Karoo, Steve TESICH
Percutant, cynique et désabusé, une épopée moderne avec pour héros un loser existentiel.
Saul Karoo est un homme malade : une cinquantaine d’années, la colonne vertébrale qui se tasse, des kilos en trop, gros fumeur, gros buveur. Cet écrivaillon sans talent, reconnu cependant par Hollywood pour son habilité à sauver des scénarios à la dérive, a abandonné l’idée de prendre soin de lui, renonçant même, bravache, à sa couverture maladie. Mais au-delà de sa santé, c’est dans ses relations aux autres que Karoo semble le plus atteint. Incapable d’intimité, il ne fait que décevoir ceux qui l’entourent et, en premier lieu, son fils qui tente désespérément de créer du lien avec ce père présent mais insaisissable. À l’occasion d’une proposition de travail qui vient définitivement balayer ses derniers soupçons de morale (il doit remonter entièrement l’ultime chef d’œuvre d’un réalisateur mourant pour en faire un blockbuster), il fait une découverte étrange qui lui donne l’idée de tenter de sauver son âme et de s’employer, comme il le fait dans son travail, à redessiner le scénario de son existence.
Alors qu’il semble percevoir avec une extrême lucidité ce que ses proches attendent de lui, Karoo n’a de cesse de les décevoir. Il se regarde agir et être dans les yeux des autres, leur donnant au final l’image qu’ils se font de lui. Sa vie lui échappe mais il fonce tête baissée dans un monde où tout n’est que spectacle. Dans les soirées mondaines, les réunions de travail ou les repas en ville, Karoo s’enlise, témoin et complice, dans un jeu de faux-semblants où chacun joue son propre rôle. Ses succès professionnels et son train de vie cossu lui assurent une place de choix au sein de ce monde où tout finit par se valoir, où les conversations ne sont que clichés et où la beauté et l’amour ne figurent plus qu’au rayon entertainment. Le personnage n’est certes pas attachant mais il s’épaissit au fil des pages pour revêtir, finalement, une dimension presque mythique. D’ailleurs, le personnage d’Ulysse est souvent évoqué dans le roman (d'autres grandes figures apparaissent également en filigrane mais il serait dommage d'en dire trop), notamment à travers le seul scénario original jamais écrit pas Karoo. Comme le voyageur jouet des dieux, le personnage est aussi une figure de l’errance, existentielle et spirituelle.
Dans cette épopée moderne à l’humour cynique, Steve Tesich propose un portrait acide de notre société du divertissement et de la communication et fait ressortir les impasses dans lesquelles s’enfonce notre rapport à l’autre.
Et, s’il vous en fallait davantage, notons que le livre est aussi un tout bel objet auquel les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont apporté le plus grand soin.
D’autres avis chez Ingannmic, In Cold Blog et Brize.
Référence :
Steve TESICH, Karoo, Monsieur Toussaint Louverture, traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Wicke, 2012.
Percutant, cynique et désabusé, une épopée moderne avec pour héros un loser existentiel.
Saul Karoo est un homme malade : une cinquantaine d’années, la colonne vertébrale qui se tasse, des kilos en trop, gros fumeur, gros buveur. Cet écrivaillon sans talent, reconnu cependant par Hollywood pour son habilité à sauver des scénarios à la dérive, a abandonné l’idée de prendre soin de lui, renonçant même, bravache, à sa couverture maladie. Mais au-delà de sa santé, c’est dans ses relations aux autres que Karoo semble le plus atteint. Incapable d’intimité, il ne fait que décevoir ceux qui l’entourent et, en premier lieu, son fils qui tente désespérément de créer du lien avec ce père présent mais insaisissable. À l’occasion d’une proposition de travail qui vient définitivement balayer ses derniers soupçons de morale (il doit remonter entièrement l’ultime chef d’œuvre d’un réalisateur mourant pour en faire un blockbuster), il fait une découverte étrange qui lui donne l’idée de tenter de sauver son âme et de s’employer, comme il le fait dans son travail, à redessiner le scénario de son existence.
Alors qu’il semble percevoir avec une extrême lucidité ce que ses proches attendent de lui, Karoo n’a de cesse de les décevoir. Il se regarde agir et être dans les yeux des autres, leur donnant au final l’image qu’ils se font de lui. Sa vie lui échappe mais il fonce tête baissée dans un monde où tout n’est que spectacle. Dans les soirées mondaines, les réunions de travail ou les repas en ville, Karoo s’enlise, témoin et complice, dans un jeu de faux-semblants où chacun joue son propre rôle. Ses succès professionnels et son train de vie cossu lui assurent une place de choix au sein de ce monde où tout finit par se valoir, où les conversations ne sont que clichés et où la beauté et l’amour ne figurent plus qu’au rayon entertainment. Le personnage n’est certes pas attachant mais il s’épaissit au fil des pages pour revêtir, finalement, une dimension presque mythique. D’ailleurs, le personnage d’Ulysse est souvent évoqué dans le roman (d'autres grandes figures apparaissent également en filigrane mais il serait dommage d'en dire trop), notamment à travers le seul scénario original jamais écrit pas Karoo. Comme le voyageur jouet des dieux, le personnage est aussi une figure de l’errance, existentielle et spirituelle.
Dans cette épopée moderne à l’humour cynique, Steve Tesich propose un portrait acide de notre société du divertissement et de la communication et fait ressortir les impasses dans lesquelles s’enfonce notre rapport à l’autre.
Et, s’il vous en fallait davantage, notons que le livre est aussi un tout bel objet auquel les éditions Monsieur Toussaint Louverture ont apporté le plus grand soin.
D’autres avis chez Ingannmic, In Cold Blog et Brize.
Référence :
Steve TESICH, Karoo, Monsieur Toussaint Louverture, traduit de l’anglais (États-Unis) par Anne Wicke, 2012.
PS: notre blog marche au ralenti depuis plusieurs semaines. Examens, microbes, fin de grossesse (pour Amandine!), vacances et autres festivités, ... Mais on revient, on revient... Et on en profite pour vous souhaiter, à toutes et tous, une excellente année 2013.
Bonne année 2013 à tous les deux (une année qui va démarrer fort d'après ce qu'indique le post-scriptum :) !) !
RépondreSupprimerSinon, pour en revenir à "Karoo", même avec le recul, ce roman me laisse quelque peu... atone.
J'avais vu que tu étais loin de partager mon enthousiasme. J'ai cru en moment, pendant la lecture, que la lassitude risquait d'arriver mais finalement je ne l'ai pas ressentie.
SupprimerIl est noté, mais je ne manque pas de lecture en ce moment ! (quand en manquerai-je ? )
RépondreSupprimerTrès bonne année 2013 à tous les deux !
On ne manque pas de lectures; on manque de temps!
Supprimerça pourrait vraiment me plaire mais je vais peut-êre attendre la sortie en poche.
RépondreSupprimerBonne année et bon courage pour l'heureux événement qui approche, on est dans la même situation (naissance prévue en février) et j'avoue que chez moi le stress commence à monter depuis quelques jours...
Courage pour le dernier mois!
SupprimerJe me demande dans quelle collection de poche sortiront les romans de cet éditeur...
Bonne année, Voyelle et Consonne ! Et félicitations à Amandine ! Bientôt des livres pour les tout-petits sur ce blog ? ;-)
RépondreSupprimerPas de livres pour tout-petits à l'horizon ;-) On reste un blog qui vise plus les grands ados et les adultes.
SupprimerMerci pour le lien, je vois que nous sommes ressortis de cette lecture avec le même sentiment.
RépondreSupprimerJ'en profite pour vous souhaiter à tous deux une excellente année.
Je n'ai pas repris tous les billets sur ce livre mais, de manière générale, les avis étaient très positifs. Par contre, certains mettent ce livre en lien avec "La Conjuration des imbéciles", ce que j'ai du mal à comprendre.
SupprimerBonne année à vous ! Félicitations à Amandine ! Soignez-vous et revenez-nous vite ;)
RépondreSupprimerPour le livre, je suis tentée, il est inscrit dans ma LAL pour une prochaine fois.
Peut-être de quoi faire grimper ta moyenne 2013? ;-)
SupprimerBonne année vous aussi ! J'ai déjà félicité Amandine ;-) On a acheté Karoo il y a un bail, Léo l'a lu mais moi pas encore ! Vous me donnez envie d'aller le chercher !
RépondreSupprimerJe te le conseille vraiment: c'est du grand roman américain, mais plutôt du côté obscur de la force...
SupprimerBonne année ! et félicitations à Amandine !!!
RépondreSupprimerJe transmets tous vos messages à Amandine!
Supprimer***(Je suis Nono, le petit robot, l'ami d'Ulysse...)***
RépondreSupprimerOuais, bon, ben j'avais rien de mieux à ajouter (comment ça, je n'avais qu'à me taire ?) Ah si, bonne année à tous les deux et félicitations à Amandine.
Aaaah! Je me demandais qui allait relever la référence dans le titre du billet. J'aurais du me douter que ce serait toi!
SupprimerUn grand souvenir de mon enfance. J'ai encore les images du générique en tête. C'était assez mélancolique, non? Et puis Ulysse avait une tête de Bee Gees! ;-)
"Ulysse avait une tête de Bee Gees", j'adoooore ! ;-)
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