2 mars 2011

Au prochain carrefour, tournez à… ?

La vie très privée de Mr Sim, Jonathan COE

Récit de voyage sous GPS et roman d’initiation à la cinquantaine : retrouvons le rire doux-amer de notre Anglais préféré.

Un divorce, une dépression sévère, un père à l’autre bout du monde, une vie sentimentale sur pause : Maxwell Sim est dans une mauvaise passe. Face à une scène heureuse et d’une grande banalité (une mère et sa petite fille en train de s’amuser en jouant aux cartes), il s’interroge : comment se fait-il qu’il soit incapable d’entretenir une telle complicité avec les membres de son entourage. Brouillé avec son meilleur ami, éloigné de son ex-femme et de sa fille, silencieux face à son père ; à qui se confier, avec qui partager ? Sa première résolution pour mettre fin à cette malédiction est d’engager la conversation avec son voisin dans l’avion qui le ramène en Angleterre après avoir passé quelques jours auprès de son père à Sydney. Pas de chance : alors que pour la première fois de sa vie il parvient à se raconter, le passager meurt d’une crise cardiaque en plein vol ! Mais Maxwell s’accroche et n’hésite pas, pour rebondir, à accepter d’entreprendre un drôle de voyage organisé par une marque de brosses à dents artisanales. L’occasion de renouer avec de vieilles connaissances et de peut-être se remettre à vivre en suivant les indications d’Emma, la voix langoureuse de son GPS.

Face au désespoir et à la solitude, COE impose l’arme absolue : l’humour british. Alors que son précédent roman était surtout mélancolique (comme on l’avait dit ici), celui-ci renoue davantage avec l’esprit de Testament à l’anglaise ou de La maison du sommeil. Un personnage de loser magnifique, un anti-héros attachant de banalité, en proie aux soucis de son époque. On retrouve aussi toute l’aisance de l’auteur quand il s’agit de passer d’une voix à l’autre en insérant dans son récit des lettres, des nouvelles, des pages de souvenirs qui viennent peu à peu éclairer le personnage sur son identité. COE abandonne des petits cailloux qui finissent par montrer le chemin et amener son personnage à une découverte pour le moins surprenante… En adaptant les codes du roman d’initiation et du récit de voyage (existe-t-il un terme équivalent au road-movie pour la littérature ?), il entraîne le lecteur à travers les lieux de la vie moderne (aéroport, station routière, chaîne de restaurants, …) avec une ironie bienveillante. 

Pas d’hésitation : au prochain carrefour, direction votre PAL !
Référence :
Jonathan COE, La vie très privée de Mr Sim, traduit de l’anglais par Josée Kamoun, Gallimard, 2011.

11 commentaires:

  1. J'aime trop l'auteur, j'ai réservé ce roman à la bibli!!!

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  2. Je l'ai noté mais pas de chance, il n'est pas encore à la biblio...

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  3. Deja deux Coe dans ma PAL, pas encore lu cet auteur mais c'est pour tres bientot. Je note que vous avez adore celui-ci :)

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  4. @ keisha: je comprends ton impatience. Pour moi, un nouveau Coe, c'est toujours un grand plaisir.

    @ Clara: courage! patience!

    @ L'Ogresse: un auteur à découvrir de toute urgence!

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  5. Je pense l'acheter à Londres le mois prochain, yes yes yes :)

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  6. S'agit-il du meilleur de Coe, selon toi ? Il faut que je découvre cet auteur !

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  7. @ Lou: je ne suis pas un lecteur confirmé en VO mais ça doit être jouable. Enjoy your trip!

    @ Sébastien L: question difficile... Le meilleur Coe, je ne sais pas. J'ai découvert cet auteur avec "Testament à l'anglaise" et "La maison du sommeil": ce sont deux bonnes entrées dans le style de Coe, l'un pour l'humour et le côté réalité historique et politique, l'autre pour le côté plus mélancolique. Il y a aussi le diptyque "Bienvenue au Club" et "Le cercle fermé" qui mélange bien les deux tendances.

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  8. De l'auteur, je n'avais lu que "La maison du sommeil", il y a longtemps, et mon emballement initial avait un peu faibli sur la fin (je trouvais que le livre ne tenait pas ses promesses mais mon souvenir est trop diffus pour être plus précise).
    Pour ce dernier opus, aucune réserve : j'ai beaucoup aimé !

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  9. @ Brize: pour moi quelques réserves dans les premières pages et puis je me suis laissé prendre par le récit.

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  10. Que de longueurs dans la première partie. heureusement, la suite et la fin surtout sont nettement plus emballantes.

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  11. @ Yv: j'ai aussi trouvé le début un peu lent à démarrer et, en y repensant, je trouve la pirouette finale un poil too much.

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