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7 février 2011

Play it again, Paul

Sunset Park, Paul AUSTER

On a tous quelque chose en nous de Paul Auster…

On l’avait quitté il y a un an à peine (ici) et pourtant il est déjà de retour (en VO, certes, mais la traduction ne saurait tarder). Et comme à chaque fois, ça marche. AUSTER a ce don de créer en quelques pages une atmosphère, un personnage, une situation auxquels on est aussitôt attachés. Une petite musique qui n’appartient qu’à lui et dont les amateurs (qui a dit groupies ?) ne se lassent jamais. Tout en délaissant un peu le côté « histoire dans l’histoire dans l’histoire » de ses derniers romans, il retrouve cependant ses incontournables : un père, un fils, Brooklyn. Du concentré d’AUSTER.
Et pourtant le roman débute en Floride où Milles, jeune adulte, vivote au gré des petits boulots, le dernier en date consistant à vider les maisons que les victimes de la crise financière ont du abandonner. Exilé volontaire depuis plusieurs années, il a fui ses parents sans plus donner de nouvelles et porte, comme on dit dans ces cas-là, un lourd secret. Mais le hasard – autre outil de la panoplie austerienne – le ramènera vers Brooklyn, à Sunset Park, où un ami d’enfance s’est installé dans une maison laissée à l’abandon. Un squat assez confortable où Milles fera la rencontre de colocataires qui, eux aussi, semblent avoir mis leur vie sur pause. Les récits de chacun de ces personnages vont se croiser et donner vie à un petit monde dont on a du mal à s’échapper.

Dans Brooklyn Follies, les personnages rêvaient d’un lieu idéal, un endroit où réaliser leurs désirs : l’Hôtel Existence. Dans Sunset Park, les habitants de la maison abandonnée, unissant leurs forces contre une adversité aux formes diverses, semblent aussi vouloir croire en leurs rêves : devenir artiste, maintenir le passé en vie, trouver l’amour. Utopie ? À voir…
Sans avoir l’air d’y toucher, l’auteur montre aussi comment la crise financière affecte le réel. Des maisons à l’abandon, des objets au rebut, des éditeurs aux abois, … Mais Paul (depuis les années, j’ai bien le droit de l’appeler par son petit nom) fonctionne par petites touches, par un jeu subtil d’éléments qui se répondent et créent la trame narrative de son roman. Les digressions, les réflexions sur l’art, les coïncidences, … Un air familier mais qui parvient malgré tout à étonner et à espérer voir arriver le prochain roman le plus vite possible.

Référence :
Paul AUSTER, Sunset Park, Henry Holt, 2010

10 février 2010

Me, myself and Paul

Invisible, Paul AUSTER

Une vraie-fausse confession où AUSTER multiplie ses ruses de conteur hors pair.

Je n’ai pas l’habitude de lire en VO. Peur de perdre le plaisir immédiat de la lecture, peur de passer à côté de quelque chose (un comble pour le prof qui passe son temps à demander à ses élèves d’apprendre à lire entre les lignes…). Mais comment résister à l’attrait du nouveau roman de Paul AUSTER sorti fin 2009, pas encore traduit chez nous ? Si j’ai parfois dû ouvrir mon vieil Harrap’s, je m’en suis sorti assez facilement, sans avoir l’impression de réaliser un devoir d’anglais !
En ce qui concerne l’auteur, je veux bien admettre que, dans une production aussi régulière et abondante, tout n’est pas toujours du même niveau, mais je suis à chaque fois touché et j’aime voir évoluer, de livre en livre, ses obsessions et ses procédés. Dans Invisible, a priori, pas de surprise. Tout l’univers de l’auteur est au rendez-vous : anti-héros à la recherche d’une figure paternelle, livre dans le livre, récits dans le récit, New York, hasard et coïncidences, digressions littéraires et cinématographiques …

Tout commence en 1967. Le jeune Adam Walker, étudiant et apprenti poète, fait la rencontre de Rudolf Born. Il est professeur en politique internationale, plus ou moins Français et enseigne pour une année à Columbia. Très vite, Born propose à Adam de l’employer afin de l’aider à se lancer dans la vie et dans une carrière éditoriale. Une proposition étonnante car ils se connaissent à peine. Serait-ce l’influence de Margot, la compagne de Born, qui semble séduite par le jeune Adam ? Ce début d’amitié prometteur sera pourtant arrêté net par un accident violent qui plonge soudain le roman dans une atmosphère proche du thriller…
Je ne vais pas en dire plus ; ce serait gâcher le vrai-faux suspense. Vrai car la personnalité étrange de Born inquiète ; faux car comme souvent chez Auster, on ne nous dira pas tout.
Au final, mais c’est un « austerien » convaincu qui parle, j’ai été captivé par le roman et ces multiples niveaux de lecture. C’est au départ Adam qui raconte mais très vite il est arrêté dans son récit par ce « je » qui, selon lui, le rend invisible à lui-même. Commence alors un jeu de récits enchâssés, de changements de narrateurs qui, mis bout-à-bout, nous fait douter de la véracité de cette confession. Multiplication de points de vue, sauts dans le temps, … AUSTER ballade le lecteur d’une histoire à une autre, de New York à Paris, de 1967 à aujourd’hui, pour mieux raconter et mieux nous faire comprendre qu’on ne peut pas tout comprendre…

Et pour contrebalancer un peu mon enthousiasme, l'avis d'Emeraude, plus mitigé.

27 janvier 2009

Seul dans le noir

Seul dans le noir, Paul AUSTER

August Brill est immobilisé dans sa chambre et se raconte des histoires pour venir à bout d'une insomnie. Il imagine une autre réalité, une Amérique en pleine guerre civile où le sort de la population dépendrait d'un seul homme chargé de tuer l'auteur de cette réalité alternative...
August Brill, veuf depuis peu, habite dans la maison de sa fille, inconsolable depuis le départ de son mari, en compagnie de sa petite-fille hantée par la mort atroce de son compagnon. Les récits se croisent, se multiplient, entrecoupés d'anecdotes, de réflexions alors que ce monde étrange continue de tourner...
On retrouve tous les thèmes et les motifs chers à Paul AUSTER et sa faculté d'entraîner le lecteur pas à pas dans un monde où fiction et réalité se mélangent intimement.
L'occasion pour ceux qui ne le connaissent pas de découvrir l'univers du romancier et pour les autres l'impression de retrouver un vieil ami.