14 juillet 2010

C'est quand le bonheur?

Erri DE LUCA, Le jour avant le bonheur

Roman de formation dans la Naples d'après-guerre... Pas de surprises mais plein de finesses.

Avec un aussi joli titre, on ne pouvait qu'attendre un tout grand livre. On a donc été un petit peu déçu malgré l'écriture tout en subtilité de l'auteur italien Erri DE LUCA. Celui-ci nous livre un conte initiatique, l'histoire d'un orphelin pris en charge par Don Gaetano, le très charismatique concierge de son immeuble, qui lui apprend la Scoppa, la notion d'honneur et le sens de la vie. Entre autres talents, Don Gaetano cuisine divinement le "pâtespatates" (malgré de nombreuses recherches, impossible de savoir en quoi consiste réellement cette recette. Si l'un de nos lecteurs bien aimés est spécialiste de la cuisine napolitaine, qu'il n'hésite pas à nous donner des précisions quant à ce plat !) et a la faculté d'attraper les pensées des autres. Il connaît donc tout de son protégé, y compris son obsession pour une jeune fille dont il a croisé le regard des années plus tôt et qui revient en ville. Et c'est aussi l'histoire de cette ville, justement, dont il est question : la Naples de l'immédiate après-guerre, encore meurtrie par les bombardements, par les nazis qui longtemps n'ont pas voulu se déclarer vaincus et par les Américains qui ont séduit les femmes de ces fiers hommes du sud, touchés dans leur virilité.
La fin du chemin, pour notre jeune protagoniste, et donc le début de l'âge adulte, se feront dans la découverte du sang, de la vengeance et du sexe. Il apprendra également que le vrai bonheur, qui est si fugitif, se savoure mieux le jour d'avant, celui où on l'attend, où on le sent venir.
Le style de DE LUCA est particulier, fait de phrases courtes et de nombreuses sentences, mélange de simplicité et de poésie, flirtant parfois avec le fantastique (peut-on parler de réalisme magique pour un auteur italien ?). Reste cependant après la lecture, outre un léger arrière goût de trop peu, comme une sensation de déjà lu... Rien de très suprenant dans cette initiation d'un adolescent qui découvre l'amour et la violence, guidé par un homme simple et sage. Mais la beauté de l'écriture, la poésie qui s'en dégage et l'évocation du soleil de l'Italie suffiront à nous faire passer, en cette période de canicule, un joli moment de lecture.

8 commentaires:

  1. J'avoue avoir du mal avec De Luca malgré quelques tentatives...

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  2. ça me rassure ! Parce que, outre la beauté du style, je n'ai pas été conquise. J'avais pourtant des a priori très positifs...

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  3. Ah! pour moi, ce livre est un coup de coeur! J'ai surtout beaucoup apprécié le personnage de Don Gaetano. Je n'ai pas vraiment fait attention à la beauté du style. La lecture est légère et fluide. Très peu de billets sur ce livre dans la blogosphère!

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  4. De De Luca, je n'ai lu que Trois chevaux dont j'avais beaucoup aimé le style. Je m'étais promis d'y revenir un jour. Ce nouveau roman pourrait me plaire.

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  5. @AnnDeKerbu : c'est vrai que c'est un beau personnage. Vive la diversité sur la blogosphère.
    @In Cold Blog : on attend avec impatience ton avis !

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  6. Je n'ai qu'une chose à dire: il nous faut la recette des pâtespatates :)

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  7. @Sébastien L : c'est effectivement LA question ! Serait-ce simplement des gnocchis ? Qui peut nous aider ?!

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  8. Bonjour, je l'ai lu à la suite de Montedidio et je suis ravie de cette lecture!

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