Autobiographie d’un apprenti poète canadien dans le Paris de l’entre-deux guerres ou le triomphe de la jeunesse.
Sur les bons conseils de mon dealer Vincent, je me suis laissé tenter par ces mémoires d’une époque qui me plait énormément : l’entre-deux guerres. Période où Paris était la capitale mythique des arts et des artistes, qui s’y retrouvaient dans quelques bars interlopes pour y deviser modernité. C’est en tout cas ce Paris-là que John GLASSCO, Canadien de 18 ans, est parti découvrir pendant trois années, laissant derrière lui un père qui ne voyait pas d’un très bon œil les aspirations littéraires de son fils. Car John se pique de poésie et pense que Paris fera de lui un grand poète surréaliste. Abandonnant rapidement son projet initial, il se lance par intermittence dans la chronique de sa découverte de la vie parisienne. Il terminera son récit deux ans plus tard, sur un lit d’hôpital à Montréal, dans l’attente d’une opération qui pourrait lui coûter la vie, ce qui donne à l’écriture un sentiment d’urgence et d’incroyable vitalité.
Lorsqu’il débarque à Paris, avec son ami Graeme Taylor, la petite rente que lui verse son père leur permet de vivre comme des rois tant le taux de change s’avère avantageux. Mais lorsque la rente diminue et que la crise économique fait chuter le cours du dollar, c’est le début d’une vie de bohême, à la recherche d’un toit et d’un travail. Qu’à cela ne tienne, John sait rebondir : il tape des manuscrits, se fait secrétaire particulier d’une fausse princesse, gigolo et pose même pour de photos pornographiques.
GLASSCO prend le pouls de la ville et offre à travers ce récit autobiographique une ode à l’innocence et à la jeunesse qui vit sans connaître la peur du lendemain. Une vie d’excès en tous genres et en tous sens, sans contrariétés : boire, manger et faire l’amour, ad libitum. Le milieu que fréquente GLASSCO aborde la sexualité avec une candeur et une légèreté qui, rétrospectivement, fascine et remet un peu en question notre prétendue « libération sexuelle ». Dans ce manège incessant de soirées et de rencontres fortuites, GLASSCO croise la crème des artistes et des personnalités de l’époque : Tristan Tzara, Robert Desnos, Marcel Duchamp ou encore l’extravagante Kiki de Montparnasse. Pour peu que vous ayez de l’intérêt pour ces années de grande fécondité artistique, vous ne pourrez que savourer les portraits que le jeune auteur dresse, souvent de manière espiègle, de James Joyce, Gertrude Stein, André Breton, Ernest Hemingway, Man Ray … Tout ce petit monde, des expatriés pour la plupart, discute littérature, poésie, art, philosophie et anime la Rive Gauche. Il faut donc connaître un minimum ces artistes afin d’apprécier au mieux le récit. (La présente édition propose, à la fin du livre, un « Index des personnes » très bien conçu).
Ce qui prédomine au final, c’est l’énergie et l’innocence amusée de ce jeune homme face à cet univers festif et intellectuel. Et si ces confessions évitent soigneusement toute nostalgie, il n’en va pas de même pour le lecteur qui ne peut que regretter de n’être pas né plus tôt.
McAlmon, Glassco, Taylor, Nice 1929 |
Un extrait à lire sur le site de l'éditeur: ici.
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