Madame Bovary, Gustave FLAUBERT
Passons sur l’histoire, connue de tous. Une jeune épouse s’ennuie dans sa petite vie provinciale. Elle qui, bercée par les illusions romanesques, pensait trouver dans le mariage les grands frissons de l’amour, a vite déchanté en découvrant la banalité du quotidien de l’épouse d’un officier de santé. Alors arrivent les amants, les drames (rappelons quand même que le roman a été jugé pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs » ; facette du roman qui a semble-t-il inspiré certains éditeurs…) et surtout les dettes qui la pousseront à avaler de l’arsenic avant de mourir dans d’atroces souffrances.
Alors qu’elle se rêve en héroïne de roman à l’eau de rose, Emma Bovary est sans cesse ramenée à l’implacable réalité, forcément décevante. Il y a peu de compassion de l’auteur pour son personnage et, à travers le regard biaisé qu’Emma pose sur le monde, c’est à la fois à une critique de l’idéalisation outrancière des romantiques qu’à une description acide de la petite bourgeoisie de province que s’attelle Flaubert. Un monde bien-pensant, sûr de soi, dont les discours sonnent aussi creux que les roucoulements éculés de Rodolphe, le bellâtre dont Emma va s’enticher. Un monde médiocre qui a pour héros Charles Bovary qui, à l’image de sa célèbre casquette, amène la bêtise à un niveau rarement atteint. Rien ne sera épargné à ce pauvre Charles ; il semble concentrer sur sa personne toute la haine que Flaubert éprouve pour son époque. De son apparition dans les premières pages du roman jusqu’à sa mort, Charles passe à côté de tout. Toutes ses entreprises se soldent par des échecs dont il a à peine conscience. Entre lui et Emma, le reste des personnages du roman n’échappent pas au grand travail de sape de l’auteur qu’on pourrait accuser de cynisme si n’apparaissait parfois, l’air de rien, une lueur de beauté et de vérité, que ce soit dans cette paysanne qui se voit accorder la médaille du mérite ou encore Justin, l’assistant d’Homais, amoureux transi au cœur pur.
Madame Bovary est donc le combat de Flaubert. Combat contre les égarements du romantisme, contre la bêtise et la médiocrité. Mais surtout un combat pour le style, pour l’écriture. Chaque phrase est pesée, précise, sculptée dans une cadence étudiée (Gustave y a quand même travaillé durant cinq années) mais sans jamais sentir le travail acharné. On y décrit beaucoup, toujours de manière juste, avec des zooms sur les objets (Flaubert semblait fasciné par ce qu’on appellera plus tard le kitsch) ou sur des détails révélateurs. Un premier pas de géant dans l'écriture moderne.
J’ai lu plusieurs fois Madame Bovary, sans jamais m’en lasser, en y découvrant à chaque fois de nouvelles choses (le monde lui n'a cependant pas beaucoup changé...). Je n’irai pas jusqu’à dire que Madame Bovary c’est moi, je laisserai cela à l’auteur, mais ce roman fait clairement partie des livres qui m’ont appris à aimer la littérature. Et vous ?
Référence :
Passons sur l’histoire, connue de tous. Une jeune épouse s’ennuie dans sa petite vie provinciale. Elle qui, bercée par les illusions romanesques, pensait trouver dans le mariage les grands frissons de l’amour, a vite déchanté en découvrant la banalité du quotidien de l’épouse d’un officier de santé. Alors arrivent les amants, les drames (rappelons quand même que le roman a été jugé pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs » ; facette du roman qui a semble-t-il inspiré certains éditeurs…) et surtout les dettes qui la pousseront à avaler de l’arsenic avant de mourir dans d’atroces souffrances.
Alors qu’elle se rêve en héroïne de roman à l’eau de rose, Emma Bovary est sans cesse ramenée à l’implacable réalité, forcément décevante. Il y a peu de compassion de l’auteur pour son personnage et, à travers le regard biaisé qu’Emma pose sur le monde, c’est à la fois à une critique de l’idéalisation outrancière des romantiques qu’à une description acide de la petite bourgeoisie de province que s’attelle Flaubert. Un monde bien-pensant, sûr de soi, dont les discours sonnent aussi creux que les roucoulements éculés de Rodolphe, le bellâtre dont Emma va s’enticher. Un monde médiocre qui a pour héros Charles Bovary qui, à l’image de sa célèbre casquette, amène la bêtise à un niveau rarement atteint. Rien ne sera épargné à ce pauvre Charles ; il semble concentrer sur sa personne toute la haine que Flaubert éprouve pour son époque. De son apparition dans les premières pages du roman jusqu’à sa mort, Charles passe à côté de tout. Toutes ses entreprises se soldent par des échecs dont il a à peine conscience. Entre lui et Emma, le reste des personnages du roman n’échappent pas au grand travail de sape de l’auteur qu’on pourrait accuser de cynisme si n’apparaissait parfois, l’air de rien, une lueur de beauté et de vérité, que ce soit dans cette paysanne qui se voit accorder la médaille du mérite ou encore Justin, l’assistant d’Homais, amoureux transi au cœur pur.
Madame Bovary est donc le combat de Flaubert. Combat contre les égarements du romantisme, contre la bêtise et la médiocrité. Mais surtout un combat pour le style, pour l’écriture. Chaque phrase est pesée, précise, sculptée dans une cadence étudiée (Gustave y a quand même travaillé durant cinq années) mais sans jamais sentir le travail acharné. On y décrit beaucoup, toujours de manière juste, avec des zooms sur les objets (Flaubert semblait fasciné par ce qu’on appellera plus tard le kitsch) ou sur des détails révélateurs. Un premier pas de géant dans l'écriture moderne.
J’ai lu plusieurs fois Madame Bovary, sans jamais m’en lasser, en y découvrant à chaque fois de nouvelles choses (le monde lui n'a cependant pas beaucoup changé...). Je n’irai pas jusqu’à dire que Madame Bovary c’est moi, je laisserai cela à l’auteur, mais ce roman fait clairement partie des livres qui m’ont appris à aimer la littérature. Et vous ?
Référence :
Madame Bovary, Gustave FLAUBERT, Introduction, notes, sommaire, bibliographie et appendice par Bernard Ajac, GF-Flammarion, 1986.
Ce ne sont évidemment pas les éditions qui manquent… Je propose
celle-ci, qui reprend l’édition de 1873 et dont les notes, références et
appendices sont intéressants (on y trouve le réquisitoire, la
plaidoirie et le jugement du procès de Madame Bovary ainsi que des extraits du Dictionnaire des idées reçues)
Eh ben, elle est carrément chaude la couverture italienne ! (oui, c'était le com' intelligent du soir...)
RépondreSupprimerC'est une manière originale de parler de Flaubert...
SupprimerAh ah je m'apprêtais à laisser le même commentaire que Ys : très hot cette couverture, le genre de scène que la miss vivait à travers ses lectures et ses rêveries.
RépondreSupprimerTout à fait ça! Mais pas certain que l'éditeur s'en soit rendu compte.
SupprimerOh my... quelle couverture! (Je vois que Ys et Cynthia m'ont devancée!) J'ai relu Madame Bovary et j'ai adoré cette écriture. Chaque phrase est magnifique.
RépondreSupprimerChaque phrase, effectivement. Et les parties descriptives sont purement géniales.
SupprimerComme les copines avant...
RépondreSupprimerMais j'ai aussi relu Madame Bovary en tant qu'adulte, donc après le lycée, et pfff quelle écriture!
Oui, c'est une lecture qu'il ne faut pas faire trop tôt, je pense.
SupprimerJ'ai cru que c'était un pastiche façon Harlequin, vu la couverture mais non, même pas ... mamamia , incroyable ! Pour le reste, pareil aussi : relu adulte et aimé !
RépondreSupprimerMême pas Harlequin: Flaubert! ;-)
SupprimerOn avait beau être lundi, j'ai cru que c'était un billet pour "Le mardi, c'est permis", de chez Stephie !
RépondreSupprimerBlague à part, j'ai lu Madame Bovary... mais ne l'ai jamais relu. Et pourtant je devrais, je crois, mais c'est le cas pour d'autres classiques et comme je ne suis pas une lectrice rapide, je n'arrive pas à me décider à consacrer du temps à la relecture, alors qu'il y a toujours un ou deux romans que je ne connais pas qui m'intéressent.
Relire les classiques (ou en découvrir) me permet vraiment de quitter l'actualité des sorties et ça fait du bien.
SupprimerTout le monde s'est déjà biene xprimé sur la couverture italienne O_o C'est je crois le premier grand roman classique 'obligatoire' découvert en 5e (5e belge) (il y a ... un peu plus de trente ans) et aprécié (contrairement à Stedhal auquel je n'ai jamais rien compris et qui m'ennuie profondément) Mais je ne l'ai jamais relu et je rêve de le faire. Merci pour la piqûre de rappel
RépondreSupprimerFlaubert ou le tétanos! ;-)
SupprimerJe ne vais pas faire dans l'original... Voilà une couverture qui me donnerait presque envie de lire Madame Bovary auquel j'ai échappé au collège.
RépondreSupprimerNotre prof de l'époque lui avait préféré Une vie de Maupassant. Et comme tout ce que j'ai retenu de ce roman, c'est les pleurs et les jérémiades de la passive Jeanne, je n'ai jamais eu envie de passer ensuite à tonton Gustave.
Shame on me, I know...
Heureusement que tu ne l'as pas lu au collège!
SupprimerJe ne suis pas un fan de Maupassant (que je trouve un peu ennuyeux) mais Flaubert, quand même!
"bovary" quand j'entends son nom j'ai envie de sortir ma kalachnikov ! c'est certainement l'héroïne de la littérature qui m'horripile le plus - quelle sotte !
RépondreSupprimerUne vraie sotte, c'est juste mais décrite avec beaucoup d'intelligence et de finesse. C'est presque post-moderne, en fait...
SupprimerJ'ai cru que c'était une farce, la couverture ! Je me demande si les éditeurs pensaient vendre plus avec ça.
RépondreSupprimerJ'y ai échappé en secondaire aussi, à la lecture de Flaubert. J'ai prévu de découvrir ce roman en 2012. Mélange d'envie et d'appréhension : je pense que c'est le livre typique vis-à-vis duquel les lecteurs soufflent le froid comme le chaud. Impossible de prévoir si on l'adorera ou le détestera. J'espère en parler en des termes élogieux, comme toi ! :)
Je pense qu'il est difficile de détester Flaubert. Pour le coup, il y a des qualités d'écriture qui, je trouve, s'imposent d'elles-mêmes. Pour en revenir à cette passionnante couverture, tous les commentaires me donnent une furieuse envie de mettre la main dessus! Mais où trouver des livres d'occasion en italien... Un beau défi!
SupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe vénère Flaubert, son style coupé aux cordeaux d'une ironie vacharde, c'est qui a la kalachnitov en main ... Mais pour une Emma plus sotte que nature, on peut aller voir cette autre curiosité Bovary 73, une relecture en roman photo !
http://flaubert.univ-rouen.fr/derives/Bovary73/table.html
Je connaissais le roman photo. Du tout beau!
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