13 mars 2012

Histoires sans fin

Amos OZ, Scènes de la vie villageoise

Recueil de nouvelles qui se répondent et forment un récit étrange et presque onirique dans un village centenaire d'Israël.

"Tel-Ilan était un village séculaire, environné de champs et de vergers. A l'est, s'élevaient des coteaux plantés de vignes. Des amandiers s'alignaient par-delà la route. Les toits de tuiles étaient noyés dans le berceau de verdure que formaient les cimes touffues des vieux arbres. Certains habitants s'occupaient encore d'agriculture et employaient des ouvriers étrangers, logés dans des cabanes donnant sur les arrières-cours. La plupart avaient affermé leurs terres pour se reconvertir dans les chambres d'hôtes, les galeries d'art, les boutiques de mode, quand ils ne travaillaient pas à l'extérieur. Deux restaurants gastronomiques, une cave à vins et un magasin d'aquariophilie avaient ouvert dans le centre. Quelqu'un avait créé une petite usine spécialisée dans la copie de meubles anciens. Le bourg accueillait, le shabbat, une foule de visiteurs venus déjeuner ou dénicher les bonnes affaires. Le vendredi à midi, en revanche, les rues se vidaient et tout le monde faisait la sieste derrière les stores tirés."
C'est dans ce village israélien qu'Amos OZ situe huit nouvelles qui composent son recueil Scènes de vie villageoise. Un village centenaire et paisible dans lequel vit une petite communauté dont les membres se connaissent tous. Et pourtant, certains événements vont perturber la vie en apparence si tranquille des personnages d'OZ. La femme du maire disparait soudainement, le neveu de la doctoresse ne descend pas du bus qui devait l'amener jusque là, d'étranges visiteurs viennent voir la vieille mère malade d'Arieh Zelnik, l'agent immobilier visite une maison pour le moins étrange, Pessah Kedem entend toutes les nuits le bruit de quelqu'un qui creuse sous le maison,...
Derrière le calme de la vie de village surgissent une certaine inquiétude et des situations inexpliquées. Les personnages se croisent sans cesse, d'une nouvelle à l'autre, et vivent la cruauté de l'absence, du manque, de la disparition. Ils vieillissent, voient leur village changer, les touristes arriver. Leurs récits suscitent de nombreuses questions auxquelles l'auteur se garde bien de répondre. Récits empreints de mystère et de poésie, les nouvelles d'Amos OZ interrogent et se terminent toutes par un grand point d'interrogation. En refermant le livre, nous laissons les héros, à la fois perdus et étrangement apaisés, là où ils sont : sur un banc, dans une cave, sous un lit, seuls dans le noir ou encore, comme le dit le titre de la dernière nouvelle, Ailleurs, dans un autre temps.

Références :
Amos OZ, Scènes de vie villageoise, traduit de l'hébreu par Sylvie Cohen, Gallimard, 2010.

3 commentaires:

  1. C'est un auteur que je n'ai jamais osé lire, pourtant "des récits empreints de mystère et poésie" cela devrait me plaire !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne dirais qu'une chose... OZ (bon, elle est pas terrible mais j'ai eu une grosse journée).

      Supprimer
  2. J'aime beaucoup Amos Oz,notamment ces nouvelles villageoises que j'ai chroniquées aussi.

    RépondreSupprimer