30 août 2011

BEST OF VACANCES : partie 2

Entre deux plongeons (on peut davantage, dans mon cas, parler de « plouf ») dans la piscine, entre deux expos, entre deux trains, entre deux Spritz: des pages et des pages. Bilan de deux mois de lectures estivales, côté Consonne/Xavier.

Du côté du vidage de la PAL : comme ma chère et tendre co-blogueuse, j’en ai également profité pour aller du côté des lectures recommandées sur notre blog par Voyelle/Amandine (et du même coup, m’avancer pour les lectures de l’année scolaire qui s’annonce…). Au programme : la finesse et la puissance de Fille noire, fille blanche de Joyce Carol Oates, le tourisme européen de Ceux qui marchent dans les villes de Jean-François Dauven, la comédie philosophico-psychanalytique de La méthode Schopenhauer de Irvin D. Yalom et le dernier Siri Hustvedt, Un été sans les hommes. Si d’ordinaire Amandine et moi sommes sur la même longueur d’ondes, pour le coup, nous ne partageons pas le même avis. Beaucoup d’ennui devant le bavardage névrotique de l’héroïne et peu de place pour l’émotion, ensevelie sous les citations et les petits dessins.

Pour le reste, trois titres, trois livres de genre.

Un polar de saison : Été de Mons KALLENTOFT, deuxième volume des enquêtes de Malin Fors, confrontée ici à une série de crimes sexuels sordides alors que la canicule et les incendies de forêt font peser une chape de plomb sur la Suède. Les personnages sont attachants (c’est l’effet série des livres avec des héros récurrents) et l’intrigue mieux condensée que dans Hiver (le premier volume). Pas une révolution mais du très bon polar.

Un roman de SF : Spin, de Robert Charles WILSON. Je ne suis habituellement pas un lecteur de SF mais je cherchais un titre à pouvoir proposer aux élèves. Et même si, honnêtement, cette lecture ne m’a pas transformé en addict du genre, le côté très humain de ce roman m’a beaucoup plu. Pas d’extra-terrestres, de soucoupes volantes (ok, mais vision de la SF est un peu limitée…) mais des hommes face à une situation inconnue et pour le moins flippante : la terre se retrouve, du jour au lendemain, entourée par une barrière invisible et perméable qui l’isole du reste de l’univers : le Spin. À l’extérieur de cette membrane, le temps s’écoule à une vitesse plus rapide que celle de la terre, accélérant ainsi l’évolution du Soleil qui pourrait finir par embraser notre planète. Pas d’explication à ces phénomènes si ce n’est l’intervention d’une puissance qui nous dépasse et dont les intentions nous sont inconnues. Au centre du roman, trois personnages, trois adolescents qui vont grandir avec le Spin et tenter, chacun à leur manière, de lui donner du sens.

Un roman noir : American Death Trip, de James ELLROY. Deuxième volume de la triologie Underworld USA (dont j’ai déjà parlé ici). Le style sec et percutant d’ELLROY se décline ici sur plus de 900 pages qui vont de la mort de JFK à celle de son frère Bobby. Dans ce mélange de fiction et de réalité historique, on retrouve les principaux personnages d’American Tabloïd qui, de Las Vegas au Vietnam, tissent des liens entre le monde du crime organisé et celui des autorités américaines. Violence extrême, cruauté, personnages en perte de repères dans un monde qui n’est que jeu de pouvoir et trahison : le roman noir a rarement aussi bien porté son nom. Cœurs sensibles s’abstenir : les assassinats et les morts s’entassent au fil des pages (et personne ne meurt le sourire aux lèvres pendant son sommeil…). Mais même sur la longueur, la puissance de l’écriture d’ELLROY tient en haleine et nous plonge dans un voyage au plus profond de ce que l’auteur semble considérer comme la racine du mal qui gangrène les USA.

Bonne rentrée à toutes et tous !

Références :

American Death Trip, James ELLROY, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Paul Gratias, Rivages/Noir, 2003 (Niveau 4)

Été, Mons KALLENTOFT, traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss, Le Serpent à Plumes, 2010 (Niveau 2)

Spin, Robert Charles WILSON, traduit de l’anglais (États-Unis) par Gilles Goullet, Folio SF, 2010 (Niveau 2)

25 août 2011

BEST OF VACANCES : partie 1

Non, non, non, les vacances ne sont pas encore finies ! Mais force est de constater que la rentrée approche à grands pas. Heureusement, nous avons encore dans les yeux la mer (à 15°) bretonne, le soleil (presque) toujours présent, et surtout les pages des livres qui nous ont (parfois) enchantés !

Comme 67% d'entre vous (voir sondage) j'ai d'abord profité des vacances pour vider ma PAL et lire notamment tous les excellents ouvrages conseillés par mon ami et fidèle acolyte Xavier, alias Consonne, et que je n'avais pas eu le temps de lire pendant l'année. Ainsi, j'ai lu avec délectation Indignation de Philip ROTH, Invisible de Paul AUSTER, Le goût des pépins de pomme de Katharina HAGENA, Allmen et les libellules de Martin SUTER ou encore La femme comestible de Margareth ATWOOD. Et je profite donc de l'occasion pour vous inviter à (re)lire ces différentes critiques. 
J'ai lu aussi quelques classiques : L'oeuvre de Zola (dont Xavier avait également parlé il y a quelques temps) ou encore Léviathan de Paul AUSTER, dans lequel apparaît le personnage de Marie, double de Sophie CALLE (ce qui a engendré, du coup, la relecture de l'extraordinaire Doubles-Jeux de Sophie CALLE). 
Et puis un petit polar, bien-sûr, parce que rien de meilleur qu'une intrigue policière sous le soleil des vacances. J'ai pris une valeur sûre : un roman d'Elisabeth GEORGE qui met en scène son fameux duo de Scotland Yard, le très noble Linley et la très populaire Barbara Havers.
Mais j'en ai profité également pour faire quelques découvertes. 
Commençons par les petites déceptions : Les eaux amères de notre Armel JOB national, un récit sur la jalousie, m'ont paru malheureusement fort fades et le dernier Maggie O'FARRELL, Cette main qui a pris le mienne, roman pourtant émouvant et assez haletant, qui comportait tant de similitudes avec l'excellent La disparition d'Esme Lennox qu'il n'a pas réussi à totalement me convaincre.
Et puisqu'il est de bon ton de garder le meilleur pour la fin... voici les heureuses, que dis-je, les merveilleuses découvertes de l'été (et estampillées Chouchou !) :
Tout d'abord le magnifique Rosa Candida de Audur Ava OLAFSDOTTIR. Un récit d'une très grande fraîcheur sur la découverte par un tout jeune homme de la paternité et de l'immense amour/chamboulement/émerveillement que peut déclencher l'arrivée d'un nouveau né. Interviennent également le souvenir d'une mère adorée, morte tragiquement, et qui donna à son fils l'amour des fleurs et de la nature et la tentative de redonner sa splendeur d'antan à la roseraie d'un monastère au fin fond d'une ville inconnue. C'est beau, c'est touchant, c'est poétique. Mais l'écriture n'en est pas moins dynamique et le tout particulièrement vivifiant.
Citons aussi  les Prodigieuses créatures de Tracy CHEVALIER. N'ayant pas été particulièrement enthousiasmée par La jeune fille à la perle, c'est avec quelques réserves que je pris ce livre en vacances. La surprise n'en fut que meilleure. Je me suis très vite passionnée par l'histoire des ces deux femmes, l'une d'origine bourgeoise et l'autre de basse extraction, que la passion des fossiles va faire se rapprocher. Une histoire sur la condition de la femme, sur la lutte des classes mais aussi sur l'origine du monde (le croirez-vous, j'ai presque envie d'aller voir des fossiles au musée...?). Avec un petit quelque chose à la Jane Austen qui n'est pas pour gâcher le plaisir...
Et enfin, En un monde parfait de Laura KASISHKE, qui commence comme une roman à l'eau de rose (une hôtesse de l'air abandonne son métier pour épouser un beau pilote veuf et éduquer ses trois enfants) et qui très vite tourne en roman d'anticipation (un étrange virus se propage aux Etats-Unis). Malgré une thématique un peu glissante, le roman sonne toujours juste, n'est ni complaisant ni moralisateur, et nous entraîne malgré nous dans un monde à la fois étrange et... frisant la perfection.

Et maintenant... vive la rentrée (littéraire) !




Références :

Armel JOB, Les eaux amères, Robert Laffont, 2011.

Maggie O'FARRELL, Cette main qui a pris la mienne, Traduit de l’anglais (Irlande) par Michèle Valencia, Belfond, 2011.


Audur Ava OLAFSDOTTIR, Rosa Candida, traduit de l'islandais par Catherine Eyjolfsson, Zulma, 2010.
Tracy CHEVALIER, Prodigieuses créatures, Traduit de l’américain par Anouk Neuhoff, La table ronde, 2010 - Folio, 2011.

Laura KASISCHKE, En un monde parfait, traduit de l'anglais (États-Unis) par Éric Chédaille, Christian Bourgeois éditeur, 2010.