1 mai 2012

Auto-fiction pour rire

N’exagérons rien !, David SEDARIS

Anthologie de textes pour (re)découvrir une voix originale de l'Amérique d'aujourd'hui. Humour noir et dérision. Une autre manière de parler de soi.

J’avais déjà dit un mot de Sedaris ici, il y a longtemps. Depuis, j’ai continué à découvrir les productions de l’auteur en VO mais aussi en version audio. Lus par lui-même, ses textes sont encore plus drôles. Comme ces dernières semaines consacrées au théâtre à l’école ont été à la fois épuisantes et obsessionnelles, difficile le soir venu de me plonger dans un roman. C’est pourquoi j’ai ressorti du fond de la PAL cette compilation de textes : formes brèves et légèreté, de quoi garder les yeux ouverts et se détendre entre deux répétitions.
Le point commun à tous les textes de Sedaris, c’est lui-même. Mais là où d’autres en profitent pour tirer les larmes ou se lamenter sur l’un ou l’autre de leurs drames intimes, Sedaris s’amuse de l’absurdité du quotidien et profite de chaque occasion pour montrer les travers de son époque, sans manquer au passage de rire de lui-même. Qu’il soit engagé comme lutin pour les fêtes de Noël chez Macy’s, qu’il tente d’apprendre le français en Normandie ou qu’il s’engage sur les routes américaines à la manière d’un Kerouac, tout est sujet à nous montrer la diversité et l’étonnante créativité névrotique de ses contemporains. Et lorsqu’il parle de ses proches, il se donne rarement le beau rôle (notamment dans ses relations amoureuses). Il parvient aussi à émouvoir en passant par l’humour noir : il dresse l’inventaire des animaux morts de son enfance avant d’aborder, l’air de rien, la disparition de sa mère. Certains textes vont même plus loin dans l’intime, comme lorsqu’il évoque la détestation de soi qu’éprouvent les jeunes homos face aux insultent qui garnissent le langage commun (« tapette », « pédale », …). Mais même là encore, il y a toujours une pirouette qui ramène le tout du côté du rire. Jamais vers le politiquement correct.
Si le caractère excessif et névrosé de son personnage de papier rappelle sans conteste Woody Allen, son sens de la formule et le côté dandy un rien misanthrope font de Sedaris un Oscar Wilde moderne.

Un extrait audio de When You Are Engulfed in Flames, lu par l’auteur à écouter ici.

Référence :

N’exagérons rien !, David SEDARIS, traduit de l’anglais (États-Unis) par Nicolas Richard, Éditions de l’Olivier, 2010.
Existe également en poche, chez Points (2011)

2 commentaires:

  1. un mélange de Woody Allen et d'Oscar Wilde? Hummm, ça me plaît !

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    1. Haaaa! Enfin un commentaire sur ce billet. On parle très peu de Sedaris sur les blogs de lecture et je trouve qu'il y a pourtant là quelque chose d'original, de plutôt malin et, une fois n'est pas coutume, de drôle!

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