Un recueil de nouvelles au doux parfum d'étrangeté.
Comme dans La formule préférée du professeur, OGAWA présente dans ces nouvelles des personnages de générations différentes qui, souvent à travers des notions de voyages ou de déplacements, se rencontrent et se nourrissent de souvenirs et d’instants partagés. Par exemple, dans Voyage à Vienne où une jeune femme renonce à ses visites touristiques pour accompagner une vieille dame au chevet d’un ancien amant à l’article de la mort. Des instants suspendus autour d’une action, d’un micro-événement : le passage d’un camion de poussins colorés, une visite guidée ou un trajet en train.
Les nouvelles d’OGAWA échappent au schéma traditionnel du récit avec un début et une fin. Elle saisit ses personnages dans un moment de leur vie, comme une étape dans un parcours plus vaste. Et derrière l’apparente banalité du quotidien qu’elle décrit apparaissent çà et là d’étranges éléments. Comme cette petite fille muette qui collectionne les mues d’insectes ou cet ancien poète reconverti dans la création de titres de souvenirs. Contrairement à son précédent recueil, Tristes revanches, ces histoires restent cependant bien ancrées dans la réalité. Ici pas de carottes en forme de main ou d’apparition de montagnes de kiwi.
La douceur de l’écriture d’OGAWA, la simplicité et la finesse de son style donnent à ses textes des allures de poèmes et certains, mais en disant cela nous sommes presque dans le cliché, partagent avec le haïku cette faculté de capturer le moment et l’émotion.
Et parfois, cette douceur tend vers l’érotisme, comme dans la nouvelle Le bureau de dactylographie japonaise Butterfly. De minuscules caractères de plomb d’une machine à écrire se transforment en objets passeurs de désir et de sensualité.
(Niveau 2)
J'aime beaucoup cet auteur, même si effectivement ces fins manquantes peuvent parfois étonner le lecteur. Le style de ses livres est toujours très délicat. J'aime !
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