15 mai 2012

Semelles de vent

La Cavale de Billy Micklehurst, Tim WILLOCKS

Une nouvelle et un beau travail d’édition.


Connu surtout pour ses romans (Amandine en a déjà parlé ici), Tim Willocks raconte, à travers la réécriture d’un épisode marquant de son adolescence, sa rencontre avec Billy Micklehurst, un sans-abri en proie à de terribles hallucinations : les morts du Cimetière du Sud lui demandent de les libérer. Face à ces âmes errantes, Billy ne peut opposer que son corps sans âge, où l’alcool et l’indigence extrême ont imprimé leur marque. Hantant les rues de Manchester, il traine derrière lui ses secrets et ses souffrances. Peut-on seulement parler d’amitié entre Billy, cette gargouille d'un peu de chair et d'os, et le jeune homme ? Pour lui, c’est en tous cas une rencontre qui ouvre les yeux sur la vie en marge et sur une autre manière d'envisager le monde.
Dans cette nouvelle d’une vingtaine de pages, Willocks porte un regard d’une incroyable humanité sur cet étrange personnage qui nous renvoie à tous ceux que nous croisons quotidiennement dans nos villes, sans jamais utiliser la carte du bon sentiment. Il redonne une identité à celui qui n’a plus rien mais qui comme le poète voit ce que les autres ne peuvent voir. C’est juste, écrit avec pudeur et beaucoup d’élégance. L’auteur ouvre vers une réflexion plus générale sur le rapport entre la cité et ses marginaux.
Et pour aller plus loin, l’éditeur a eu la bonne idée de joindre au texte un entretien avec l’auteur. Willocks y rappelle que la « folie » est une maladie qui existe de manière constante à toutes les époques et dans toutes les civilisations et qui serait dès lors l’une des composantes de notre caractère humain. Il nourrit sa réflexion des observations tirées de sa pratique de psychiatre mais aussi de ses lectures et discute de sa vision de l’art, de la littérature et des rencontres fortuites qui nous construisent.
Et petit plus : on peut également découvrir le texte dans sa version originale à la fin du livre (ce qui ne manquera pas de plaire à certains).
J’aimerais trouver les mots pour vous conseiller de vous plonger au plus vite dans ce petit bijou d’intelligence et d’émotion. Si tout ce que j’en ai dit ne vous a pas encore convaincu, j’ajoute que la couverture est une belle reproduction d’un merveilleux tableau de Van Gogh et qu’il ne vous en coûtera que 3,10€ !

Un extrait disponible sur le site de l’éditeur.

Edit post-publication : en réalité, plus qu'un extrait, c'est toute la nouvelle qui est disponible sur le site de l'éditeur... 

Edit post-lecture des commentaires : effectivement, l'éditeur a rogné quelques pages et le texte n'est plus disponible intégralement.

Référence :

La Cavale de Billy Micklehurst, Tim WILLOCKS, traduit de l’anglais par Benjamin Legrand, Gallimard, Éditions Allia, 2012.

11 commentaires:

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    1. Moi aussi... d'autant plus que j'ai adoré "La Religion", du même auteur.

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    2. Ouf! Vu le format minuscule du bouquin, j'avais peur qu'il passe complètement inaperçu, d'où toutes mes louanges.

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  2. Euh, la mise en ligne du texte dans son intégralité, c'est un bug de l'éditeur ou simplement de la générosité de sa part ? Étonnant, en tout cas...

    On n'a plus aucune excuse pour ne pas le découvrir.

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    1. Comme je viens de le rajouter plus haut, la mise à disposition intégrale de la nouvelle est terminée. Heureux ceux qui l'ont gardée sur leur ordi... Et pour les autres : 3,10€, ça reste jouable...

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  3. A cette heure, il n'y a que treize pages sur le site de l'éditeur ! ;-) Mais le titre est noté dans ma LAL !

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  4. Bonjour,
    Je note aussi ce titre, je n'ai lu que "La religion" de cet auteur pour l'instant et ce roman fleuve m'avait emporté dans des tourbillons de lecture que je ne suis pas prête d'oublier. Alors, merci pour l'info !
    Athalie

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    1. Comme je le disais, je n'ai pas lu les romans de cet auteur mais ce qu'il dit de la littérature dans son entretien m'a donné très envie de le découvrir rapidement.

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  5. ça y est ! j'ai lu et j'ai adoré, autant la nouvelle que l'entretien. Merci du conseil, je pense que je serais passée à côté sans votre commentaire.

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    1. Vu le format, il est facile de passer à côté en librairie! Content de te l'avoir fait découvrir.

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