L’insoutenable légèreté de l’être, Milan KUNDERA
Kundera appartient à ces auteurs que je lisais avec passion (et avec souvent peu de discernement) quand j’étais plus jeune et que j’ai abandonnés en cours de route. Aidé, en ce qui concerne Kundera, par ses derniers romans, écrits en français, selon moi bien en-dessous de ceux écrits dans sa langue maternelle.
Nous avions décidé, sur les conseils d’une collègue bien inspirée, de commencer l’année de nos sixièmes (terminales) avec ce désormais classique de la littérature moderne : L’insoutenable légèreté de l’être.
De ma première lecture lorsque j’avais dix-sept ans, je n’avais retenu qu’une histoire d’amour tortueuse et des personnages égarés. Les efforts de Tomas et Tereza pour maintenir au sein de leur couple l’équilibre entre le libertinage de l’un et le besoin de protection de l’autre. Les voyages de Sabina, la femme au chapeau melon, en quête de toujours plus de liberté. L’idéalisme romantique de Franz, l’intellectuel. Des personnages illustrant les réflexions philosophiques qui traversent tout le livre et qui interrogent sur les conséquences de nos actes, sur l’individualisme et, bien sûr, le kitsch.
J’avais oublié combien le contexte du Printemps de Prague et de l’occupation soviétique hantait le roman : la surveillance constante des citoyens, la censure, l’implacable puissance de la Grande marche. Et, étrangement, je n’avais aucun souvenir de la construction du roman, le mélange entre roman et essai, la présence constante du narrateur, les aller-retours dans le temps.
Aucune déception à la relecture : ce roman tient en haleine, amène sans cesse son lecteur à s’interroger et, alors qu’il date de 1984, est toujours en phase avec le monde d’aujourd’hui. Sur le kitsch, par exemple. Kundera avait raison d’écrire que le kitsch triompherait de tout. Entre l’affaire DSK, la pipolisation virale et le triomphe du politiquement correct : que du kitsch.
Et vous ? Un souvenir de votre lecture ?
Référence :
L’insoutenable légèreté de l’être, Milan KUNDERA, traduit du tchèque par François Kérel, Gallimard, Folio, 1989
Je l'ai aimé, ce livre et même beaucoup, ça je m'en souviens bien mais je suis incapable de me souvenir de l'histoire. Pour en parler vraiment il faudrait que je le relise! A quoi tient la mémoire? Rrrr!
RépondreSupprimerJe l'ai lu à 17 ans, comme toi. Une révélation, depuis je suis ce qu'il écrit, j'avais même envie d'aller à Rennes suivre ses cours ...
RépondreSupprimerJe me souviens aussi du contexte historique, sans doute parce que "je viens de là". ;)
Ce livre est Mon livre de chevet. Celui que j'aimerai jusqu'au bout.
Et tellement actuel, oui.
Comme Mango, je l'ai lu et ne me souviens pas du tout de l'histoire, mais je sais que j'avais aimé... A relire, donc ! ;-)
RépondreSupprimertoujours intéressant de (re)lire les classiques, encore de belles (re)découvertes en perspective :)
RépondreSupprimerJe sais que je l'ai lu, mais pas de souvenir. Sans doute que j'ai raté pas mal de choses aussi, à l'époque de cette lecture.
RépondreSupprimer@ Mango: si ça peut te rassurer, j'étais étonné en le relisant d'avoir autant de souvenirs; c'est assez rare.
RépondreSupprimer@ leiloona: une fan, une vraie! Même s'ils l'ont trouvé parfois difficile, je pense que les élèves qui l'ont lu en auront retiré pas mal de choses.
@ Kathel: c'est l'un des avantages de mon boulot: relire et redécouvrir. Dans la course à la nouveauté, au dernier auteur à la mode, ces pauses font beaucoup de bien.
@ niki: j'ai une PAL parallèle plein de possibilités de reletures!
@ keisha: je ne peux que te conseiller de le relire: c'est quand même un très très grand roman qui apporte certainement beaucoup à chaque âge et à chaque époque.
La question relève de l'éthique, pas du toc (et mon texte est pathétique): faut-il relire un roman qui vous a marqué il y a 20 ans?
RépondreSupprimer"L'insoutenable légèreté de l'être", un grand moment de réflexion sur l'Amour dans un cadre Historique... Comment ne pas projeter mentalement les photographies du Printemps de Prague de Koudelka et les scènes du "Dernier tango à Paris" à sa lecture?
Et que m'importent son schéma narratif, son déroulement, ses intrigues précises si ce roman m'a apporté tant de réflexion sur une possible notion du bonheur?
@ Mitri: il faut certainement relire les livres qui nous ont marqués, aussi pour mesurer le chemin parcouru. Et tu as raison, c'est un très beau livre sur la possibilité du bonheur.
RépondreSupprimerJe l'ai lu à vingt ans et ai ensuite dévoré plusieurs autres romans de cet auteur. Je me rappelle avoir trouvé ce roman touchant, beau. Vous me donnez drôlement envie de le relire tout bientôt !
RépondreSupprimer@ Anne-So: je ne peux que te conseiller de le relire mais aussi de le travailler avec les élèves. Ils ont eu parfois du mal mais, au final, ils ont vraiment retiré pas mal de choses de ce roman et j'ai souvent été étonné par la pertinence de leurs observations (et même écho chez Amandine).
RépondreSupprimerAïe... jamais lu Kundera !
RépondreSupprimerEt pour ce qui est des relectures, il y en a que je devrais faire (entre autres pour pouvoir échanger avec ma fille de 16 ans, qui me demande des conseils, les suit, aime... mais comme je n'ai, souvent, de souvenir du livre que le fait qu'il m'avait plu, ça ne va pas plus loin).
@ Brize: tu l'auras compris, je ne peux que te conseiller de te jeter sur celui-ci, entre les lectures mère-fille...
RépondreSupprimerIl est sorti l'année de mes 20 ans. C'est un des romans qui m'a marquée. Avec "L'amant" de M.Duras. Je me souviens de ces lectures car elles sortaient du cadre de mes habitudes et ont compté. Je vais y repenser sereinement.
RépondreSupprimer@ argali: Duras est l'un des auteurs que je l'ai plus envie de relire (aidé par tous les articles récents sur son entrée dans la Pléiade). Je te laisse cogiter sur Kundera.
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