13 mai 2010

Perdu dans l'abîme

La clé de l’abîme, José Carlos SOMOZA

Un roman futuriste artificiel sur la recherche du sens de la vie et de la preuve de l’existence de Dieu.


Quelle déception… SOMOZA, auteur virtuose capable de mélanger thriller, futurisme, mythologie et philosophie nous livra le brillant La caverne des idées, dont nous vous parlions ici, polar situé dans l’antiquité qui entraînait une réflexion sur la création littéraire. Ou encore Clara et la pénombre, une enquête dans un futur pas si lointain où les œuvres d’art sont humaines et au service des artistes faisant peu de cas des valeurs éthiques. Ainsi, les œuvres de SOMOZA avaient cette particularité d’être à la fois étonnantes, déroutantes et passionnantes. Ce qui, vous nous l’accorderez, n’est pas donné à toutes les œuvres littéraires. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je me suis lancée dans la lecture de La clé de l’abîme. Un enthousiasme qui s’est très vite refroidi. Si ce roman est bien étonnant et déroutant, il est, malheureusement loin, très loin d’être passionnant.
Nous sommes dans un monde futuriste où les hommes sont conçus artificiellement et où tous les corps sont donc, pour la plupart, parfaits. Daniel Kean, homme de conception (à la différence des quelques rares hommes biologiques qui existent encore) travaille dans le grand train. Ce jour là, il s’arrête auprès d’un passager au comportement étrange. Celui-ci va lui chuchoter quelques paroles mystérieuses avant de se donner la mort. Très vite, beaucoup de monde va s’intéresser à cette révélation. La femme de Daniel sera tuée devant lui et sa petite fille enlevée. Une mystérieuse jeune fille aveugle viendra lui porter secours et lui présentera ses amis, croyants et non croyants, tous lecteurs des quatorze articles de cette fameuse bible sur laquelle repose l’organisation de la société. Toute la bande partira bientôt à la recherche de la clé de l’abîme dont Daniel, bien malgré lui, est le seul à connaître l’emplacement. Mais Daniel sait qu’il ne peut faire confiance à personne.
A nouveau, SOMOZA a vu grand, très grand. Il imagine un monde futuriste fait de vallées, de montagnes, de paysages sous marins surmontés d’une bulle de verre géante. Les hommes sont souvent hermaphrodites, certains sont conçus uniquement pour procurer du plaisir, d’autres pour tuer. SOMOZA nous fait voyager tour à tour en Allemagne, au Japon et en Nouvelle Zélande, nous présentant des paysages oniriques de ces contrées, bien éloignés de ceux que nous connaissons actuellement. Il est question de la foi, des croyances, des fables, des mythes et du pouvoir de suggestion typiquement humain. Une nouvelle variation de la bataille entre le bien et le mal.
Mais il semble que, tout absorbé par l’univers qu’il était en train de créer, SOMOZA se soit perdu. Très vite nous sommes lassés de ces interminables descriptions d’un monde que nous n’arrivons pourtant pas à imaginer. Nous ne ressentons aucune empathie envers ses personnages qui restent bel et bien de papier. Et surtout, nous nous noyons dans ce grand vide que constitue l’intrigue. La luxuriance du monde imaginée par SOMOZA ne parvient pas à masquer le manque de trame et la banalité de l’histoire. SOMOZA s’embourbe : le style est lourd, le rythme est lent, les explications sont confuses. Et même le petit rebondissement de la fin, qui nous a arraché un pâle sourire et nous a vaguement sorti de notre torpeur, ne nous réconfortera pas d’avoir lu ce roman jusqu’à la fin.

4 commentaires:

  1. Je suis toujours d'accord avec vous c'est dingue ! Pour moi exactement pareil : Somoza égal pas de déception. Mais là oui, pourquoi ? parce que je n'aime pas tellement le fantastique et la sf et qu'ici, tout s'y rapporte. Et que si on n'aime pas et qu'on ne connaît pas l'oeuvre de lovecraft, il me semble qu'on passe à côté de quelque chose.
    Mais les autres Somoza, oui. Ceux dont tu parles, évidemment mais également la théorie des cordes et Daphné disparue (toujours pas sorti en poche...). Bref, ce n'est pas très constructif ce que je dis là mais je suis à 300% d'accord !

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  2. Bon ben alors je lirai "voici" comme d'habitude... ;-)

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  3. @Emeraude : voilà qui me rassure... Je me demandais quand même si je n'étais pas passé à côté de quelque chose.
    @mir : voilà une sage décision...

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  4. ah dommage, j'étais bien tentée, du coup, je vais zapper, malgré la couverture superbe !

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