Roman doux-acide sur un groupe de jeunes adultes idéalistes en Angleterre à la fin des années 1970: so british !
Kelly O’Kelly, à la fin de sa scolarité, obtient une bourse pour rejoindre une école d’art de Brighton. Douée mais fragile, Kelly se remet difficilement de son début d’histoire d’amour avortée avec Miles Harrier, un jeune homme de bonne famille qui, à l’aube de sa vie d’adulte, voit son cœur balancer entre Stella et Lucinda, deux amies d’enfance. L’une est mannequin, beauté naturelle, entêtante mais réservée ; l’autre, charmante et cultivée, démarre une carrière dans le monde de la pub. Dans l’Angleterre de la fin des années 1970, l’avenir semble sourire à ces jeunes gens qui pourtant peinent à trouver le bonheur. Jouets d’un destin cruel et ironique qui les manipule comme des pions sur un jeu d’échec, ils devront faire face aux coups du sort pour tenter de concilier leurs idéaux incertains avec la, parfois dure, réalité de la vie.
J’avais découvert Michael BRACEWELL il y a deux ans de cela à travers son roman Un éternel jeune homme, sorte d’éducation sentimentale d’un jeune esthète à l’heure du thatchérisme. Drôle et féroce, le livre m’avait surtout impressionné par le peu d’empathie de l’auteur pour ses personnages. Ici, c’est avant tout une ironie délicatement acide qui vient claquer à la figure des protagonistes. Les retournements de situation, ces coups du sort qui viennent frapper les personnages de plein fouet (le ciel leur tombe souvent littéralement sur la tête), sont extrêmement drôles et cruels à la fois. Les pensées des personnages et leur environnement sont décrits avec la minutie d’un auteur naturaliste du 19ème siècle mais toujours avec le petite pointe de distance qui, à la fin d’une phrase, vient saisir le lecteur pour faire tomber les masques. Derrières les préoccupations profondes de ces jeunes aristocrates se cachent des envies et des désirs refoulés, des blessures, des cicatrices. Leur aspiration au bonheur et au conformisme se heurte à une réalité qui les dépasse et nous fait sourire. Humour acide et raffiné : de la toute grande britishitude.
C’est également, à côté de ces marivaudages amoureux, un roman de mœurs et de société qui donne à voir l’aristocratie et la haute bourgeoise anglaise face à un monde en pleine mutation. Londres, ville de plaisirs et de séduction, vibre d’un mouvement perpétuel qui rejette à la marge ceux qui ne peuvent pas, par naissance ou par fortune, y adhérer. Et à la lisière des grandes villes apparaissent de nouvelles cités, modernes et fonctionnelles, garnies de galeries marchandes et d’habitations confortables et uniformes. La scène musicale explose et, après la vague punk, apparaît la new wave et les prémices d’une société de divertissements.
A côté de son regard de sociologue, BRACEWELL est également un grand conteur, capable d’emmener le lecteur très loin dans l’esprit de ses personnages, énervants et attachants, qui tentent vainement de conformer leurs actes à leurs croyances et à leurs espérances. On pense souvent à Jonathan COE, dans la capacité à portraiturer finement une époque et une génération, la tendresse en moins.
PS: petit message à l'éditeur, si d'aventure il passait par ici. La couverture ne rend vraiment pas compte du livre et je dois bien avouer qu'elle m'a même un peu rebuté, voire même un peu gêné quand je lisais dans les transports en commun...
Un livre lu dans le cadre d’un partenariat organisé par Blog-O-Book, que nous remercions une fois encore chaleureusement, avec les éditions Phébus.
Kelly O’Kelly, à la fin de sa scolarité, obtient une bourse pour rejoindre une école d’art de Brighton. Douée mais fragile, Kelly se remet difficilement de son début d’histoire d’amour avortée avec Miles Harrier, un jeune homme de bonne famille qui, à l’aube de sa vie d’adulte, voit son cœur balancer entre Stella et Lucinda, deux amies d’enfance. L’une est mannequin, beauté naturelle, entêtante mais réservée ; l’autre, charmante et cultivée, démarre une carrière dans le monde de la pub. Dans l’Angleterre de la fin des années 1970, l’avenir semble sourire à ces jeunes gens qui pourtant peinent à trouver le bonheur. Jouets d’un destin cruel et ironique qui les manipule comme des pions sur un jeu d’échec, ils devront faire face aux coups du sort pour tenter de concilier leurs idéaux incertains avec la, parfois dure, réalité de la vie.
J’avais découvert Michael BRACEWELL il y a deux ans de cela à travers son roman Un éternel jeune homme, sorte d’éducation sentimentale d’un jeune esthète à l’heure du thatchérisme. Drôle et féroce, le livre m’avait surtout impressionné par le peu d’empathie de l’auteur pour ses personnages. Ici, c’est avant tout une ironie délicatement acide qui vient claquer à la figure des protagonistes. Les retournements de situation, ces coups du sort qui viennent frapper les personnages de plein fouet (le ciel leur tombe souvent littéralement sur la tête), sont extrêmement drôles et cruels à la fois. Les pensées des personnages et leur environnement sont décrits avec la minutie d’un auteur naturaliste du 19ème siècle mais toujours avec le petite pointe de distance qui, à la fin d’une phrase, vient saisir le lecteur pour faire tomber les masques. Derrières les préoccupations profondes de ces jeunes aristocrates se cachent des envies et des désirs refoulés, des blessures, des cicatrices. Leur aspiration au bonheur et au conformisme se heurte à une réalité qui les dépasse et nous fait sourire. Humour acide et raffiné : de la toute grande britishitude.
C’est également, à côté de ces marivaudages amoureux, un roman de mœurs et de société qui donne à voir l’aristocratie et la haute bourgeoise anglaise face à un monde en pleine mutation. Londres, ville de plaisirs et de séduction, vibre d’un mouvement perpétuel qui rejette à la marge ceux qui ne peuvent pas, par naissance ou par fortune, y adhérer. Et à la lisière des grandes villes apparaissent de nouvelles cités, modernes et fonctionnelles, garnies de galeries marchandes et d’habitations confortables et uniformes. La scène musicale explose et, après la vague punk, apparaît la new wave et les prémices d’une société de divertissements.
A côté de son regard de sociologue, BRACEWELL est également un grand conteur, capable d’emmener le lecteur très loin dans l’esprit de ses personnages, énervants et attachants, qui tentent vainement de conformer leurs actes à leurs croyances et à leurs espérances. On pense souvent à Jonathan COE, dans la capacité à portraiturer finement une époque et une génération, la tendresse en moins.
PS: petit message à l'éditeur, si d'aventure il passait par ici. La couverture ne rend vraiment pas compte du livre et je dois bien avouer qu'elle m'a même un peu rebuté, voire même un peu gêné quand je lisais dans les transports en commun...
Un livre lu dans le cadre d’un partenariat organisé par Blog-O-Book, que nous remercions une fois encore chaleureusement, avec les éditions Phébus.
Oh, je le veux !!!!
RépondreSupprimerMerci, moi aussi je le veux... Mais, c'est vrai que la couv fait plutôt "les feux de l'amour" ou, "le retour d'Hélène et les garçons..." Bon, c'est rien j'le lirais sous ma couette..
RépondreSupprimerUne critique très alléchante ! Je ne connais pas du tout cet auteur mais je suis toujours prenante pour les romans "british-attitude" ;-)
RépondreSupprimerMerci !
@ Clara: J'ai lu des tonnes ces derniers temps et pourtant je l'ai dévoré avec plaisir.
RépondreSupprimer@ Mir: c'est vrai que c'est digne d'une collection Harlequin cette couverture. C'est étrange car d'habitude cet éditeur fait plutôt dans le sobre.
@ lewerentz: You're welcome!
L'éditeur prend bonne note de votre remarque sur la couverture ! Chez Buchet/Chastel, une autre marque du Groupe auquel Phébus appartient, nous avons eu aussi quelques retours mitigés sur la couverture de "Corps", de Fabienne Jacob. Un dos nu, très beau, et la sensation dans le métro d'avoir un livre érotique entre les mains... alors que ce n'est pas du tout le cas !
RépondreSupprimerNous essaierons de faire mieux la prochaine fois ! Merci en tout cas pour votre billet, c'est un plaisir d'y passer.
Mr Phébus
@ Mr Phébus: ce sera pour l'édition de poche...
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, je vais détoner un peu car je n'ai pas du tout apprécié le livre.
RépondreSupprimerSi je ne peux qu'être admirative face à la finesse, l'élégance de la plume de l'auteur, l'histoire me laisse en revanche dubitative.
En soi, qu'il n'y ait pas grand chose ou presque pas (hormis un événement majeur), ne me dérange pas. Néanmoins, cela pourrait marcher si on croyait aux personnages, sauf que ça n'a pas été mon cas. J'ai été absolument indifférentes aux tribulations sentimentales. L'univers psychologique est très construit, presque trop. Il en devient lourd, agaçant et finalement m'a rendue étrangère aux personnages.
Peut-être s'agit-il d'un état d'esprit ? Dans tous les cas, j'aime le style de l'auteur, et j'essaierai de lire un autre de ses livres!
@ Blogoculture.com: Je ne suis pas un spécialiste de Bracewell, mais si je m'en tiens à "Un éternel jeune homme" et celui-ci, il me semble qu'il joue beaucoup sur le manque d'empathie du lecteur pour le personnage. C'était encore plus marquant dans "Un éternel jeune homme" où les deux "héros" étaient assez agaçants. Cela ne m'a pas dérangé.
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