9 avril 2010

(Re)Lire ses classiques#1

 
La métamorphose, Franz KAFKA

Nouvelle angoissante et implacable sur l’aliénation pour inaugurer notre nouvelle rubrique.

Même si nous faisons rarement lire les fameux « classiques » à nos élèves, il nous arrive parfois de mettre au programme des lectures de l’année  (comme ici) l’un ou l’autre « incontournable ». Et, parce que nous sommes d’excellents profs (mais oui !), nous nous plongeons régulièrement dans l’histoire de la littérature pour préparer nos leçons. C’est alors l’occasion de lire ou de relire les « grands » auteurs. Beaucoup de guillemets dans ces quelques phrases car ces notions sont bien discutables et très floues, mais passons…
Donc, nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle rubrique : (Re)Lire ses classiques, dans laquelle nous publierons régulièrement un petit billet sur ces (re)découvertes. On aurait aussi pu participer à l’un ou l’autre challenge (comme ici), mais les semaines et les mois qui viennent seront chargés et on a peur de ne pas suivre la cadence… On vous en dira plus bientôt…
Pour commencer, une nouvelle étudiée en classe dans le cadre du cours sur la modernité (et avant un passage à Prague avec les élèves) : La métamorphose.
On a bien sûr en tête l’image de l’immense cancrelat échoué sur le lit d’une petite chambre de l’appartement de la famille Samsa. Mais finalement la transformation de Gregor en parasite repoussant n’est qu’un accident vite évacué du récit au profit de la véritable métamorphose de la nouvelle, celle du regard de la famille sur cet occupant inopportun. Le fils et le frère aimé, soutien infaillible d’une cellule familiale en proie aux problèmes d’argent, un fois changé en insecte devient rapidement un fardeau qu’il faut soustraire aux yeux du monde, une honte, une disgrâce. Et la lente aliénation du personnage de commencer…
« Qui couche avec des chiens attrape des puces ». La phrase du père de Kafka est prise ici au pied de la lettre. Sans vouloir tomber dans les pistes trop biographiques de l’analyse du texte, on voit très clairement ici se jouer un conflit père-fils avec pour cadre cette transformation en parasite. Un thème évidemment cher à l’auteur (voir la Lettre au père), tout comme celui de l’aliénation par le travail et le poids des contraintes sociales.
Au-delà de la vision de la famille aliénante, la nouvelle de KAFKA fascine aussi par sa construction. Trois chapitres qui suivent le même schéma et qui montrent le pourrissement croissant de la situation. Alors que l’état du fils/insecte se dégrade, les rôles sont redistribués au sein de la famille, donnant à chacun une nouvelle position et, peut-être, de nouvelles chances.
Un texte cruel et incisif, d’une écriture tendue d’un bout à l’autre de la nouvelle.
A lire ou à relire…

1 commentaire:

  1. Très sympa cette nouvelle rubrique ! Je vais tenter de suivre le rythme et de (re)lire moi aussi ces classiques ! Kafka, j'avoue que ça fait un bail ...

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