30 août 2015

Le Commémorateur


Les Assassins, R.J. ELLORY

Ellory se penche sur les serial killers et, évidemment, ce n’est pas un livre comme les autres.

John Costello est un rescapé. Alors qu’un marteau s’abattait sur sa petite amie, un cri lancé de l’autre côté de la rue l’a sauvé de la mort. Une fois l’enquête bouclée, le jeune homme doit se reconstruire une vie à lui, dompter ses peurs, ses souffrances et tenter de donner du sens à une existence qui n’en a plus.
Des années plus tard, une série de meurtres frappe New York. Rien de plus que la violence habituelle, absurde, casse-tête sans fin pour la police qui doit jongler entre le manque d’effectifs, la pression des médias et les comptes à rendre aux autorités.
Alors qu’il enquête sur l’un de ces crimes, Ray Irving reçoit un message d’une journaliste qui a établi que ces meurtres étaient en réalité reliés : ils ont été commis à la date anniversaire d’un ancien meurtre et en ont rejoué, avec un sordide souci du détail, toutes les circonstances. Ce n’est pas la journaliste qui est à la base de cette découverte mais bien son enquêteur : John Costello, devenu au fil du temps une data base vivante de la violence américaine. 
Si les polars mettant en scène les serial killers n’ont plus grand chose d’original, il n’en va pas de même pour ce nouveau roman d’Ellory. Comme souvent chez l’auteur, le thème central tourne autour de la perte, du mal et du chemin vers la rédemption. Mais, et c’est là toute la particularité de ce livre par rapport aux autres thrillers, c’est également un portrait glaçant de l’Amérique et de sa fascination pour les criminels hors-normes. 
Dans les Assassins, ils sont même l’objet de collections malsaines (photos de scènes de crime, lettres manuscrites des tueurs, …). Comme si l’histoire du pays s’inscrivait dans cette mythologie du mal, celle du Zodiac, de Ted Bundy, … Pour Ellory, c’est également une interrogation plus globale sur le mal : comment expliquer et comprendre ces actes ? On retrouve en parallèle, comme récemment dans Papillon de nuit, la question de la peine de mort : une autre forme de violence absurde et aveugle. 
Ellory mélange les éléments du réel (les crimes « célèbres ») avec ceux de la fiction. L’intrigue est adroitement construite (le livre se dévore) et met en scène, comme dans toujours chez l’écrivain, des personnages complexes, sombres, en proie aux doutes.

Un excellent roman et peut-être, pour moi, l’un des meilleurs de l’auteur.

Référence :
Les Assassins, R.J. ELLORY, traduit de l’anglais par Clément Baude, Sonatine
Éditions, 2015.