10 février 2013

Cent ans d’histoire et quelques bouteilles

Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, Jonas JONASSON

Un road-movie loufoque et une leçon d'histoire bien arrosée.

Certains partent à la pêche au marlin. D’autres lisent des romans d’amour. Allan Karlson, lui, a décidé de se faire la malle, de quitter la maison de retraite et de prendre le premier bus qui quittait la ville. Souffler ses cent bougies sous les yeux des pensionnaires séniles, de l’adjoint au maire et de la terrible sœur Alice (qui lui refuse obstinément toute goutte d’alcool), très peu pour lui. Mais à peine a-t-il posé ses charentaises hors de l’enceinte du home que les événements s’enchainent et qu’il se retrouve rapidement poursuivi par la police et une bande de petits délinquants. Sur sa route, Allan va croiser, en vrac, un vendeur de saucisses (presque) surdiplômé, un vieux kleptomane, la femme la plus vulgaire de Suède et… un éléphant ! Pourtant, il en faut plus pour impressionner Allan. Quand, grâce à ses talents d’artificier amateur, on a passé sa vie de par le monde, à trinquer avec tous les présidents américains et les plus terribles dictateurs, c’est qu’on a de la suite dans les idées. Ou bien serait-ce juste le hasard ?
À côté du road movie burlesque pour troisième (voire quatrième) âge, le roman revisite, à travers une série de flash-backs qui entrecoupent le récit de la fugue du vieillard, l’histoire des grands conflits du vingtième siècle, vue par un petit Suédois qui aime les grosses explosions. La politique ne l’intéresse pas vraiment, mais comment dire non à un bon repas et, surtout, à un bon verre, que cela soit avec Franco, Truman ou Staline ? L’humour décalé de l’auteur, parfois teinté de noir, m’a amusé. J’y ai un peu retrouvé ce que j’avais aimé dans les premiers Paasilinna, avec ici une dimension historique qui joue constamment sur le décalage (avec mention spéciale pour Kim Jong-il en gamin pleurnichard avide de gros câlins).
Et parfois un peu d’humour en littérature, ça fait du bien !

Juste pour le plaisir, une citation à méditer :
Il dit avec modestie qu’il n’était pas difficile de se faire passer pour un idiot quand on l’était vraiment. Allan n’était pas d’accord avec son ami, parce que tous les imbéciles qu’il avait rencontrés dans sa vie essayaient de se faire passer pour le contraire.

D’autres avis chez Émeraude, Liliba ou chez Ingannmic (qui a jeté l’éponge).

Référence :
Jonas JONASSON, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, traduit du suédois par Caroline Berg, Pocket, 2012.

13 commentaires:

  1. Le fait de lier ce road-trip déjanté à l'histoire du XXème siècle pourrait me plaire... (et je me demande bien pourquoi je n'avais jamais remarqué ce thème dans les autres billets !)

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    1. C'est la partie qui m'a le plus amusé et c'est ce qui fait l'originalité du bouquin.

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  2. Tu as raison, un peu d'humour en littérature, ça fait du bien (et surtout c'est un exercice extrêmement difficile l'humour en littérature).

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    1. Pas facile en effet. Je trouve que Coe arrive assez bien à mettre de l'humour dans ses livres, par exemple.

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  3. Difficile, oui, d'autant plus que nous ne sommes pas tous sensibles au même style d'humour... Comme je l'ai déjà écrit dans mon semblant de billet, ce qui m'a surtout déçue, dans ce roman (dont je précise, pour être honnête, n'avoir lu qu'un quart), c'est que le style, plutôt banal, est en décalage avec les situations cocasses.

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    1. Sur le style: je trouvais justement que ça donnait un petit air "british". Comme quoi...

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  4. Dans le genre "livre drôle et intelligent", nous avons ici un grand cru ;-)

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    1. Oui. Je n'en ai pas parlé mais il y a aussi une réflexion implicite sur les conflits et sur les relations politiques qui n'est pas que de l'ordre de la farce.

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  5. De manière générale, je suis très (mais alors, très) mauvais public pour ce genre de roman. Je passe mon tour sans regret même si ce n'est pas faute d'avoir croisé foultitude de bonnes critiques à son sujet. Je sais que je cours tout droit à la déception...

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    1. Je pense effectivement que ce n'est pas trop ton genre de bouquin. (Ce qui ne veut pas dire que tu n'as pas d'humour!)

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  6. Je le réserve pour les grandes vacances (peut-être en 018 ?) Blague à part, j'espère que ça me plaira parce que je n'ai pas trop apprécié Paasilina...

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    1. Toi aussi tu en es à penser à ce que tu auras le temps de lire dans dix ans? ;-)
      Ce roman m'a parfois fait penser à "La douce empoisonneuse", que j'avais bien aimé.

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