23 août 2010

(Re)lire ses classiques#2


La Fortune des Rougon, Emile ZOLA

Premier tome de l’immense fresque sociale du père du naturalisme. Fondateur.

C’est bientôt la rentrée ! Et si les élèves ne sont probablement pas encore vraiment en train de se replonger dans leurs cahiers, les profs, eux, sont bien en train de remplir leurs cartables, préparer leurs listes de lectures, penser à de nouveaux exercices pervers et peaufiner leurs cours. C’est dans ce cadre, et également dans le but de continuer cette rubrique commencée il y a quelque temps pour nos fidèles lecteurs, que j’ai lu (et non relu, parce que, je l’avoue, je n’avais jamais lu ce roman) La Fortune des Rougon d’Emile ZOLA.
Pourquoi donc La Fortune des Rougon, qui n’est probablement pas le roman le plus haletant de ZOLA ? Parce qu’il n’est rien de moins que le tout premier tome du fameux cycle des Rougon-Macquart. Comme le dit ZOLA lui-même, il s’agit du « roman des origines ».
Dans la préface du roman, ZOLA explique son projet : il s’agit de faire « l’histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second Empire ». « Naturelle » puisque ZOLA s’inspire des théories scientifiques de l’époque, et particulièrement des travaux du médecin Claude Bernard, et part du principe que le physique mais aussi les comportements humains sont génétiques : « Physiologiquement, ils (les Rougon-Macquart) sont la lente succession des accidents nerveux et sanguins qui se déclarent dans une race, à la suite d’une première lésion organique, et qui déterminent, selon les milieux, chez chacun des individus de cette race, les sentiments, les désirs, les passions, toutes les manifestations humaines, naturelles et instinctives, dont les produits prennent les noms convenus de vertus et de vices ». « Sociales » parce que si cette famille part du peuple et s’irradie dans toute la société, ses membres retomberont finalement dans le milieu dont ils sont issus parce que la société ne leur permet pas de s’élever. Et enfin, « sous le second Empire » parce qu’une histoire, une vraie, selon ZOLA, s’inscrit dans un contexte historique précis, qui a bien entendu une influence déterminante sur les individus. ZOLA commencera la rédaction du cycle au moment de la chute de Napoléon III.
Roman des origines donc puisqu’il est question d’Adélaïde Fouque, plus tard surnommée Tante Dide par son petit-fils, drôle de fille un peu folle et peu soucieuse des conventions et des quand dira-t-on. Elle se mariera brièvement avec un paysan, Rougon, qui mourra après lui avoir donné un fils, Pierre. Elle prendra ensuite pour amant Macquart, un braconnier alcoolique, que tout le monde appelle « ce gueux de Macquart », avec qui elle vivra une liaison passionnée, aura deux enfants, Antoine et Ursule, avant que celui-ci se fasse tuer par un gendarme. C’est alors que Pierre décidera de s’élever socialement et de faire fortune. Il mariera sa sœur avec un homme amoureux et désintéressé et abandonnera son frère à l’armée. Puis il épousera une jeune bourgeoise désargentée mais aussi déterminée que lui à devenir riche. Le retour d’Antoine Macquart, alcoolique et fainéant, leur compliquera la tâche. C’est finalement le coup d’Etat et la montée de Napoléon au pouvoir qui fera la fortune de Pierre Rougon mais qui causera la perte d’Antoine et surtout du pauvre Silvère, fils d’Ursule, élevé par sa tante Dide à la mort de ses parents, qui participera avec son amie Miette au soulèvement des Républicains.
Avec la Fortune des Rougon, tout est en place : Napoléon est au pouvoir, les Rougon-Macquart prennent place dans la société, les deux branches se ramifient, les tares et autres maladies (alcoolisme, folie, maladies nerveuses) se transmettent. Les protagonistes des romans les plus célèbres de ZOLA sont nés (Gervaise de L’assommoir, Jacques de La bête humaine,  Etienne de Germinal, Pascal du Docteur Pascal,… pour ne citer qu’eux). La grande aventure humaine peut commencer.


13 commentaires:

  1. Bienvenue parmi ceux et celles qui sont lancés dans la lecture des Rougon
    j'ai entamé l'épopée il y a quelques mois et j'avance doucement avec grand plaisir, je comble les trous entre les romans déjà lus et ceux toujours laissés de côté
    mon admiration augmente de livre en livre

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  2. Tout lu entre 17 et 25 ans (environ) et avec passion! Relire? Mmmhhmm...

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  3. @Dominique : c'est effectivement le projet : combler les trous par une lecture méthodique dans l'ordre. Mais en alternant avec des lectures contemporaines histoire de varier les plaisirs...
    @keisha : choix difficile... il y a tellement de nouveautés à découvrir...

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  4. Pour moi, cette lecture ne sera pas pour tout de suite mais pourquoi pas un jour... Merci.

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  5. un très beau billet qui me fait penser une fois de plus que je devrais me plonger dans les classiques... Zola, jamais lu, c'est sans doute l'occasion !

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  6. J'avance peu à peu dans ma lecture de la série des Rougon Macquart. J'essaie d'en lire au moins un par année et ton billet me donne envie de revenir au début de la série. Pourquoi pas pour ma prochaine lecture de Zola.

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  7. @mir : un jour... qui sait.
    @sébastien : merci pour le compliment ! Ravie de t'avoir donné envie de lire Zola !
    @Zardine : moi aussi je pense que je ferai un roman par an. Et j'ai beaucoup aimé lire le roman des origines, ça donne du sens.

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  8. J'ai lui trois tomes totalement au hasard et chaque fois en les refermant je me suis dis il faut que je les lise tous et dans l'ordre si possible...

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  9. @Tiphanie : en lisant le premier, j'ai l'impression qu'il y a presque moyen de faire les liens avec tous les autres.

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  10. Ah, relire les classiques, c'est pour moi ça ! Et dire que je n'ai jamais lu Zola... HOnteux, non ? Allez, il faut que je m'y mette, une fois passée la rentrée littéraire et les dizaines de nouveaux bouquins que je voudrais lire... Ma vie sera trop courte !

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  11. J'ai lu la chance de lire les 20 volumes dans l'ordre.J'avais 20 ans.Il faudrait relire mais Chronos m'a toujours empêché de relire.

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  12. je ne suis pas certaine que zola ait été le fondateur du naturalisme - à moins que ce ne fût en france, car normalement thomas hardy est considéré comme le fondateur

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  13. @liliba : ça n'a rien de honteux ! Comment lire tous les livres? Il nous faudrait quelques vies de plus... Bonne rentrée littéraire !
    @Eequab : lire ou relire... l'éternelle question. Il y a encore tant de choses à découvrir...
    @niki : c'est Zola qui a théorisé le naturalisme et défini le concept. Même si le naturalisme a rayonné un peu partout en Europe.

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