Désaccords imparfaits, Jonathan COE
Trois nouvelles et un article : du concentré de Coe mais sans l’ampleur.
Dans son introduction au recueil, Jonathan Coe donne presque l’impression de s’excuser auprès du lecteur pour la publication de ces textes courts, avouant sa préférence pour la complexité des romans (mais il semblerait que Gallimard ne partageaient pas ses scrupules…). Et on ne peut que lui donner raison, même si on retrouve au fil des pages les ingrédients et les thématiques chers à l’auteur : souvenirs d’enfance, histoires d’amour manquées, personnages mélancoliques qui se dérobent à la réalité, ironie douçâtre (comme ici ou ici). De même pour les références au cinéma ou à la musique. Comme dans Version originale où le personnage principal est un compositeur de musiques de film, juré dans un festival consacré au cinéma d’horreur. Il découvre, transposée à l’écran, l’histoire de sa relation avec une réalisatrice, dans un film allemand, sous-titré en français et traduit simultanément à son oreille par une jeune journaliste qu’il tente de conquérir.
Le texte le plus intéressant du recueil est peut-être, pour moi, le moins littéraire. Journal d’une obsession, article rédigé pour les Cahiers du cinéma, raconte comment l’auteur se passionne pour un film de Billy Wilder, La vie privée de Sherlock Holmes. Un long métrage sans grande valeur aux yeux des spécialistes mais qui hante Coe depuis les années septante (ou, pour toi François le Français, soixante-dix). Le texte fait le pont entre l’art et la vie, s’amuse des hasards de l’existence et donne en passant quelques clés de lecture de l’œuvre de l’auteur de La maison du sommeil.
Même avec un goût de trop peu, on est quand même content de retrouver Coe mais on le sera encore davantage quand sortira son prochain roman (pas encore annoncé, même en Angleterre…).
Référence :
Désaccords imparfaits, Jonathan COE, traduit de l’anglais par Josée Kamoun, Gallimard, 2012.
Son dernier livre que j'ai tellement aimé : La vie très privée de Mr Sim est sorti assez récemment en traduction française. Il en aurait donc déjà écrit un autre depuis? J'ai hâte d'en connaître le thème.
RépondreSupprimerComme je le disais à la fin du billet, pas de nouveau roman à l'horizon. Va falloir être patients... Ou bien, pour ceux qui comme moi ont lu tous ses romans, se rabattre sur ses biographies. Il y en a une sur James Stewart qui me fait de l'œil depuis longtemps.
SupprimerJ'ai été agréablement surprise par ces courts textes et effectivement le dernier m'a semblé le plus intéressant aussi. J'attends son prochain mais vu le temps qu'il met entre chaque; on va devoir patienter certainement..
RépondreSupprimerJe suis loin d'être expert en nouvelles, mais j'ai déjà lu mieux, c'est certain.
SupprimerJe suis rassurée de lire que tu n'as pas non plus été plus emballé que ça par ces textes.
RépondreSupprimerJ'avais peur d'être passée à côté de certaines références, raison pour laquelle j'avais terminé mon billet en avançant que ce recueil plairait sans doute aux fans de Coe.
Apparemment, il vaut mieux en rester à ses romans, ce que je compte bien faire :)
Je trouve que le texte le plus référentiel est le dernier où l'on retrouve pas mal de liens avec ses romans. Mais en même temps, il peut se lire sans connaître l'auteur.
SupprimerTiens, on vient juste de me le prêter. Je ne connais pas du tout cet auteur, et d'après ton billet, ce recueil ne constitue visiblement pas la meilleure introduction à son œuvre...
RépondreSupprimerSi tu n'as jamais lu du Coe, je te conseille effectivement de commencer par ses romans. J'ai une préférence pour "Testament à l'anglaise".
SupprimerBonsoir,
RépondreSupprimerC'est vrai que quand on aime cet auteur, on est un peu flustré par ces courtes "nouvelles" que l'on peut effectivement soupçonner d'avoir été quelque peu sollicitées par Gallimard ( comme nous, l'éditeur doit piaffer d'impatience en attendant le prochain "gros" roman de Coe). Cependant, après avoir été déçue de découvrir qu'il n'y avait que "ça", j'ai finalement apprécié les fils tissés entre ces textes, et aussi de retrouver des échos de personnages et thèmes des "gros", surtout dans la dernière "nouvelle" où la quête de la parfaite vérité est assez troublante, et peut faire sens, que ce soit Coe ou pas. Mais là, je suis mauvaise juge, étant une inconditionnelle !
A bientôt
Athalie
C'est aussi le dernier texte qui me reste, au final. Et effectivement, chacun pourra s'y retrouver, d'une manière ou d'une autre.
SupprimerJe suis d'accord avec vous : le texte que j'ai préféré est aussi celui sur "La vie privée de SH". J'aime beaucoup Coe (sauf "La pluie...") mais avec ce recueil, je suis quand même un peu resté sur ma faim.
RépondreSupprimerJ'ai du coup très envie de voir ce film. Vous le connaissez?
Supprimerlu et apprécié - tout d'abord l'article sur sa sherlockmania, mais aussi sur les 3 nouvelles, teintées d'amertume ou d'humour noir
RépondreSupprimerje pense qu'elles passent mieux en V.O.
Je viens de me procurer le film de Wilder : suis curieux de voir l'origine de l'obsession.
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