12 juillet 2010

Lettres au père

Un mensonge sur mon père, John BURNSIDE

Alcool et mensonges pour une relation père-fils sombre et destructrice.

La vie du père de John est une suite de mensonges, de réinventions du réel dans les brumes de l’alcool. Enfant abandonné, il fera de son enfance un récit presque mythique, aux multiples variantes. Quant à John, son fils, le narrateur du livre, il préfère raconter une histoire, un mensonge qui soit vrai.
Il raconte son enfance en Ecosse, dans les années 60. La famille de John habite une zone ouvrière morne et grise. Elle aura beau déménager, partir en vacances, s’inventer des ailleurs plus cléments, rien ne changera jamais : peu importe où ils sont ou pourraient être, il y aura toujours l’alcool du père, destructeur. Il entraîne, dans le sillage de ses soirées trop arrosées, la honte, la gêne et le désespoir de sa femme et de ses enfants. « Les fils paient pour les pêchés de leurs pères ». L’addition de John sera sévère. Enfant discret, appliqué à l’école, préférant les jeux solitaires et le contact avec la nature, il finit par se détourner de la route qui lui permettrait d’échapper au destin prédestiné d’un fils d’ouvrier. Comme Baudelaire et Rimbaud, poètes qu’il admire, il se laisse aller vers une vie de bohême au rythme des pertes de conscience et des expériences hallucinées. Herbe, Acid, LSD, … Toute la gamme des Fleurs du Mal qui l’entraînent vers le bas, la chute.
Comme dans la Lettre au père de KAFKA, John BURNSIDE nous décrit une relation père-fils ratée. Malgré la haine qu’il éprouve envers son père, John ne peut se départir de cette composante de lui-même, cherchant ou son approbation ou sa colère. La description des sentiments du fils est précise et percutante et l’on est immergé dans le récit à l’ambiance assez plombante, il faut bien le reconnaître. Le texte est, semble-t-il, très autobiographique, mais cela n’a pas beaucoup d’importance car il met en avant des questions qui dépassent largement l’histoire de l’auteur.

Un livre lu dans le cadre  d’un partenariat organisé par BOB et les Editions Points. Merci aux deux pour cette découverte (qui a mis du temps à arriver jusqu'à ma boîte aux lettres, ce qui explique le retard de ce billet).

Les avis des autres lecteurs, c’est ici.

10 commentaires:

  1. Tiens, c'est marrant, c'est un des livres que j'ai utilisé pour la photo 'il paraît que...' et ça fait des lustres que je dois le lire. J'ai bien envie d'y jeter un oeil mais bon, avec une Pal qui devient vertigineuse, je vais me calmer... ça sera peut-être pour les longues soirées d'hiver !
    Belle semaine à toi !

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  2. Dans ma LAL depuis un billet chez Clara, toujours tres tentee, merci pour cet article.

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  3. @ Sébastien L: Il convient mieux à l'hiver qu'à la canicule, certainement.

    @ L'Ogresse: Avec plaisir!

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  4. J'ai peur que ce soit typiquement le genre de roman propice à m'assassiner, mais plus je lis de critiques à propos de ce livre, plus j'ai hâte de me le procurer.
    Il finira de toute évidence dans ma bibliothèque !

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  5. Tiens c'est marrant, les deux bières sur la couv'. c'est le format poche que j'aurai dû avoir pour prendre la photo de 'il parait que...' ! Tant pis. Faudrait d'ailleurs que je pense à mettre tout ça en ligne: mais là à vrai dire, je dépasse l'entendement: j'ai des chroniques en avance (et une pile qui devient de plus en plus grande, certes, donc ça s'annule)
    belle soirée

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  6. @ Reka: à ne pas lire un jour où on rumine de mauvaises pensées...

    @ Sébastien L: tu te doutes bien que c'est avant tout la couverture qui m'a plu! ;o) Plus sérieusement, c'est un très beau livre sur la relation (difficile) père-fils.
    Pour notre part on publie encore une ou deux petites choses et puis on se mettre en blogovacances pour un petit moment.

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  7. J'ai beaucoup aimé cette lecture faite au moment de la sortie du livre chez Métailié. Une écriture et une histoire âpres et fortes

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  8. Burnside est inconnu au bataillon, juste de nom mais ton article me pose quelques questions: dois je le lire tout de suite ou attendre le rush de la rentrée littéraire? en tout cas, je suis curieuse de le découvrir, merci.

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  9. @ Bene: c'est en poche: rien ne presse!

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