2 avril 2011

Triangle silencieux

Les tendres plaintes, Yoko OGAWA

Histoire d’amour, roman d’une reconstruction, récit symboliste : OGAWA surprend à nouveau.

Fuir et chercher refuge dans un lieu de son enfance, quitter la grande ville et son mari infidèle et parfois violent pour le calme d’un chalet dans la forêt. C’est ainsi que Ruriko va faire la rencontre de Nitta, un facteur de clavecin, et de son assistante Koaru. Les deux artisans partagent avec Ruriko, elle-même calligraphe, le goût du calme, des silences concentrés et de la beauté de la musique. Comme elle, ils sont aussi arrivés à ce stade de leur existence après drames et déceptions: Nitta a mis brusquement fin à sa carrière de pianiste tandis que Koaru continue de pleurer la mort brutale de son fiancé. Les trois compagnons trouvent rapidement les bases d’une amitié douce et sincère, entrecoupée de silences. Ruriko se demande cependant si elle pourra un jour retourner vers son ancienne vie, son mari et s’éloigner du charme troublant de Nitta.

Fidèle à son style délicat et sensible, OGAWA met ici en scène un personnage en pleine reconstruction et, sur le thème banal du triangle amoureux, parvient à étonner par la manière subtile et étrange qu’elle a de faire agir ses personnages. Pas de sentimentalisme, pas d’effets faciles. Sous l’apparence de la douceur et de la tendresse croupissent les secrets et les désirs inavoués, les regrets et les jalousies. L’écriture, elle, suit le rythme des saisons, contemplative lorsqu’il s’agit d’écouter les murmures de la nature ou plus mystérieuse quand les personnages tentent d’échanger leurs histoires. Un style reconnaissable qui n’est jamais vain et qui, au fil des romans (comme ici ou ici) et des nouvelles (comme ici) se réinvente à chaque livre.

Les avis du Globe-Lecteur et de Lou.

Référence :
Yoko OGAWA, Les tendres plaintes, traduit du japonais par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani, Actes Sud, 2010

8 commentaires:

  1. J'ai des difficultés avec les auteurs asiatiques. Mais je devrais peut-être insister!

    RépondreSupprimer
  2. @ Françoise: s'il fallait faire de la littérature comparée, c'est certainement Ogawa qui se rapprocherait le plus des symbolistes que tu connais bien. Je te conseille ses nouvelles.

    RépondreSupprimer
  3. Je le note celui-ci. J'ai La formule préférée du professeur dans ma PAL et deux autres de ses titres sur ma LAL.
    Je découvre aussi le recueil de nouvelles, merci!

    RépondreSupprimer
  4. J'ai envie de découvrir cet auteur...

    RépondreSupprimer
  5. Ah, Yoko Ogawa... soupir rêveur... ce billet me fait presque oublier mes "bonnes" résolutions en matière de non-achat de livres.

    RépondreSupprimer
  6. @ Sabio: si tu ne connais pas encore c'est vraiment une grande auteure à découvrir.

    @ Anne: vite, cours, vole!

    @ gustaveetsesamis: non-acheter des livres? Si tu as la recette, je suis preneur.

    RépondreSupprimer
  7. J'ai très envie de lire ce livre. J'avais déjà beaucoup aimé "La formule préférée du professeur", si je ne me trompe pas dans le titre. cette délicatesse , cette écriture qui effleure, suggère m'avait beaucoup séduite.

    RépondreSupprimer
  8. @ Anis: celui-ci ressemble plus à "La formule préférée ...". Il joue moins sur le côté un peu fantastique de ses autres romans, qui sont tout aussi intéressants.

    RépondreSupprimer