Les Anges de New York, R.J. ELLORY
Au-delà du thriller et du roman noir, le dernier Ellory traduit en français est une réussite.
Frank Parrish se trouve dans une mauvaise passe, tendance crise existentielle. Pointé du doigt par sa hiérarchie pour des erreurs de procédure, cet inspecteur au NYPD est mis à l’épreuve : retrait de salaire, suspension du permis de conduire et obligation de se rendre quotidiennement à un entretien avec la thérapeute de la brigade. L’occasion de se pencher sur son divorce, sa relation conflictuelle avec sa fille et, surtout, de se confronter à la mémoire de son père, John Parrish. Héros de la chasse aux gangs dans les années quatre-vingt, de ceux qui ont contribué à nettoyer New York, une légende de la police mais en vérité, selon son fils, le pire des ripoux. Son métier de flic est donc tout ce qui reste à Frank Parrish. Chercher inlassablement, parfois au mépris des règles, à mettre un peu d’ordre dans le chaos du monde contemporain. L’enquête qu’il mène sur le meurtre d’une adolescente vient lever le voile sur un monde d’une violence implacable qui n’a que faire de l’innocence de ses victimes. Mais qui, au final, se soucie encore de l’innocence ?
Neuvième roman d’Ellory (le quatrième traduit en français), ces Anges de New York font le pont entre les précédents livres de l’auteur. L’innocence perdue, l’obsession pour la vérité, la corruption, la face cachée de l’Amérique : ce sont là tous les éléments qui entrainent le lecteur au fil des pages, dans une intrigue tendue, maîtrisée à la perfection. Mais ce n’est pas juste un roman noir de plus. Les héros de l'auteur existent dans une complexité qui dépasse les contraintes du genre. Un flic alcoolo, dépressif mais pas un cliché comme on peut en croiser souvent dans ce genre de littérature. Les personnages d’Ellory sont des êtres de failles, en lutte contre eux-mêmes (l’ennemi intérieur est l’un des thèmes de prédilection de l’auteur) qui cherchent, comme chez Scorsese, le chemin de la rédemption. Et vers la fin du roman, l’auteur parvient même à prendre son lecteur à revers en passant soudainement dans en registre différent pour contourner complètement les chemins trop balisés du thriller.
Il est souvent question d’ombre et de lumière dans ce roman. Pas seulement le bien et le mal. Plutôt la part d’ombre inhérente à chaque lumière. Et c’est ce qui amène le livre dans des contrées bien plus vastes que celle de la littérature de genre. La chasse au crime organisé menée par la police n’est qu’illusion. Si Parrish passe tout son temps à combattre le chaos, sa vie privée est un désastre. Et plus profondément, il semble que derrière sa quête pour la justice se cache un attrait pour tout ce que l’humain possède de plus noir…
Nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensons d’Ellory. Après la toute petite déception des Anonymes, Les Anges de New York nous replongent dans tout ce qui fait de lui l’un de nos auteurs préférés.
Référence :
Au-delà du thriller et du roman noir, le dernier Ellory traduit en français est une réussite.
Frank Parrish se trouve dans une mauvaise passe, tendance crise existentielle. Pointé du doigt par sa hiérarchie pour des erreurs de procédure, cet inspecteur au NYPD est mis à l’épreuve : retrait de salaire, suspension du permis de conduire et obligation de se rendre quotidiennement à un entretien avec la thérapeute de la brigade. L’occasion de se pencher sur son divorce, sa relation conflictuelle avec sa fille et, surtout, de se confronter à la mémoire de son père, John Parrish. Héros de la chasse aux gangs dans les années quatre-vingt, de ceux qui ont contribué à nettoyer New York, une légende de la police mais en vérité, selon son fils, le pire des ripoux. Son métier de flic est donc tout ce qui reste à Frank Parrish. Chercher inlassablement, parfois au mépris des règles, à mettre un peu d’ordre dans le chaos du monde contemporain. L’enquête qu’il mène sur le meurtre d’une adolescente vient lever le voile sur un monde d’une violence implacable qui n’a que faire de l’innocence de ses victimes. Mais qui, au final, se soucie encore de l’innocence ?
Neuvième roman d’Ellory (le quatrième traduit en français), ces Anges de New York font le pont entre les précédents livres de l’auteur. L’innocence perdue, l’obsession pour la vérité, la corruption, la face cachée de l’Amérique : ce sont là tous les éléments qui entrainent le lecteur au fil des pages, dans une intrigue tendue, maîtrisée à la perfection. Mais ce n’est pas juste un roman noir de plus. Les héros de l'auteur existent dans une complexité qui dépasse les contraintes du genre. Un flic alcoolo, dépressif mais pas un cliché comme on peut en croiser souvent dans ce genre de littérature. Les personnages d’Ellory sont des êtres de failles, en lutte contre eux-mêmes (l’ennemi intérieur est l’un des thèmes de prédilection de l’auteur) qui cherchent, comme chez Scorsese, le chemin de la rédemption. Et vers la fin du roman, l’auteur parvient même à prendre son lecteur à revers en passant soudainement dans en registre différent pour contourner complètement les chemins trop balisés du thriller.
Il est souvent question d’ombre et de lumière dans ce roman. Pas seulement le bien et le mal. Plutôt la part d’ombre inhérente à chaque lumière. Et c’est ce qui amène le livre dans des contrées bien plus vastes que celle de la littérature de genre. La chasse au crime organisé menée par la police n’est qu’illusion. Si Parrish passe tout son temps à combattre le chaos, sa vie privée est un désastre. Et plus profondément, il semble que derrière sa quête pour la justice se cache un attrait pour tout ce que l’humain possède de plus noir…
Nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensons d’Ellory. Après la toute petite déception des Anonymes, Les Anges de New York nous replongent dans tout ce qui fait de lui l’un de nos auteurs préférés.
Référence :
Les Anges de New York, R.J. ELLORY, traduit de l’anglais par Fabrice Pointeau, Sonatine Éditions, 2012.
J'ai envie de tout lire de ce qui est traduit en français, je passerai donc par les Anonymes et Vendette, même si c'est un peu moins bien que Seul le silenc, déjà lu. Ca ne peut pas être mauvais si c'est une "légère déception".
RépondreSupprimer"Vendetta" est, pour moi, un incroyablement roman. Le plus ellroyen des Ellory.
SupprimerVendetta, veux-je dire !!
RépondreSupprimerPour moi c'est celui là qui a été une "légère déception" mais je reste une grande admiratrice de Ellory et je peux vous assurer que ceux qui ne sont pas encore traduits sont encore mieux que ce que l'on a en France !!
RépondreSupprimerAvis à l'éditeur : vite, vite, des traductions! J'avais vu ta remarque sur la VO. Je lis parfois en anglais, sans trop de difficultés. Mais je ne sais pas pourquoi je résiste pour ceux-ci. La taille?
SupprimerLe prochain que je vais lire est Les anonymes. Celui-ci attendra la parution en poche.
RépondreSupprimerEn y repensant, je trouve "Les anonymes" trouve aussi sa place dans les obsessions de l'auteur. J'avais juste trouvé qu'il était moins surprenant que les autres.
SupprimerIL faut vraiment que je découvre cet auteur, je commencerai par "Seul le silence" sans doute
RépondreSupprimerLe "il faut" a ici tout son sens! Oui, il "faut" lire Ellory : une vrai voix du roman noir contemporain.
SupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerJe viens de le finir, et oui, c'est une petite déception, mais une petite seulement, parce comme vous le dites justement, les thèmes font écho à ce qui est si "à coeur" dans les romans noirs d'Ellory : le mal intérieur et l'illusion de pouvoir le combattre. Vous semblez penser que le changement final de registre est voulu, c'est ce que je me suis dit aussi ....
"Vendetta" reste pour moi le plus fort dans la gamme, même si "Seul le silence" est également poignant (mais là encore avec une fin qui semble "bricolée").
Ceci dit, il faut lire Ellory !
Athalie
Je ne dirai pas que cette fin-ci est "bricolée" mais je remarque un changement de tonalité radicale (j'ai même trouvé que cela passait presque par une scène de comédie).
RépondreSupprimerEt content de lire l'avis de quelqu'un qui a aussi "Vendetta" au sommet de son panthéon ellorien.