Fuck America, Edgar HILSENRATH
Roman loufoque et décapant sur la mémoire d’un juif échappé des ghettos. Bien-pensants s’abstenir.
La famille de Jacob Bronsky a voulu quitter l’Allemagne dès 1938. Sentant le vent tourner et voyant comment le régime nazi s’en prenait aux biens et aux personnes de la communauté juive, ils ont demandé l’asile aux Etats-Unis, demande refusée avec désinvolture et cynisme.
La guerre est passée et le fils, Jacob Bronsky, vit désormais à New York. Nous sommes dans les années 50 et pour Jacob ce n’est pas l’american way of life. Nourriture subtilement dérobée à ses colocataires, délits mineurs pour quelques dollars, vêtements élimés, petits boulots minables qui lui assurent juste de quoi survivre et, de temps en temps, s’offrir un cinéma, un verre ou les services tarifés d’une professionnelle soulageant pour un instant son immense appétit sexuel. Car avec les femmes, cela ne marche pas trop non plus. Impossible de participer les poches vides à ce nouveau parcours du Tendre mis en place par la bonne société : une série de date, cadeaux, sorties dispendieuses pour pouvoir, peut-être, atteindre un jour la petite culotte de la demoiselle convoitée. Bref, la misère sur toute la ligne. Une seule chose compte cependant, l’écriture du roman qui, Jacob n’en doute pas, le rendra riche et célèbre, roman au titre implacable : Le branleur ! Mais là aussi, problème : Jacob tient à écrire dans sa langue, l’allemand (il se voit parfois comme un nouveau KAFKA), et qui voudrait publier aux Etats-Unis les états d’âme d’un petit juif inconnu qui écrit dans la langue de l’ennemi ?
Au fil des rencontres et des conversations minimalistes et loufoques, Bronsky nous fait découvrir l’univers désoeuvré des émigrants et des laissés-pour-compte de l’Amérique radieuse de l’après-guerre. Là où on pourrait tomber dans le glauque et la tristesse, l’absurdité des situations, l’humour à la fois cynique et burlesque de HILSENRATH nous emmène dans les errances et les rêveries de Jacob. Des rêves éveillés où, peu à peu, nous apprendrons peut-être comment il a échappé à l’extermination dans les ghettos juifs et, à l’ombre des six millions de disparus, a tenté de survivre pour lancer au monde son cri de guerre : Fuck America !
Le rire désespéré, une langue qui tranche dans le vif et de quoi faire parfois rougir les plus prudes : on pense souvent à BUKOWSKI. Bronsky, superbe loser, se débat dans un monde qui n’a pas voulu de lui et, dans la recherche de la mémoire collective, tente de garder la tête hors de l’eau.
Un roman qui surprend, surtout quand l’humour cru fait place à l’émotion, donnant au livre une tonalité très originale, pas du tout politiquement correcte.
Roman loufoque et décapant sur la mémoire d’un juif échappé des ghettos. Bien-pensants s’abstenir.
La famille de Jacob Bronsky a voulu quitter l’Allemagne dès 1938. Sentant le vent tourner et voyant comment le régime nazi s’en prenait aux biens et aux personnes de la communauté juive, ils ont demandé l’asile aux Etats-Unis, demande refusée avec désinvolture et cynisme.
La guerre est passée et le fils, Jacob Bronsky, vit désormais à New York. Nous sommes dans les années 50 et pour Jacob ce n’est pas l’american way of life. Nourriture subtilement dérobée à ses colocataires, délits mineurs pour quelques dollars, vêtements élimés, petits boulots minables qui lui assurent juste de quoi survivre et, de temps en temps, s’offrir un cinéma, un verre ou les services tarifés d’une professionnelle soulageant pour un instant son immense appétit sexuel. Car avec les femmes, cela ne marche pas trop non plus. Impossible de participer les poches vides à ce nouveau parcours du Tendre mis en place par la bonne société : une série de date, cadeaux, sorties dispendieuses pour pouvoir, peut-être, atteindre un jour la petite culotte de la demoiselle convoitée. Bref, la misère sur toute la ligne. Une seule chose compte cependant, l’écriture du roman qui, Jacob n’en doute pas, le rendra riche et célèbre, roman au titre implacable : Le branleur ! Mais là aussi, problème : Jacob tient à écrire dans sa langue, l’allemand (il se voit parfois comme un nouveau KAFKA), et qui voudrait publier aux Etats-Unis les états d’âme d’un petit juif inconnu qui écrit dans la langue de l’ennemi ?
Au fil des rencontres et des conversations minimalistes et loufoques, Bronsky nous fait découvrir l’univers désoeuvré des émigrants et des laissés-pour-compte de l’Amérique radieuse de l’après-guerre. Là où on pourrait tomber dans le glauque et la tristesse, l’absurdité des situations, l’humour à la fois cynique et burlesque de HILSENRATH nous emmène dans les errances et les rêveries de Jacob. Des rêves éveillés où, peu à peu, nous apprendrons peut-être comment il a échappé à l’extermination dans les ghettos juifs et, à l’ombre des six millions de disparus, a tenté de survivre pour lancer au monde son cri de guerre : Fuck America !
Le rire désespéré, une langue qui tranche dans le vif et de quoi faire parfois rougir les plus prudes : on pense souvent à BUKOWSKI. Bronsky, superbe loser, se débat dans un monde qui n’a pas voulu de lui et, dans la recherche de la mémoire collective, tente de garder la tête hors de l’eau.
Un roman qui surprend, surtout quand l’humour cru fait place à l’émotion, donnant au livre une tonalité très originale, pas du tout politiquement correcte.
Je l'ai eu plus d'une fois en main... J'avais même déjà coché le titre l'année passée en le voyant passer dans le livres hebdo.
RépondreSupprimerJ'attends encore une critique ou deux, et si elles sont tout aussi positives, je cèderai !
Effectivement, il ne faut plus hésiter...
RépondreSupprimerJ'attends en ce qui me concerne la sortie en poche de son autre roman "Le nazi et le barbier", avec impatience.
J'hésite depuis un moment à lire ce livre. Je ne suis pas sûre d'être vraiment réceptive à cet humour. J'attends la sortie en poche et on verra.
RépondreSupprimer@ Reka: c'est un livre difficile à recommander car c'est effectivement assez particulier.
RépondreSupprimer@ Ingannmic: Moi aussi!
@ zarline: Je l'ai lu en édition de poche. Quant à ce genre d'humour, c'est clair que ça ne plait pas à tous. Pour moi, cet humour grinçant permettait d'aborder autrement le thème des survivants.
Ben ... pareil ! Je l'ai eu en main des tas de fois mais pas encore acheté (et un peu oublié ces derniers mois sans doute). Mais je note, je note pour ma prochaine virée en librairie !
RépondreSupprimerComme les copines, merci pour le rappel ; je pense que je préfèrerais Le nazi et le barbier et l'attends à la bibli ou en poche !
RépondreSupprimeren pleine lecture de ce livre... j'adore !
RépondreSupprimerPas sûre que j'aimerais...
RépondreSupprimerComme mes copines blogueuses ci-dessus, je l'ai déjà feuilleté mais j'hésite. Je pense que je tenterai à l'occasion, en bibliothèque.
@ mazel: bonne lecture!
RépondreSupprimer@ Brize: ce n'est pas le genre de livre qui s'impose comme quelque chose qui peut plaire à tous.