la vocation scientifique a quelque chose de véritablement poétique. D'ailleurs il le comparera à de nombreuses reprises au grand Rimbaud lui-même et expliquera que Yersin, à la fin de son existence, tourna son incroyable curiosité vers la littérature.
DEVILLE est extrêmement détaillé, semble s'être intéressé au moindre détail. Il nous livre son récit par l'intermédiaire d'une narration peu linéaire, passant sans transition des dernières années de la vie de Yercin à son statut d'assistant de Louis Pasteur. Il fait ainsi quelque fois intervenir le fantôme de Yercin ou l'ombre d'un autre grand homme (scientifique ou poète...). Et travaille son style : phrases courtes, formules percutantes, tournures truculantes...
Et pourtant (ou malgré cela), j'ai eu le plus grand mal du monde à terminer ce livre. Le sujet était alléchant, la personnalité de Yercin avait tout pour me plaire. Mais jamais je n'ai réussi à rentrer dans ce récit ni à ressentir une quelconque empathie pour le personnage. Est-ce le style, très travaillé, très léché qui m'a, dès les premières pages, tenue à distance des péripéties de ce Yersin haut en couleur ? Est-ce la narration volontairement confuse (mais qui évoque sans doute le parcours bien peu linéaire du héros) qui m'a perdue en chemin ? Est-ce cet addition de faits et d'événements, de dates et de références, qui m'a quelque peu refroidie ? Toujours est-il que je n'ai pas réussi à prendre du plaisir à la lecture du dernier (et pourtant très loué) roman de DEVILLE.
Mais je serais évidemment très curieuse d'avoir votre avis ! Avez-vous été séduits ? Parce que pour ma part, quitte à entendre parler de peste, je préfère de loin relire CAMUS.

Référence :
Patrick DEVILLE, Peste et choléra, Seuil, 2012

5 commentaires:

  1. Ah un billet et des bémols... je ne l'ai pas lu, je me tâte; Sur la liste du dernier carré pour le Goncourt (ce qui ne signifie rien!)

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  2. Eh bien pour moi c'est LE meilleur livre de la rentrée, justement pour toutes ces raisons qui font que tu n'as pas tellement aimé !!! J'ai appris plein de choses, j'ai aimé son style, j'ai aimé ces fantômes du futur, j'ai aimé les voyages, j'ai aimé la construction, j'ai aimé l'écriture... Oui j'ai été plus que séduite ! (par contre impossible d'entrer dans "Kampuchéa", tout aussi loué par la presse et les lecteurs de Deville en général...

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  3. De mon coté j'ai été tout à fait séduit par ce texte. Le style, la construction un peu alambiquée et le parcours exceptionnel de cet homme... tout m'a plu !

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  4. J'hésite aussi face à ce livre... Le sujet pourrait m'intéresser, les biographies de découvreurs ou de scientifiques sont souvent de bonnes surprises, si elles sont bien écrites. Mais je ne me sens pas trop pressée toutefois. Ah, et je partage ton admiration pour La peste, superbe, insurpassable !

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  5. Bonsoir, j'ai une collègue que l'a lu et beaucoup aimé, comme quoi. En tout cas, il n'a pas été récompensé du prix Goncourt. Mais il a quand même reçu le prix du roman Fnac et le Femina. Bonne soirée.

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