15 août 2012

Le syndrome toscan

Monteriano, E.M. FORSTER

Réédition du premier roman de Forster qui porte en lui les germes de son œuvre à venir. Vous reprendrez bien un peu de Toscane ?

Lilia, veuve depuis peu, s’en va pour un voyage d’une année en Italie, laissant aux soins de sa belle-famille l’éducation de sa petite fille. La jeune anglaise fera plus que s’éprendre de la beauté des paysages puisqu’elle va commettre la pire des horreurs : épouser un bel Italien, fils du dentiste de Monteriano, un village toscan ! Philippe, le frère du mari défunt, tentera de s’opposer à cette union qui vient ternir la réputation de sa respectable famille. Trop tard. Le mariage est conclu et les ennuis ne font que commencer.
Dans son premier roman, enfin réédité, Forster mettait déjà en scène les thèmes qui se retrouveront dans ses œuvres postérieures : les rapports de classe (Howards End), l’envie de se libérer de la société corsetée de l’époque (Maurice) et, bien sûr, la fascination que l’étranger exerce sur les Britanniques. La Toscane de l’auteur d’Avec vue sur l’Arno possède une beauté sauvage qui chamboule les esprits et les cœurs. Monteriano n’existe que dans la fiction. C’est un lieu inspiré d’autres villages (dont San Giminiano) et qui en rassemble toutes les caractéristiques ; un concentré de toscanitude, fatal pour les âmes trop sensibles. Loin des habitudes et de la rigueur de leur quotidien britannique, les personnages de Monteriano se perdent, doutent ou bien se révèlent. C’est la version bucolique et philosophique du "syndrome toscan" (appelé aussi "syndrome de Stendhal"). Les dialogues sur les mœurs et les sentiments sont pleins d’esprit et d’ironie mais cependant l’intrigue hésite trop entre comédie et drame et, au final, tombe dans le coup de théâtre tragique qui alourdit inutilement la démonstration.
Si vous n’avez jamais lu Forster, il vaudra donc mieux commencer par un des romans cités plus haut ou découvrir son univers à travers les magnifiques adaptations au cinéma du James Ivory.

Référence :

Monteriano, E.M. FORSTER, traduit de l’anglais par Charles Mauron, Le Bruit du temps, 2012.

12 commentaires:

  1. Jamais lu Forster, malgré tout le bien lu et entendu. Ces rééditions au Bruit du Temps, avec ces ouvrages élégants, seront peut-être enfin l'occasion pour moi de passer le pas.

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    1. Si j'étais toi, je commencerais pas "Avec vue sur l'Arno", plein de finesse, d'humour et d'élégance.

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  2. je connais les adaptations cinéma, mais je n'ai rien lu jusqu'à présent - encore une lacune à combler

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    1. Pas une lacune: un auteur que tu as la chance de pouvoir encore découvrir!

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  3. Eh bien, je peux être candidate à la déception parce que j'ai lu Maurice, Howards End et Avec vue sur l'Arno !! Je me jetterais bien dans la tourmente toscane avec délectation... on dirait que la réédition est belle !

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    1. Belle réédition, en effet. Qui se lit sans déplaisir mais cela reste un premier roman.

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  4. Une excellent initiative que cette réédition. Au-delà de son intérêt littéraire, il est désormais possible de se procurer cette édition récente à un prix moindre que les vieux exemplaires épuisés revendus d'occasion à des prix astronomiques abusifs !

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  5. Je ne savais pas qu'il y avait un marché juteux pour les vieux Forster. Mais c'est vrai que c'est rare de tomber sur un de ses livres en librairie. Un peu passé de mode Edward Morgan?

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  6. Je suis tentée ... J'avoue que je connaissais pas du tout cet auteur. Merci pour la découverte !

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    1. Comme dit plus haut, je conseille "Avec vue sur l'Arno" (magnifique "A room with a view" que tu as p-ê vu?)

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  7. Je ne connais pas du tout mais je suis bien tenté.

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  8. J'aime beaucoup Foster donc je note ce titre qui me fait un peu penser à son premier roman, "Where angels fear to tread".

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