10 novembre 2011

Tchiki Boum

Le premier été, Anne PERCIN

Sur le thème casse-figure des amours de vacances, un roman sensuel et surprenant.

Deux sœurs se retrouvent dans la maison de leurs grands-parents, là où plus jeunes elles venaient passer l’été. Catherine, la cadette, profite de cette réunion pour enfin lever le voile sur un épisode qui la hante depuis ses quinze ans.

C’est la chaleur de l’été. À la radio, Etienne Daho tombe pour la France. Les filles et les garçons quittent doucement les jeux de l’enfance pour se lancer dans les premières histoires d’amour, ritualisées dans les boums. Catherine observe les transformations qui s’opèrent chez sa sœur aînée: le regard toujours en alerte, les poses, les attitudes et les tenues qui tentent d’en dire long, comme Madonna dans Recherche Susan désespérément. Malgré ses quinze ans, Catherine ressent parfois une certaine langueur, comme un étourdissement qu’elle comprend à peine et qu’elle garde pour elle, dans l’isolement du grenier ou dans ses promenades solitaires. Mais comment apprivoiser ce désir naissant, ignoré des tests de Ok ! (avec Sophie Marceau en couverture), qui ne présentent les filles que comme des poupées qui font non ?

Je m’arrête là. Le roman ne joue pas sur une révélation soudaine ou un incroyable retournement de situation mais il serait dommage d’enlever au lecteur le plaisir d’évoluer, au rythme de la jeune héroïne, sur les sentiers aux pierres chauffées par le soleil de juillet.

Le thème des premiers émois, sensuels et amoureux, couplé à celui des vacances d’été : on aurait pu tomber dans la nunucherie. Mais l’écriture d’Anne Percin parvient, avec une douceur aigre et suave, à arracher son personnage aux stéréotypes de l’adolescente à la découverte d’elle-même. Personnage en marche et en recherche, Catherine va se heurter aux mots qui enferment, à la violence des rapports sociaux. La bonne idée est ici de passer les événements par le biais du récit de Catherine adulte : c’est donc la parole d’une adulte qui se penche sur son passé, jouant habilement, entre distance et intimité, avec les pensées de la jeune fille. Au-delà de l’histoire, le livre séduit également par son ambiance sensuelle et fiévreuse et par la pointe de nostalgie qui émane de cette reconstruction des années 80.

Sur les bons conseils d’In Cold Blog qui reprend d’autres avis dans son billet.

Et un petit bonus, un slow qui tue, made in 1985.



Référence :
Le premier été, Anne PERCIN, Au Rouergue, Collection La brune, 2011

13 commentaires:

  1. On sent que les années 80 te parlent bien!^_^
    De l'auteur je n'ai lu qu'un autre roman, avec de bien jolis passages, très fins.

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  2. Voilà un avis de plus qui ne me fait pas regretter d'avoir acquis ce livre... toujours dans la PAL ! (non ? siiii)

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  3. Un livre qui recrée toute une époque en effet, qui dit beaucoup en peu de mots ...

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  4. @ keisha: j'étais encore assez jeune à l'époque du roman (10-11 ans) mais ma famille écoutait beaucoup de musique et donc moi aussi!

    @ Anne: et en plus il est court!

    @ Véronique: c'est vrai que c'est une écriture qui n'en fait jamais trop, avec beaucoup de retenue. Il y a beaucoup d'émotions mais ce n'est jamais du tire-larmes.

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  5. Rien que pour son titre - mais pas que... -, ce billet mérite d'exister !
    (Eh oui, que veux-tu j'avais plus de 10-11 ans à l'époque :-pp)

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  6. J'ai vu mais pas lu ton commentaire car je viens juste de l'acheter. Je le lis d'abord et je reviens.

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  7. @ ICB: juste pour info, "Tchiki Boum" et "Forever Young" sont cités dans le livre. Mais c'est vrai que ça sonne bien aussi pour un titre de billet!
    Merci pour le conseil lecture: j'ai vraiment passé un très bon moment.

    @ argali: bonne lecture!

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  8. Tu ricanes quand je te demande si tu es tenté de lire "Le choeur des femmes" de Martin Winckler, et tu lis des brols de gonzesses sensuels écrits par des femmes. 'Comprends pas ! ;)

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  9. @ Reka: zut, tu m'as démasqué! J'ai l'âme d'une adolescente de quinze mais je cache tout ça sous des tonnes de cynisme... (Je te laisse: une envie urgente de relire tout Twilight) ;-)

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  10. Je reviendrai vers ton billet ultérieurement ; là je préfère ne pas trop en savoir car j'ai réussi à emprunter le roman à la bibliothèque... mais en réalité, seule la curiosité me motive : je veux savoir ce qui se passe dans la dernière partie, qui a l'air de surprendre tous les lecteurs !
    Mais pas sûr que cela fasse de moi une bonne lectrice de ce roman, dont le thème ne me tente pas plus que cela.

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  11. J'ai bien aimé ce roman. Je l'ai trouvé émouvant, bien écrit. Mes vacances ressemblaient énormément à celles de Catherine (grands-parents en moins) et je l'ai trouvé criant de vérité quant à l'atmosphère, les regards des autres, les relations entre jeunes...
    Je rejoins assez ton avis.

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  12. @ Brize: je suis loin d'être sensible à ce genre de thème et pourtant ici, cela prend une dimension très intéressante.

    @ argali: j'ai lu ton billet et nos avis sont effectivement très proches. Tu as raison: c'est un roman très juste sur les ados.

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  13. Je reviens vers ton billet après lecture. Je m'attendais, moi, "à une révélation soudaine ou un incroyable retournement de situation". Il n'y en a pas eu, mais cela ne m'a pas du tout empêchée (à ma grande surprise) de beaucoup aimer ce roman (billet à venir), dont ton billet rend très bien compte (comme d'hab ;) !).

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