10 septembre 2009

La part manquante

Les Disparus, Daniel MENDELSOHN

Une enquête sur la part manquante d’une histoire familiale. Une autre manière de parler de l’Holocauste, de l’Histoire et des histoires.

Daniel MENDELSOHN a été, depuis l’enfance, bercé par les histoires de son grand-père maternel : son départ d’une petite ville de Pologne en 1941, son arrivée aux Etats-Unis, … . Des histoires mythiques, répétées sans cesse. Des histoires drôles, souvent. Mais l’histoire qui concerne Schmiel, le frère du grand-père, et ses quatre filles, disparus en Pologne durant l’Holocauste, est une histoire incomplète dont le grand-père n’a jamais donné les détails. Où ? Quand ? Comment sont-ils morts ?
Après le décès de son grand-père, Daniel MENDELSOHN découvre les lettres désespérées de Schmiel, implorant sa famille américaine de l’aider à quitter la Pologne car le pire risquait d’arriver.
L’auteur, passionné par la généalogie, décide d’entreprendre des recherches pour comprendre ce qui est arrivé à ce grand-oncle et à sa famille. Ces recherches vont l’amener à voyager : Israël, Australie, Suède, Ukraine (là où se trouve aujourd’hui Bolechow, la ville dont sa famille est originaire) … Chaque voyage est une rencontre avec les anciens de Bolechow, rares survivants de l’extermination de la population juive de la région, programmée en plusieurs phases par les nazis. A chaque rencontre, de nouvelles informations sur les disparus. Pas uniquement sur leur mort, mais des détails sur leur vie, leur quotidien, leur caractère, … Et aussi le portrait de ceux qui ont survécu et qui, chacun à leur manière, vivent avec le passé. Des rencontres, des voyages, mais aussi d’incroyables hasards qui, jusqu’à la toute fin, permettent à Daniel MENDELSOHN de reconstituer le puzzle.
Un livre sur la tragédie de l’Holocauste mais aussi une réflexion sur comment l’histoire se raconte, se construit et se transmet. De l’importance de dire, ou de ne pas dire. De la difficulté de juger ou de ne pas juger ce que l’on n’a pas vécu. MENDELSOHN s’interroge aussi sur les raisons de sa quête et sur ses propres liens familiaux.
L’histoire de la recherche des Disparus est entrecoupée par des réflexions sur les premiers épisodes de la Torah : la Genèse, Adam et Eve, Caïn et Abel, Noé, Abraham. Il compare, en historien et en spécialiste de la littérature grecque, les différentes interprétations données à ces autres histoires et montre comment elles peuvent nous éclairer sur nos comportements.
Dans ce livre, pas de scoops, par de révélations sensationnelles, mais le récit d’une recherche qui permet de mettre en lumière une autre réalité de l’Holocauste en passant non pas par le collectif, comme dans les lieux de mémoire que sont les camps, mais par le parcours de quelques individus. MENDELSOHN est parfois très sentimental, il le dit lui-même, mais son regard est surtout profondément humain et les questions qu’il évoque dépassent largement son histoire personnelle. Alors oui, c’est très long, très détaillé, mais c’est une lecture assez simple et souvent captivante (sans être pour autant, comme l’indique assez bêtement le quatrième de couverture, « un roman policier haletant » !).

Niveau 3
(Merci à Laurent pour ce conseil judicieux)

3 commentaires:

  1. Ce livre me fait beaucoup penser à "Sobibor" que je viens de commenter sur mon blog ;)

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  2. Comme toi, ce qui m'avait intéressé dans ce livre, c'est qu'il dépasse le "simple" cadre d'une énième évocation de l'Holocauste pour s'intéresser aux questions de la transmission familiale, sur la course contre le temps qui passe...
    Je suis heureux d'avoir été de bon conseil ;)

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  3. On me l'a vivement conseillé ... il faudrait que j'y pense lors d'une prochaine virée en librairie ! ;)

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